Les hypothèses autour desquelles s'articule le projet de Loi de finances (PLF), au titre de l'exercice 2021, sont globalement "optimistes" avec une reprise prévue de la croissance en "V" et une hausse modérée des prix de l'énergie, selon une note d'analyse de la Banque de financement et d'investissement, CDG Capital.
"Le PLF-2021 s'articule autour d'une reprise en « V » aussi bien au niveau national que chez nos partenaires commerciaux, avec un retour de la demande étrangère adressée à notre économie de 12,6%, en glissement annuel, contre un recul historique de -22,4% estimé pour l'année 2020, et ce malgré les incertitudes qui entourent le redressement économique de la Zone Euro compte tenu de la forte propagation de la pandémie et du reconfinement décidé dans plusieurs Etats, particulièrement chez nos principaux partenaires commerciaux, à savoir l'Espagne et la France", relève la même source.
Au niveau national, après la forte contraction du produit intérieur brut (PIB) de -5,8% en 2020, principalement sous l'effet de la pandémie du nouveau coronavirus (covid-19), le rebond attendu en 2021 s'élève à +4,8% avec +11% pour l'agriculture et +3,8% pour les secteurs non agricole, font remarquer les analystes dans cette note. Ce scénario de reprise en "V" est basé sur deux hypothèses principales, en l'occurrence une campagne agricole moyenne avec une production céréalière de 70 millions de quintaux et une reprise de la consommation finale intérieure, représentant le moteur de la croissance nationale, de 3,6% en 2021 après la hausse limitée à 0,7% estimée pour 2020, bien que le marché de l'emploi devrait connaitre une légère détérioration à cause de la crise sanitaire, expliquent-ils, notant que la reprise aussi bien de l'investissement que de la demande est fortement tributaire du plan de relance économique et son succès.
S'agissant des prix des matières premières et énergétiques, l'orientation des prix en 2021 semble globalement favorable, avec une légère hausse des prix du pétrole et du cours de la tonne de gaz butane, bien que ça reste largement en dessous des niveaux enregistrés au cours des années 2017 et 2018, d'après les analystes qui s'attendent à une quasi-stabilité de la parité euro-dollar comparativement à la moyenne enregistrée au cours des dix premiers mois de l'année 2020, soit dans une fourchette de 1,12 à 1,13.
Dans ces conditions, et sur la base d'une croissance nominale du PIB de 5,8%, dont 4,8% de croissance réelle et 1% d’inflation, l'Etat vise à réduire le déficit budgétaire de 1% à 6,5% du PIB en 2021.
En outre, les analystes soulignent que la difficulté dans l'élaboration de la LF réside dans le maintien de l'équilibre entre les charges et les recettes courantes comme stipulé dans le cadre de la Loi organique des finances (LOF) de 2015, qui interdit l'endettement pour financer la partie ordinaire des dépenses, le financement des chantiers sociaux aussi bien l'élargissement de la couverture médicale que la hausse des dépenses en termes de santé et d'éducation, la consolidation du rythme d'accroissement des investissements en vue de relancer l'économie à travers une politique budgétaire contracyclique et la restauration de l'équilibre budgétaire via une réduction graduelle du déficit et de l'endettement publics après les niveaux historiquement hauts estimés pour fin 2020.
Et d'ajouter que ce nouveau PLF s'articule autour de trois axes fondamentaux, à savoir l'accélération de la mise en œuvre du plan de relance de l'économie nationale principalement à travers l'opérationnalisation du "Fonds Mohammed VI pour l'investissement" d'une valeur de 45 milliards de dirhams (MMDH), le soutien de l'investissement public représentant la locomotive au cours de cette période difficile, la réforme de la Caisse Centrale de Garantie (CCG) via sa transformation en société anonyme dénommée "Société nationale de garantie et de financement de l'entreprise".
Il est aussi question du lancement de la première phase de la généralisation de la couverture sociale avec, comme priorité, la généralisation de la couverture médicale sur 2 ans (2021-2022) ainsi que l'amélioration et l'accompagnement des programmes existants, en l'occurrence la 3ème phase de l'Initiative nationale pour le développement humain (INDH) et la poursuite du programme de réduction des disparités territoriales et sociales. Pour ce qui est du troisième axe, il concerne la réforme de la gouvernance du secteur public à travers le redressement des dysfonctionnements structurels des entreprises et établissements publics et l'accompagnement de la dynamique de la réforme de l'Administration.