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Assurance : bientôt la fin de l’«ancienne» solvabilité

Assurance : bientôt la fin de l’«ancienne» solvabilité

Dès 2026, les assureurs devront appliquer un nouveau cadre prudentiel de solvabilité basée sur les risques (SBR). Ce régime mettra fin aux anciens calculs simplifiés et obligera les compagnies à mesurer leurs marges en tenant compte de l’ensemble des risques qu’elles portent réellement. Explications.

 

Par Y. Seddik

D'ici quelques mois, les compagnies d’assurances ne calculeront plus leur solvabilité comme avant. Elles passeront sous un régime dit Solvabilité basée sur les risques (SBR), un cadre qui force les assureurs à tenir compte de tous les risques qu’ils portent réellement dans leurs comptes : placements, crédit, opérationnel, et non plus seulement le risque de souscription. Le projet, dans les tuyaux depuis 2018, touche à son terme.

La circulaire sera publiée d’ici la fin de l’année, pour application sur les comptes 2025 et une entrée en vigueur complète en 2026, informe la Fédération marocaine des assurances dans sa lettre mensuelle. Il faut dire que la réforme n’est pas imposée à froid : l’ACAPS a multiplié les tests avec les compagnies pour stabiliser le modèle. Trois séries de tests ont déjà été menées sur le volet quantitatif. Les chiffres sont clairs : le ratio de solvabilité, aujourd’hui autour de 3,5, passerait à 2,25 sous SBR.

Une baisse logique, mais qui ne met pas en péril la solidité des assureurs. Sur le volet gouvernance, la circulaire Pilier 2 est prête, en attente d’homologation. Les compagnies l’appliquent déjà dans les faits, ajustant leurs organes de contrôle, leur dispositif de gestion des risques et leur gouvernance interne. Autre élément clé : l’ORSA (Own Risk and Solvency Assessment), qui impose aux compagnies de faire leur propre évaluation de solvabilité en fonction de leur profil de risque.

L’outil est finalisé, partagé avec le marché, et reste en phase d’explication pour une prise en main complète. «Nous continuons à accompagner les compagnies dans la compréhension du modèle avant sa généralisation», expliquait récemment Abderrahim Chaffai, président de l’ACAPS, lors des Nuits de la Finance organisées par Finances News Hebdo. Il reste une étape technique : réussir la transition entre l’ancien et le nouveau cadre, ce que l’ACAPS appelle «l’articulation».

Ce passage sera discuté avec les acteurs du marché pour éviter tout blocage. «Si tout se passe bien, le système SBR sera en place pour 2026 pour les comptes de 2025. Tout est étudié avec l’ensemble des parties prenantes pour que cette réglementation soit dans l’intérêt de ce secteur et qu’elle soit pérenne», insistait-il.

Pourquoi ce virage ?

Aujourd’hui, les assureurs affichent des marges de solvabilité confortables, mais calculées sur une approche simplifiée. Demain, ils devront démontrer qu’ils tiennent compte des chocs de marché, des risques sur leurs investissements, des aléas opérationnels ou des changements de taux.

La réforme vise à rendre ces marges plus représentatives de la réalité. Ce n’est donc pas qu’une affaire de conformité. Les compagnies devront revoir la façon dont elles gèrent leurs portefeuilles d’actifs, leurs politiques de souscription et leurs stratégies de couverture. Certaines devront renforcer leurs fonctions actuarielles et de gestion des risques.

D’autres y voient déjà l’occasion de revoir leur allocation d’actifs, de mieux calibrer leurs produits et de se préparer à un environnement financier plus exigeant. Si tout se déroule comme prévu, le Maroc disposera en 2026 d’un marché de l’assurance fonctionnant sur des bases plus transparentes, comparables à celles des grands marchés internationaux, tout en restant capable d’absorber les risques à venir. 

 

Les trois piliers de la SBR
Pilier 1 : Quantitatif Évalue les actifs, les passifs et le capital requis selon les risques réels (marché, crédit, opérationnel, souscription). Objectif : disposer d’un capital suffisant en fonction du profil de risque, pas d’un capital théorique.
Pilier 2 : Gouvernance et gestion des risques Impose aux compagnies de structurer leur dispositif de contrôle interne, d’identifier et de piloter leurs risques, et de documenter leurs choix stratégiques. Inclut le dispositif ORSA, qui oblige chaque assureur à évaluer sa propre solvabilité.
Pilier 3 : Reporting et transparence Oblige les compagnies à produire des rapports détaillés sur leur solvabilité et leurs risques, à destination de l’ACAPS et du public, dans un format harmonisé, pour renforcer la lisibilité du marché.

 

 

 

 

 

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