Lors de sa première réunion trimestrielle de l’année, Bank Al-Maghrib (BAM) a annoncé une nouvelle baisse de son taux directeur, le ramenant à 2,25%.
Cette décision, la troisième depuis juin dernier, vise à stimuler l’activité économique et l’emploi, dans un contexte où l’inflation, après une forte décélération en 2024 (0,9%), devrait se stabiliser autour de 2% sur les deux prochaines années.
Une économie portée par l’investissement, mais un secteur agricole fragile
La croissance marocaine s’est établie à 3,2% en 2024, avec une dynamique soutenue dans les secteurs non agricoles, notamment grâce aux investissements en infrastructures. En revanche, l’agriculture a reculé de 4,7%, sous l’effet de conditions climatiques défavorables. BAM prévoit néanmoins une reprise progressive avec une croissance de 3,9% en 2025 et 4,2% en 2026, soutenue par une meilleure production agricole et une demande intérieure plus robuste.
Chômage en hausse malgré la création d’emplois dans les services
Le marché du travail reste sous pression, avec un taux de chômage national de 13,3% en 2024. L’emploi agricole a souffert (-137 000 postes), mais les secteurs des services et de l’industrie ont enregistré une reprise, avec 160 000 créations d’emplois dans les services et 46 000 dans l’industrie. BAM reste attentif aux réformes gouvernementales visant à soutenir les TPE et les investissements privés.
Le commerce extérieur progresse, déficit budgétaire en amélioration
Le dynamisme des exportations marocaines, notamment celles du secteur automobile et des phosphates, devrait permettre une meilleure résilience face aux chocs économiques mondiaux. Toutefois, le déficit du compte courant devrait atteindre 2,9% du PIB en 2025 avant de se réduire à 2% en 2026. Les réserves de change poursuivent leur renforcement, estimées à 408 milliards de dirhams en 2026, couvrant plus de cinq mois d’importations.
Une conjoncture mondiale en ralentissement, mais des prix en baisse
La croissance économique mondiale devrait ralentir à 3% en 2025, impactée par les incertitudes géopolitiques et commerciales. En parallèle, les marchés des matières premières montrent des tendances baissières : le prix du pétrole Brent devrait tomber à 69,1 dollars en 2026, et celui du phosphate brut marocain reculer à 182 dollars la tonne. L’inflation mondiale poursuivra sa décrue, atteignant 3,2% en 2025.
Avec cette nouvelle réduction du taux directeur et le lancement d’un programme de refinancement à taux préférentiel pour les TPE, BAM cherche à soutenir la dynamique de croissance et faciliter l’accès au crédit. Cependant, les incertitudes restent nombreuses, notamment sur l’évolution de l’agriculture et les tensions économiques mondiales.