Il confirme son rang de puissance phosphatière mondiale, avec des performances export remarquables durant le premier tiers de l’année. Ne voulant plus être seulement le grenier des engrais du monde, le pays entend désormais en fixer le prix, la formule et la valeur.
A fin avril 2025, les exportations de phosphates et dérivés ont atteint 27,65 milliards de dirhams, en progression de 12,3%, soit une hausse de 3,026 milliards de dirhams par rapport à la même période de 2024. Ces résultats confirment la solidité de la stratégie déployée par le groupe OCP, et plus largement du secteur marocain, qui continue de gagner en valeur ajoutée, en diversification produit et en ancrage international.
Dans un contexte mondial marqué par des incertitudes géopolitiques et des pressions sur les chaînes alimentaires, le Maroc s’impose plus que jamais comme un acteur central de la sécurité nutritionnelle à l’échelle globale. Le prix du phosphate brut marocain reste stable à 152,50 dollars US par tonne métrique depuis décembre 2023. Cette stabilité, dans un marché historiquement volatil, donne une visibilité précieuse aux exportateurs. Face à des fluctuations internationales, le secteur se réorganise autour d’indicateurs de prix plus adaptés à la réalité des contrats à long terme, dans le but d’asseoir une meilleure transparence pour l’ensemble de la chaîne. En effet, le Maroc ne se contente plus d’exporter du phosphate brut.
La stratégie adoptée consiste à valoriser davantage la ressource en développant l’offre d’engrais complexes et ciblés. En 2024, le pays a exporté 12,37 millions de tonnes d’engrais, et vise les 13,5 millions de tonnes pour 2025. Ce volume est de plus en plus constitué de produits élaborés comme le DAP, le MAP, le TSP ou encore les engrais sur-mesure. L’un des éléments marquants de cette montée en gamme est la forte progression du triple superphosphate (TSP), qui représente aujourd’hui une part significative des ventes, notamment vers des marchés en forte croissance en Afrique et en Asie du Sud. Ce basculement du brut vers les produits transformés permet au Maroc de sécuriser des parts de marché dans un secteur où la demande ne cesse de croître. Une stratégie industrielle résolument orientée innovation Au-delà de l’enjeu commercial, la transformation du secteur phosphatier marocain est industrielle et technologique.
Le groupe OCP investit massivement dans de nouveaux complexes de production à Mzinda et Meskala, avec l’objectif d’ajouter 9 millions de tonnes de capacité d’ici 2028. L’accent est également mis sur la chimie verte, avec le développement d’unités à Jorf Lasfar capables de produire des intrants à haute valeur technologique, utiles pour l’agriculture de précision ou les batteries. Ces projets s’inscrivent dans une vision de long terme qui fait du Maroc un acteur de l’innovation agronomique.
Le virage vers les fertilisants intelligents, adaptés aux sols, aux climats et aux cultures locales, est désormais pleinement engagé. Les retombées économiques de cette dynamique sont substantielles. Le secteur des phosphates continue de jouer un rôle structurant dans la balance commerciale du Royaume, mais aussi dans le développement régional. Les zones minières de Khouribga, Benguérir ou Laâyoune bénéficient directement de cette activité à travers l’emploi, les infrastructures et la formation.
Par ailleurs, le Maroc renforce son rôle en Afrique, non seulement comme fournisseur d’engrais, mais aussi comme acteur de codéveloppement. Des partenariats sont noués avec plusieurs pays du continent pour construire des usines locales, développer des chaînes logistiques et partager les savoir-faire agronomiques. Cette stratégie sud-sud constitue l’un des leviers les plus puissants pour inscrire le phosphate marocain dans une logique de croissance solidaire et durable. À l’aube de la seconde moitié de 2025, le Maroc avance donc avec confiance dans sa transformation phosphatière. Les chiffres sont bons, les perspectives solides, les investissements engagés.