PSA-Kenitra, bien plus qu’une usine

Économie du Maroc - PSA-Kenitra : bien plus qu’une usine

 

Une production à terme de 200.000 véhicules.

La zone franche de Kénitra est redynamisée par l’ouverture de cette nouvelle usine.

Un écosystème d’envergure accompagne le lancement de ce projet.

 

Par Badr Chaou

Économie du Maroc - PSA-Kénitra : bien plus qu’une usine

C’est au cœur de la zone franche de Kénitra, plus exactement à l’Atlantic Free Zone dans la commune rurale de Ameur Seflia, que le groupe PSA a inauguré, devant le Roi Mohammed VI, sa nouvelle usine. Celle-ci s’étend sur une superficie de 900 hectares pour un coût d’investissement global chiffré à près de 3 milliards de dirhams.

Lors de cet évènement marquant pour l’économie du Royaume, Moulay Hafid Elalamy, ministre de l'Industrie, de l'Investissement, du Commerce, et de l'Économie numérique, a rappelé l’enjeu important de ce projet : «Le groupe français PSA a investi 3 milliards de dirhams et prévoit d’investir encore plus dans d’autres projets au Maroc. Avec cette nouvelle usine, PSA vise l’innovation et la création de valeur ajoutée».

Ainsi, quatre ans après le protocole d’accord (19 juin 2015) signé le entre le Royaume et l’industriel français, la nouvelle plateforme prend place au cœur d’un écosystème intégrant un réseau d’une soixantaine de fournisseurs locaux. Elle assurera notamment la fabrication de véhicules Citroën, DS, Peugeot et Opel.

 

PSA-Kénitra - Nouvelle usine : Un projet important pour le Maroc

On peut dire que le lancement de cette usine tombe à point pour le secteur de l’automobile, dont les exportations commençaient à s’essouffler. En effet, considéré comme l’un des secteurs les plus dynamique à l’export ces dernières années, celui-ci a marqué une «pause» en 2019 en affichant une quasi-stagnation à 27,24 milliards de dirhams (+ 0,3%) durant les quatre premiers mois de l’année. De ce fait, la part des exportations du secteur pèse pour 27,1% des exportations totales du pays, contre 28,3% une année plus tôt, d’après les dernières statistiques de l’Office.

L’entrée en production de l’usine PSA contribuera donc à redonner un nouveau souffle au niveau des exportations pour les mois à venir, surtout qu’elle permettra de porter la production du constructeur français à 200.000 véhicules par an dès 2021, un objectif initialement prévu pour 2023.

A bien des égards, le projet PSA est un projet structurant et d’envergure pour le Maroc. Ce nouveau complexe est un grand pari tant pour le Maroc que pour le groupe PSA, en particulier sur le plan de la création d’emplois. D’après les chiffres annoncés par le ministre de l’Industrie, près de 4.000 emplois directs dans le secteur de l’automobile sont attendus grâce à cet investissement.

De même, la mise en place d’un écosystème d’entreprises gravitant autour du constructeur créerait une grande valeur ajoutée pour le secteur (Il s’agit ici de 62 équipementiers dont 27 nouvelles usines installées pour la première fois). Pour PSA, il s’agit d’adresser, depuis la plateforme marocaine, des marchés porteurs tels que la Turquie, le Moyen-Orient et le Maghreb, et surtout l’Afrique subsaharienne.

Des avancées qui viendront appuyer le souhait du Maroc de se positionner en tant que plateforme régionale de production, et d’exportation d’équipements et véhicules automobiles. Le pays aspire à drainer encore plus de sous-traitants pour atteindre un taux d’intégration local de 60% en 2020 et 80% à terme. Au niveau du sourcing local, l’usine PSA s’approvisionnera en pièces fabriquées au Maroc pour atteindre un montant d’un milliard d’euros à horizon 2025.

Moulay Hafid Elalamy n’a pas manqué de rappeler lors du même évènement que «l'usine a été réalisée avec succès et dans les temps. Nous avons le privilège d’assister aujourd’hui même au lancement officiel des travaux de construction de la deuxième phase, qui doublera la capacité de l'usine pour atteindre 200.000 véhicules et moteurs associés. Il est aussi important de rappeler que 27 nouvelles usines de 10 nationalités différentes se sont installées à Kenitra, depuis la signature de la convention».

Le secteur est aujourd’hui le premier exportateur avec des réalisations d’environ 70 milliards de dirhams sur un objectif de 100 milliards de dirhams, que le pays souhaite atteindre avec le lancement de la nouvelle usine PSA. Le Maroc est en tête des producteurs de véhicules en Afrique avec 3 milliards d’euros en sourcing, a rappelé le ministre. Des chiffres qui seront sûrement révisés à la hausse.

 

PSA-Kénitra - Nouvelle usine : Tout un écosystème

Pour revenir au «nouveau-né» du secteur automobile marocain, il est important de rappeler que l’écosystème PSA a permis l’émergence d’un nouveau pôle industriel à fort impact économique.

En effet, la zone franche industrielle de Kénitra a été redynamisée par l’écosystème PSA avec 18 milliards de dirhams d’investissement et la création de 25.300 emplois, dépassant les objectifs initiaux suite au lancement en production de trois autres usines accompagnant le constructeur. Il s’agit notamment d'une usine du groupe chinois Dicastal, spécialiste de la fabrication de jantes en aluminium. Construite sur 24 hectares avec un investissement de près de 4 milliards de dirhams, cette usine après son extension produira 6 millions de jantes par année.

De même pour l’usine AGC-Induver, issue d’un joint-venture entre le Groupe japonais AGC, spécialisée dans le vitrage automobile, et l’opérateur marocain Induver, elle s’étale sur 13 hectares avec 1,5 milliard de dirhams d'investissement. Elle fabrique des pare-brises et des vitrages de dernière génération.

Enfin, l’usine du groupe français Faurecia, spécialisée dans la conception de l’intérieur des véhicules, a été réalisée sur 4 hectares avec un investissement de 300 millions de dirhams. Cette dernière vient compléter celles déjà érigées par Faurecia au Maroc. Ces quatre usines (PSA et ces 3 équipementiers), totalisent, à elles seules, un investissement de 8 milliards de dirhams.

Le vice-président de PSA pour la zone Moyen-Orient et Afrique du Nord, Jean-Christophe Quemard, a souligné que «la vision du Maroc portée par le Roi de développer des écosystèmes économiques performants est dorénavant une réalité pour le groupe PSA par le biais de toutes ses composantes, dont l’axe de la formation professionnelle des ingénieurs qui feront sans aucun doute le futur de l’industrie automobile du Maroc au sein de notre filière».

Et d’ajouter : «Le Maroc est plus que jamais au cœur de la stratégie de croissance de notre groupe, qui est aujourd’hui l’un des plus gros constructeurs automobiles de par le monde».

 

PSA-Kénitra - Nouvelle usine : La logistique au diapason

Par ailleurs, le lancement la semaine passée de l’usine de Peugeot à Kénitra est accompagné par une autre mesure phare en lien avec le volet logistique. Il s’agit de la construction du réseau ferroviaire reliant la zone franche de Kénitra au port de Tanger Med, afin de permettre l’acheminement à l’étranger des véhicules produits par PSA dans les meilleures conditions.  Avec ces installations ferroviaires, l’ONCF permettra à l’usine PSA de transférer au port Tanger Med 100.000 véhicules annuellement, et qui seront portés ultérieurement à 200.000 voitures, soit environ 350 unités en moyenne par jour.  ◆

 


La Peugeot 208 made in Kenitra

Lors de l’inauguration de cette nouvelle usine, le groupe a dévoilé sa toute nouvelle Peugeot 208, premier modèle de véhicule de la chaîne de production qui sera fabriqué. Les premières livraisons sont prévues pour l’automne prochain. Initialement destinée au marché européen Europe, elle sera finalement commercialisée au Maroc également et sur le reste du continent. Ainsi, l’usine de Kénitra s’ajoute à celle de Trnava en Slovaquie, où sera fabriquée également la Peugeot 208.

 

 

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