Développement durable

Tous les articles

Mobilité durable : un virage vers un avenir plus vert

Mobilité durable : un virage vers un avenir plus vert

La première édition du Salon international de la mobilité durable à Casablanca a mis en lumière l’urgence d’une transition vers une mobilité plus propre et durable.

 

Par Désy M.

Le transport est l’un des secteurs les plus énergivores au Maroc, représentant 36% de la consommation énergétique nationale, avec une dépendance aux énergies fossiles de plus de 90%. Il est également responsable de 23% des émissions de gaz à effet de serre, en étant un facteur majeur du réchauffement climatique et de la pollution urbaine. Face à ces enjeux, la première édition du Salon international de la mobilité durable «Green Impact Expo Summit» à Casablanca a mis en lumière l’urgence d’une transition vers une mobilité plus propre. Réunissant des représentants du secteur privé, des collectivités locales et de la société civile, sous l’égide de plusieurs ministères, cet événement a permis de dresser un état des lieux des avancées du Royaume et des défis à relever pour accélérer cette mutation.

«Le Green Impact Expo Summit constitue une plateforme stratégique incontournable pour explorer les innovations dans le domaine de la mobilité. Ses principaux objectifs incluent la mobilisation des décideurs politiques et économiques autour des enjeux de la mobilité durable, l'encouragement de la collaboration scientifique et académique, la promotion des solutions d'affaires et des partenariats commerciaux, l'accélération de l'écosystème entrepreneurial et des programmes d'optimisation, ainsi que le renforcement de l'accès aux ressources de financement», a déclaré Mohamed Hifdi, président de la Fédération du transport et de la logistique de la CGEM, et initiateur dudit événement.

Une transition amorcée, mais des défis persistants

Conscient de la nécessité de décarboner son système de transport, le Maroc investit massivement dans des solutions durables. Ryad Mezzour, ministre de l’Industrie et du Commerce, a rappelé l’ambition du Royaume de devenir un acteur incontournable de la mobilité verte : «le Maroc est en train de s’imposer comme un acteur clé de la mobilité durable. Grâce à nos ressources, à notre capacité de production et à notre vision industrielle, nous avons tout pour devenir un leader mondial de l’offre en mobilité verte».

Du même avis, Leila Benali, ministre de la Transition énergétique et du Développement durable, a affirmé que le Royaume s'oriente vers la mobilité durable en tant qu'alternative efficace à la mobilité conventionnelle, y compris électrique. «Un nouvel écosystème est en train de se mettre en place», a-t-elle déclaré. Des efforts significatifs ont déjà été réalisés. Cent cinquante bornes de recharge électrique ont été installées sur plus de 1.200 kilomètres, tandis que des incitations fiscales, comme l’exonération de la taxe annuelle sur les véhicules électriques et hybrides, encouragent leur adoption. La modernisation du réseau ferroviaire avec la LGV Al Boraq, ainsi que l’extension des tramways et bus électriques à Casablanca et Rabat, illustrent la dynamique en cours.

En parallèle, l’intermodalité se renforce avec le développement de parkings relais et de gares connectées, offrant des alternatives à la voiture individuelle et facilitant les déplacements du quotidien. Malgré ces avancées, des obstacles persistent. L’offre de transport reste insuffisante pour répondre aux besoins croissants des citoyens, en particulier ceux vivant en périphérie des grandes villes. Faute d’infrastructures adaptées, beaucoup se retrouvent contraints d’opter pour des solutions onéreuses ou informelles. L’accessibilité financière des véhicules électriques demeure aussi un frein, tout comme le manque d’aménagements pour les populations vulnérables. La mobilité durable ne se limite pas à une transition technologique. Elle doit aussi répondre aux besoins des citoyens et garantir une accessibilité équitable aux infrastructures de transport. Le Conseil économique, social et environnemental (CESE) a mis en garde contre le risque d’une mobilité à deux vitesses, où les inégalités sociales se creuseraient en l’absence d’une vision plus inclusive.

«La manière dont nous nous déplaçons aujourd'hui façonnera non seulement la qualité de vie des générations futures, mais aussi l’équilibre de nos écosystèmes et notre résilience face aux enjeux climatiques. Les signes d’alerte sont manifestes et nous indiquent qu’il est grand temps d’agir», souligne Younes Benakki, secrétaire général du Conseil économique, social et environnemental. Pour structurer cette transition, le Maroc prépare une Charte nationale de la mobilité durable à l’horizon 2035, ainsi qu’une Stratégie nationale de mobilité urbaine pour 2040.

Ces initiatives visent à inscrire la mobilité dans une logique plus respectueuse de l’environnement et mieux intégrée aux réalités économiques et sociales du pays. Un test grandeur nature se profile avec l’organisation de la Coupe du monde 2030. Le Maroc devra démontrer sa capacité à accueillir cet événement avec des infrastructures modernes, durables et performantes. Ce défi pourrait être l’occasion d’accélérer la transformation du système de transport et de positionner le pays comme un modèle africain de mobilité durable.

 

 

 

Articles qui pourraient vous intéresser

Jeudi 20 Fevrier 2025

Ressources hydriques : régime sec !

Lundi 17 Fevrier 2025

Économie bleue : Dakhla, une success-story non sans défis

Samedi 15 Fevrier 2025

Énergies renouvelables : le Maroc parmi les acteurs les plus compétitifs au monde, selon Benali

Mercredi 12 Fevrier 2025

Financement du développement : un écart de 6 400 milliards USD d’ici 2030

L’Actu en continu

Hors-séries & Spéciaux