Lutte contre la sècheresse: les mesures prises par l’Etat sont-elles suffisantes ?

Lutte contre la sècheresse: les mesures prises par l’Etat sont-elles suffisantes ?

Le gouvernement a mobilisé une enveloppe budgétaire de 2,1 milliards de DH.

Les éleveurs ont accueilli les décisions avec réserve.

 

Par C. Jaidani

Le Maroc est sous l’effet d’un cycle de sécheresse très sévère. Il a commencé il y a quelques années et ses effets se font sentir aussi bien sur les récoltes agricoles, qui s’inscrivent dans un trend baissier, que sur les ressources hydriques qui s’amenuisent progressivement. Cette situation a nécessité des mesures urgentes initiées par le Roi Mohammed VI qui a présidé une réunion dédiée. Il s’agit de fixer un programme pour venir en aide aux populations impactées.

Les priorités sont données à la mobilisation de l’eau potable, de l’abreuvage et des ressources hydriques pour répondre aux besoins de l’irrigation. Pour préserver le cheptel, le gouvernement a mobilisé une enveloppe budgétaire de 2,1 milliards de DH.

La feuille de route prévoit la distribution de 7 millions de quintaux d’orge subventionnés au profit des éleveurs de bétails et de 4.000 tonnes d’aliments composés pour les éleveurs de vaches laitières. L’objectif est de faire face à la hausse des prix des aliments de bétail, qui ont atteint des records, et à la rareté des fourrages. Les professionnels du secteur de l’élevage ont accueilli ces décisions avec réserve. «C’est une initiative louable, mais elle reste insuffisante pour faire face aux besoins.

Les éleveurs sont sous pression. De nombreux exploitants ont vendu totalement ou partiellement leurs troupeaux pour entreprendre d’autres activités ou du moins pour réduire leurs charges. Le secteur de l’élevage, en général, et particulièrement la filière laitière, rencontre des difficultés de grande ampleur qui impactent son évolution. Nous avons des problèmes au niveau de la mobilisation de l’eau, soit pour l’abreuvage ou pour l’irrigation afin de produire du fourrage ou de l’aliment de bétail», souligne Abdelaziz Latifi, vice-président de l’Association nationale des producteurs de viandes rouges (ANPVR).

«Avec la faiblesse de la pluviométrie enregistrée ces dernières années, nos parcelles de terre affichent un rendement à l’hectare médiocre, parfois en deçà de ce que nous avons investi. Nous sommes obligés d’acheter ce dont nous avons besoin du marché et à un prix élevé. Du coup, le rendement de notre activité, que ce soit pour le lait ou la viande rouge, n’a cessé de baisser ces dernières années. Le prix de vente du lait départ ferme a augmenté pour atteindre 4,80 DH/l. Mais il reste insuffisant pour couvrir les charges. L’aliment de bétail par exemple culmine actuellement à 5,50 DH/kilo», ajoute-t-il.

Le programme de lutte contre la sécheresse prévoit la vaccination et le traitement de 27 millions de têtes d’ovins et de caprins, de 200.000 têtes de camelins ainsi que le traitement des abeilles contre la maladie de la varroa pour un budget de 300 millions de DH. Il s’agit aussi de la réhabilitation de la petite et moyenne hydraulique pour un budget de 255 millions de DH. Parmi les mesures prises, figure aussi l’abreuvement du cheptel à travers l’aménagement et l’équipement de points d’eau pour un budget de 224 millions de DH. Le programme envisage l’irrigation de compléments pour la pérennisation des vergers nouvellement plantés pour un budget global de 121 millions de DH.

 

Réduction des délais de construction des barrages
Le Maroc dispose actuellement de 149 barrages ayant une capacité de stockage d’eau de 19 milliards de m3. Le gouvernement prévoit de lancer une vingtaine d’ouvrages pour porter le volume à 24 milliards de m3 d’ici 2030, dont plus de 85% sont destinés à l’agriculture. Le plan national de l’eau prévoit, à l’horizon 2030, la modernisation des canaux de distribution et des infrastructures hydrauliques dans les différentes régions du Royaume afin d’assurer une bonne gestion de cette denrée rare. Dans le même sillage, l’exécutif veut accélérer les délais de construction des barrages pour les rendre opérationnels le plus vite possible afin d’améliorer la mobilisation des ressources hydriques.

 

 

 

 

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