Plusieurs obstacles entravent le développement du paiement mobile au Maroc.
Les professionnels restent toutefois optimistes sur son potentiel.
Par Y.S
Si en Afrique ou en Chine le mobile money est à son apogée, en Europe, ce mode de paiement est encore très peu répandu. En France, par exemple, les transactions par mobile représentent un peu moins de 0,1% des paiements effectués par cartes bancaires (10 millions Vs 12 milliards d’euros). C’est ce qu’a indiqué Francis Meston, président de la région IMEA (Inde Moyen-Orient, Afrique) d'Atos, lors du 3ème édition du MPay Forum.
Au Maroc, il n’y a pas eu de «Grand Soir» sur le sujet depuis son lancement. Annoncé en grande pompe il y a quelques mois, le m-paiement se fait bien discret. En mars dernier, HPS a signé les contrats de Switching mobile avec les membres de l’Association professionnelle des établissements de paiement (APEP). Depuis, 150.000 wallets ont pu bénéficier des services de paiement mobile de manière intéropérable. Mais aucun engouement ne s’est fait sentir. Pourquoi ? La culture et l’acceptation restent les principales pierres d’achoppement au développement de cette industrie au Maroc, selon les observateurs.
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L’humain est averse et résilient face au changement. C’est connu. Le seul moyen de parvenir à inculquer une culture «mobile payment» serait d’agir à travers la communication et l’éducation.
D’ailleurs, le wali de Bank Al-Maghrib avait souligné que «ces politiques restent tributaires de la réceptivité des populations, des opérateurs économiques et financiers et des responsables politiques à l’adoption des technologies digitales. C’est un véritable changement de culture qui devrait être opéré». Il avait ajouté qu’«il ne suffit pas que les régulateurs, les banques et les établissements financiers s’y mettent. Mais il faut aussi que la population s’approprie cette nouvelle culture digitale».
L’autre grand défi sera de «convaincre les commerçants à adopter le paiement mobile», a confié, Mohamed Horani, PDG de HPS, lors du Forum. Et surtout ceux de l’informel pour qui il faut préparer un environnement adapté à leurs contraintes.
«On ne doit pas lutter contre l’informel, on doit plutôt l’intégrer», a aussi martelé Horani, ex-président de la CGEM, connaissant bien les problématiques du secteur. Là aussi, il y a du travail à fournir du côté de l’offre (établissements de paiement).
Rappelons que BAM prévoit 6 millions d’utilisateurs pour ce nouveau mode de paiement au bout de la cinquième année, alors que la première année connaîtra 400.000 utilisateurs. Parallèlement, 51.000 commerçants feront partie du réseau d’acceptation à terme (2024), dont 3.400 agents lors de la première année (2019).
Quoi qu’il en soit, les experts présents lors du Forum n'en démordent pas : pour eux, le futur du paiement sera mobile. A suivre. ◆