Credit Bureau et centrales des risques sont des maillons essentiels pour une infrastructure financière moderne.
La réglementation du Credit Bureau va être étendue aux régies, opérateurs télécoms…
Une infrastructure financière moderne et solide contribue sensiblement à l’amélioration du financement des particuliers et des entreprises. Les systèmes de centrales des risques et les bureaux de crédit privés sont essentiels pour la stabilité financière et la maîtrise des risques, par le biais notamment d’une meilleure compréhension des attitudes financières des emprunteurs et leurs capacités de remboursement.
Au niveau de la région MENA, l’une des principales raisons de la frilosité des banques pour l’octroi des crédits a trait au paramètre du risque. En effet, les banques et les établissements de crédit disposent de très peu d’informations sur les entreprises.
«Deux tiers des 23 millions de PME que compte la région ont des difficultés pour accéder au financement, alors qu’elles contribuent à hauteur de 90% à l’activité économique», rappelle Xavier Reille, responsable Maghreb de la Société financière internationale (SFI), lors du séminaire international portant sur l'utilisation des centrales des risques pour les fonctions institutionnelles des Banques centrales, organisé récemment à Rabat.
Cette rencontre internationale, rehaussée par la présence de plusieurs superviseurs issus d’Afrique, d’Europe, d’Amérique latine et d’Asie, était à la fois l’occasion d’échanger sur les meilleures pratiques dans le domaine de l’exploitation des centrales des risques par les Banques centrales et la vitrine pour la mise en exergue des multiples efforts déployés par le Royaume en matière de crédit reporting destiné à l’industrie du crédit.
Soulignons que six régulateurs ont exposé leur savoir-faire en matière d’utilisation des centrales des risques, en rapport avec leurs objectifs fondamentaux (régulation micro et macroprudentielle, contrôle systémique des risques, renforcement de la supervision hors site, etc.).
Les périodes charnières
Lors de son allocution, Abdellatif Jouahri, gouverneur de Bank Al Magrhib, a décrit le cheminement et les multiples pas posés sur le chemin de la modernisation de l’infrastructure financière du Maroc. «En 2009, avec l’appui de la SFI, le Maroc a pu mettre en place le premier Credit Bureau, devenu un outil de décision incontournable pour l’octroi des crédits», rappelle-t-il en substance.
Et d’ajouter : «L’ouverture du marché à la concurrence, avec l’agrément en 2016 d’un deuxième bureau de crédit, a permis l’amélioration des services rendus aux consommateurs et aux établissements de crédit».
Du côté de la SFI, l’on vante le leadership du Maroc en matière d’amélioration de la qualité de l’infrastructure financière.
«Pour ce qui est de l’accès au crédit, le Maroc a obtenu un score de 7/8 dans le Doing Business», assure Reille, qui estime que le Royaume est sur la bonne voie pour décrocher la note maximale de 8/8.
Cela dit, l’ambassadeur du Japon au Maroc, qui se réjouit de la densité de la coopération avec le Royaume et de l’affermissement des relations économiques, comme en témoigne l’installation de 60 sociétés japonaises dans le pays, a mis l’accent sur la corrélation entre le développement économique et la modernisation de l’infrastructure financière. D’où l’engagement et l’aide de son pays pour les réformes nationales en la matière.
D’ailleurs, notons que BAM et le ministère de l’Economie et des Finances se penchent actuellement sur l’évolution de la réglementation du Credit Bureau afin de l’étendre aux autres sociétés pourvoyeuses de données non financières (régies, opérateurs télécoms, etc.). A en croire le gouverneur de BAM, une telle évolution est de nature à faciliter l’accès au crédit pour les personnes non bancarisées. ■
Surfer sur la vague des nouvelles technologies
A l’échelle régionale, la création de richesse et d’emplois passe inéluctablement par les PME. Selon Xavier Reille, celles-ci ne bénéficient que de 8% de l’encours des prêts octroyés par les banques de la région MENA. D’où le caractère crucial des enjeux liés à l’utilisation optimale des centrales des risques (de la part des superviseurs) et le rôle des bureaux de crédit pour un accès au crédit plus aisé. Dans le même d’ordre d’idées, Jouahri reste convaincu que le salut viendra également de l’exploration des nouvelles technologies : «il existe des opportunités inestimables que peuvent offrir les TIC en termes d’échange, de collecte et de stockage de données». Ceci dit, dans ce nouveau contexte, les défis à relever renvoient à la protection des données personnelles et aux périls de la cybercriminalité.
Par M. Diao