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Casablanca - Settat : la région qui veut conjuguer croissance et durabilité

Casablanca - Settat : la région qui veut conjuguer croissance et durabilité

Le haut-commissariat au Plan (HCP) a publié son rapport 2025 sur les Objectifs du développement durable (ODD) dans la région Casablanca-Settat. Premier moteur économique du pays, le territoire affiche des progrès solides, mais doit encore réduire ses fractures sociales et environnementales pour atteindre l’horizon 2030.

 

Par Désy M.

Dix ans après l’adoption de l’Agenda 2030 par les Nations Unies, la région de Casablanca-Settat se met au pas des ODD. Choisie en décembre 2021 comme zone pilote avec Tanger-TétouanAl Hoceima, elle sert de plateforme expérimentale de la territorialisation des 17 objectifs de développement durable. De la réduction de la pauvreté (ODD 1) à la mise en place de partenariats pour la réalisation de ces objectifs (ODD 17), le Maroc s’est engagé à en suivre la réalisation et le déploiement sur toute l’étendue de son territoire.

L’une des régions les plus dynamiques du Royaume, Casablanca-Settat, concentre tout. Avec plus de 20% de la population, près du tiers de sa richesse et une urbanisation parmi les plus rapides du pays, la région est un terrain propice pour évaluer les progrès accomplis vers l’atteinte des cibles fixées. Dans ce rapport, le HCP confirme ce rôle central de la région, tout en soulignant les tensions qui l’accompagnent. Car si la métropole incarne la vitalité économique du pays, elle reste confrontée à de fortes inégalités territoriales et à une pression écologique croissante.

ODD : Entre progrès et vigilance

Avec un produit intérieur brut de 417,8 milliards de dirhams en 2022, Casablanca-Settat demeure la première contributrice à la richesse nationale. Le PIB par habitant y dépasse 54.000 dirhams, soit 50% de plus que la moyenne nationale. Pourtant, la croissance s’essouffle : +0,2% en 2022 contre +7% en 2015. Le chômage atteint 15% des actifs, et grimpe à 40% chez les jeunes de 15 à 24 ans. Le rapport du HCP le rappelle avec insistance  : «la région ne peut plus se contenter de produire davantage, elle doit produire mieux, dans une logique d’inclusion et de durabilité».

Sur le plan social, les avancées sont nettes. Le taux de pauvreté monétaire a reculé à 1,6% en 2022, deux fois moins que la moyenne nationale, et la couverture médicale s’est élargie à 67% des habitants grâce à la généralisation de l’assurance maladie obligatoire (AMO) et au régime Tadamon.

Dans les écoles, la préscolarisation des enfants de 4 à 5 ans atteint désormais 83%, et la scolarisation au collège dépasse 85%. Les filles représentent 58% des étudiants universitaires, un signe fort de la progression de l’égalité des chances. Mais la fracture territoriale persiste notamment en milieu rural, où les taux de scolarisation restent nettement inférieurs et les disparités de genre continuent d’alimenter les inégalités.

Sur le front environnemental, Casablanca-Settat amorce un virage stratégique. La région mise sur le dessalement de l’eau de mer, la réutilisation des eaux usées et la production d’énergies renouvelables pour réduire sa vulnérabilité. Sa capacité installée atteint 250 mégawatts, répartis entre solaire, éolien et hydroélectrique. Le Plan climat territorial adopté en 2021 confirme cette orientation vers la neutralité carbone. Mais le chemin reste long. En effet, la pollution de l’air dans la métropole, les 1,7 million de tonnes de déchets produits chaque année et un taux de recyclage qui plafonne à 10% rappellent que la durabilité n’est pas encore au rendez-vous. Malgré ses atouts, la région demeure marquée par de fortes inégalités sociales et spatiales.

L’indice de Gini atteint 42,4%, et le niveau de vie moyen des citadins est plus du double de celui des ruraux. À Casablanca, les quartiers d’affaires et les zones industrielles modernes côtoient encore des poches de précarité urbaine.

Le programme «Villes sans bidonvilles» a déjà permis d’améliorer les conditions de vie de près de 150.000 ménages, mais plusieurs milliers attendent encore un relogement. Sur le plan de la gouvernance, Casablanca-Settat se distingue par une approche plus ouverte et partenariale. Entre 2022 et 2023, le Conseil régional a signé 249 conventions, dont les deux tiers cofinancés par des acteurs publics et privés.

Casablanca Finance City, les universités régionales et les agences onusiennes multiplient les initiatives pour renforcer la coopération, soutenir l’innovation et encourager l’économie verte. Des programmes comme Fonzid pour les zones industrielles durables ou les projets portés par ONU-Femmes en faveur des femmes pêcheuses témoignent de cette dynamique collective. Le HCP conclut que «Casablanca-Settat avance vite, mais doit réduire ses fractures pour transformer sa puissance économique en bien-être collectif».

À l’horizon 2030, la région ambitionne de devenir un modèle marocain de durabilité, capable de conjuguer croissance, inclusion et résilience environnementale. Son expérience servira de modèle pour les autres régions du Royaume, dans la perspective d’une généralisation à l’échelle nationale. L’enjeu n’est plus seulement d’être la locomotive du pays, mais d’en tracer la voie vers un développement durable et partagé. 

 

 

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