Développement durable

Tous les articles

COP30 à Belém : une planète à bout de souffle dans l’attente d’actions concrètes

COP30 à Belém : une planète à bout de souffle dans l’attente d’actions concrètes

À l’heure où la planète étouffe sous les records de chaleur, la conférence de Belém s’impose comme un tournant pour rétablir l’équité climatique et sauver le multilatéralisme environnemental. Objectif utopique ou réalité atteignable ? Détails.

 

Par Désy M.

Dix ans après l’Accord de Paris, le constat est implacable  : les promesses n’ont pas été tenues. Tandis que le thermomètre mondial affiche +1,55 °C au-dessus de l’ère préindustrielle, un record historique selon l’Organisation météorologique mondiale (OMM), les inégalités climatiques se creusent. Et c’est au cœur de l’Amazonie, à Belém au Brésil, que 191 pays tentent à nouveau de réconcilier justice et action climatique, lors de la 30ème Conférence des parties à la conventioncadre des Nations unies sur les changements climatiques (COP30) qui se tient du 10 au 21 novembre 2025. Lors du sommet des Chefs d’Etat en préparation de cette COP, les gouvernements ont assuré que «l’heure est venue de passer des paroles aux actes».

Le but est d’avancer sur de nombreux fronts  : atténuation, financement climat, adaptation, bilan mondial, pertes et préjudices. Des défis de taille qui rencontrent, de surcroît, une montée en flèche du climatoscepticisme orchestré par Donald Trump, conduisant principalement au retrait des USA de l’Accord de Paris. L’absence du Président américain à ces assises a suscité des réactions en chaîne, interrogeant sur la capacité à financer la lutte contre le changement climatique, avec un Washington qui figure parmi les principaux pollueurs aux cotés de la Chine et de l’Inde. Cette absence n’a pas freiné les discussions pour autant. Le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a affirmé que «nous nous trouvons à un moment décisif. Il n’est donc plus question de fixer de nouveaux objectifs, mais bien d’atteindre ceux qui ont déjà été fixés lors des précédentes COPs».

Les chiffres parlent d’euxmêmes : 2024 a été l’année la plus chaude en 175 ans d’observation, avec une chaleur océanique inédite, et 2025 prévoit en être la troisième. En Afrique, les sécheresses prolongées et la recrudescence des tempêtes tropicales menacent la sécurité alimentaire de millions de personnes. Dans les petits États insulaires du Pacifique et des Caraïbes, la montée du niveau des mers fait planer la menace d’une disparition pure et simple de territoires entiers.

«Les pays qui subissent le plus lourd tribut sont ceux qui ont le moins contribué à la crise», a rappelé Inger Andersen, directrice exécutive du Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE). L’Afrique représente moins de 4% des émissions globales, tandis que les petits États insulaires contribuent à moins de 1%. Pourtant, ces régions sont en première ligne face aux pertes et dommages climatiques.

Lors de la COP29 à Bakou en Azerbaïdjan, les pays développés s’étaient engagés à mobiliser 300 milliards de dollars par an d’ici 2035, triplant ainsi l’objectif précédent. Une promesse ambitieuse, mais encore fragile. À Belém, les négociations s’annoncent tendues : comment garantir la pérennité du fonds «Pertes et dommages», adopté lors de la COP28 à Dubaï, et transformer les promesses en réalisations concrètes ? Les experts plaident pour un nouveau contrat de confiance entre Nord et Sud, fondé sur la solidarité et la redevabilité. Car au-delà des montants, c’est la gouvernance même du financement climatique qui est en jeu.

Le Maroc joue sa partition

Face à cette urgence, tous les pays doivent présenter leurs nouvelles ambitions en matière de réduction d’émissions de gaz à effet de serre. Les contributions déterminées au niveau national (CDN) serviront à évaluer les progrès réalisés à date et envisager les émissions susceptibles d’être évitées au vu des programmes de transition énergétique des différents pays.

Le Maroc, pionnier des politiques climatiques africaines, arrive donc à Belém avec une Contribution déterminée au niveau national (CDN 3.0) parmi les plus ambitieuses du continent. Objectif : réduire de 53% les émissions de gaz à effet de serre d’ici 2035, avec une sortie progressive du charbon à l’horizon 2040, sous réserve d’un appui financier international adapté.

«Notre stratégie climatique repose sur l’action et la cohérence», avait affirmé Leila Benali, ministre de la Transition énergétique et du Développement durable, lors de l’événement «Les Nuits de la Finance» organisé par Finances News Hebdo, concernant la feuille de route climatique à l’horizon 2030. Et d’ajouter que «la CDN 3.0 n’est pas un simple document : c’est une trajectoire de développement sobre, résiliente et inclusive».

Le Royaume mise sur 197 projets d’atténuation et d’adaptation. Des fermes solaires géantes de Noor Ouarzazate à la production d’hydrogène vert, en passant par la gestion durable de l’eau et des forêts. Une approche systémique inspirée par la vision royale, plaçant la justice climatique au cœur du développement national et de la coopération SudSud. La COP30 ne sera pas seulement une conférence technique, mais un moment de vérité politique.

Dix ans après Paris, les pays vulnérables, notamment africains, ne demandent plus la charité climatique, mais exigent la justice et entendent façonner les solutions pour un avenir durable, et surtout équitable pour tous. Et cela passe par la reconnaissance des grands émetteurs qui sont appelés à rehausser leurs ambitions. Les conclusions au sortir des discussions à Belém révéleront si les pays développés ont réellement agi au-delà des promesses comme à l’accoutumée.

 

 

 

 

Articles qui pourraient vous intéresser

Samedi 01 Novembre 2025

GNL : un paradoxe nécessaire ?

Lundi 27 Octobre 2025

Casablanca - Settat : la région qui veut conjuguer croissance et durabilité

Dimanche 12 Octobre 2025

Taxe carbone : les PME marocaines rament encore

Samedi 04 Octobre 2025

Hydrogène vert : l’«offre Maroc» sur la bonne voie

L’Actu en continu

Hors-séries & Spéciaux