L’annonce a été faite par la Commission nationale des investissements, à l’issue de sa seconde réunion tenue récemment sous la présidence du chef du gouvernement.
L’objectif est de mettre en place un système de transport peu polluant dans les centres urbains comme Rabat, Casablanca, Tanger, Agadir et Marrakech.
Par A. Diouf
L a mobilité électrique va très prochainement avoir ses lettres de noblesse au Maroc. Le gouvernement a, en effet, décidé de débloquer, dans les prochaines semaines, un budget de 22,5 milliards de DH sur cinq ans pour développer ce secteur de la transition énergétique visant à baisser les émissions de gaz à effet de serre (GES) du transport dans le pays. Les autorités veulent notamment accélérer le développement des énergies renouvelables et implanter des usines de fabrication locale de véhicules électriques et de batteries. L’annonce a été faite à l’issue de la deuxième réunion de la Commission des investissements, tenue récemment à Rabat sous la présidence du chef du gouvernement. L’objectif est de mettre en place un système de transport peu polluant dans les centres urbains. Sont notamment ciblées la capitale Rabat et les grandes villes comme Casablanca, Tanger, Agadir et Marrakech. La mise en œuvre du programme s’appuiera sur le Plan national de la mobilité électrique. Elle permettra, en principe, de créer 4.548 emplois directs et verts. Selon une source proche du dossier, «le document est en cours de finalisation par l’ONEE, en collaboration avec d'autres plateformes telles que le Partenariat mondial pour l'électricité durable (GSEP)».
Le transport, l’un des secteurs les plus énergivores et les plus polluants au Maroc
En attendant, le gouvernement a confié la mission de suivi à trois ministres. Il s’agit notamment du ministre du Transport et de la Logistique, Mohammed Abdeljalil, du ministre de l’Industrie et du Commerce, Ryad Mezzour, et du ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et de l’Innovation, Abdellatif Miraoui. Ce trio va s’employer à ce que le secteur du transport apporte toute sa contribution à la réalisation de la Contribution nationale déterminée (CDN) du Maroc, où le pays s’engage à faire baisser ses émissions de GES de 45,5% à l’horizon 2030. En effet, le transport est l’un des secteurs les plus énergivores et les plus polluants au Maroc. Il représente 38% de la consommation énergétique nationale et 20% des émissions de GES du Royaume. Autant le dire donc, sa décarbonation est au cœur des préoccupations des pouvoirs publics, notamment du ministère du Transport et de la Logistique, qui a engagé plusieurs chantiers structurants d’atténuation pour asseoir la mobilité durable dans ce secteur durablement. Ces chantiers concernent notamment l’amélioration des performances environnementales des véhicules, le développement de la mobilité électrique, le renouvellement du parc des véhicules du transport professionnel et la mise en place d’un programme de formation en écoconduite. Un système de bonus-malus en gestation Sur le volet développement de la mobilité électrique, le ministère s’active sur plusieurs chantiers, parmi lesquels figurent la mise en place d’un système d’incitation financière (bonus-malus) visant à encourager l’acquisition de véhicules électriques et hybrides; l’élaboration d’un cadre règlementaire permettant l’encouragement de l’utilisation des engins électriques de déplacement personnel (trottinettes, vélos électriques…) sur les voies publiques en toute sécurité; et aussi l’encadrement et l’accompagnement des nouvelles formes de mobilité basées sur l’utilisation des nouvelles technologies et la notion du partage (covoiturage, véhicules partagés…). Le système «bonus-malus» porte notamment sur des incitations financières qui seront appliquées sur le prix des véhicules particuliers neufs en fonction de leur degré d’émission de CO2. L’objectif est d’inciter à l’achat de véhicules hybrides ou électriques, dont respectivement seuls 11.000 et 600 circulent actuellement dans le pays. Le ministère planche aussi sur un projet de «Règlementation CO2», qui consiste à appliquer des normes de performance en matière d'émission de CO2 sur les véhicules particuliers neufs et sur les véhicules utilitaires légers. Dans ce projet, chaque constructeur ou importateur de véhicules doit respecter un seuil moyen d’émission de CO2 de l’ensemble de ses ventes pendant l’année. Ce seuil dépassé, il devra payer un montant pour chaque véhicule vendu et dont le taux d’émission de CO2 est supérieur à la valeur fixée.