Portée par une dynamique soutenue, l’industrie agroalimentaire s’impose comme un secteur stratégique à haute valeur ajoutée. Forte de plus de 2.000 entreprises et génératrice de dizaines de milliers d’emplois, elle combine innovation, exportation et durabilité. Soutenue par l’Etat et des partenaires internationaux tels que la FAO, la filière poursuit sa montée en puissance, avec des ambitions renforcées à l’horizon 2030
La filière agroalimentaire a su faire preuve de résilience au fil des années, jusqu’à s’imposer comme un pilier incontournable de l’économie nationale. Elle joue un rôle central dans la sécurité alimentaire du pays, contribue significativement à l’équilibre de la balance commerciale et participe activement à la dynamique de croissance économique. Avec plus de 206.000 emplois générés, le secteur assure une intégration étroite entre l’amont et l’aval agricole. Il génère chaque année un chiffre d’affaires moyen de 185 milliards de dirhams.
Son écosystème est constitué de plus de 2.000 entreprises, soit 15,4% du tissu industriel national, couvrant divers segments : collecte, transformation, conditionnement, fabrication d’équipements, études et conseil. A l’export, la performance est également notable : le secteur agroalimentaire réalise plus de 44 milliards de dirhams de recettes, représentant environ 13% des exportations nationales. L’émergence de champions nationaux et de grands groupes industriels marque aujourd’hui une nouvelle étape dans l’évolution de la filière. Pour accompagner cette dynamique, l’Etat a déployé plusieurs stratégies et programmes destinés à renforcer les bases du secteur et à améliorer sa compétitivité. Ryad Mezzour, ministre de l’Industrie et du Commerce, n’a pas hésité à qualifier l’agroalimentaire de «secteur le plus robuste de l’industrie nationale».
Confiant dans ses perspectives, il a annoncé récemment à la Chambre des représentants que «le gouvernement prévoit des investissements de 19 milliards de DH dans le secteur à travers le lancement de 493 projets sur les 1.905 projets programmés. Il est prévu la création de 130.000 nouveaux emplois dans cette branche. L’exécutif table aussi sur l’innovation pour son développement et pour ratisser plus large dans les marchés national et international». A cet égard, le département de l’Industrie a conclu différents accords avec les ministères de l’Agriculture, de l’Enseignement supérieur ainsi qu‘avec des organismes internationaux, notamment des centres de recherche. L’objectif est de développer des solutions et des processus modernes en vue d’assurer un positionnement meilleur aux produits. L’innovation a permis aux opérateurs marocains de faire face à la concurrence étrangère, d’améliorer la qualité et de gagner en compétitivité.
Il faut rappeler que le développement du secteur a été largement soutenu par le contrat-programme conclu entre l’Etat et les professionnels. Ce partenariat, inscrit dans le cadre du Plan Maroc Vert (PMV), a permis d’accompagner la dynamique de la filière sur la période 2017-2021 afin d’améliorer significativement ses performances. Un nouvel accord a d’ailleurs été signé pour la période 2024-2030, avec des ambitions plus soutenues. Afin d’atteindre les objectifs fixés en termes de production et d’exportation, le secteur mise aujourd’hui sur le renforcement du capital humain, en particulier sur la formation de profils hautement qualifiés. L’objectif est clair : aligner les standards de production sur les meilleures normes internationales et faire en sorte que les produits fabriqués localement puissent concurrencer, voire surpasser, ceux importés. L’un des principaux défis reste cependant celui de la durabilité. La filière dépend en effet étroitement de l’amont agricole, lui-même fortement tributaire des conditions climatiques.
La FAO en appui
Le secteur bénéficie de soutiens accrus de la part d’institutions internationales de renom, à l’image de l’Organisation mondiale de l’agriculture et de l’alimentation (FAO) avec laquelle le Maroc dispose de nombreux accords de partenariat. Récemment, cet organisme a signé une convention pour le financement d’un programme pour développer le secteur. S’étendant sur 5 ans, il bénéficiera à 120.000 personnes, dont 18.000 jeunes et 6.000 femmes.
Doté d’une enveloppe budgétaire de 250 millions de dollars, il prévoit l’intégration des pratiques agricoles durables, l’amélioration de l’utilisation des ressources hydriques, la conservation du sol et des cultures, ainsi que l’intégration de pratiques intelligentes pour faire face aux aléas climatiques. Il vise également à améliorer la qualité de la production, la sécurité alimentaire, la résilience et la compétitivité des entreprises. Le centre d’investissement de la FAO a joué un rôle important en matière de conception du programme, de suivi de son exécution ainsi que de l’accompagnement de la population cible.
Le programme accorde une attention particulière à l’amont agricole, surtout aux zones bour, lesquelles dépendent étroitement de la pluviométrie et sont donc très vulnérables aux effets de la sécheresse. Pour soutenir les petits exploitants à mieux valoriser leurs produits, la FAO, en partenariat avec l’Agence de développement agricole (ADA), prévoit, à travers le programme, de les protéger contre la fluctuation des prix. Elle appuie le regroupement en coopératives ou associations pour mieux négocier les prix à la vente ou à l’achat d’intrants. Par ailleurs, le programme veut donner une nouvelle impulsion à l’agriculture biologique, dont la surface dédiée sera portée à 25.000 hectares.
Dans le même ordre d’idées, une attention particulière est accordée aux cultures à forte valeur ajoutée. Les filières ciblées sont les fruits rouges, les plantes aromatiques et médicinales et d’autres cultures destinées à l’export, sans oublier bien sûr les produits de terroir. Enfin, dans le cadre de Génération Green pour la période 2021-2030, la FAO vise, avec son programme d’appui au Maroc, à protéger à la fois les agriculteurs, les industriels et les consommateurs.