La conjoncture économique est défavorable, sur fond d’incertitudes.
Les nouvelles mesures fiscales annoncées par le gouvernement très peu attractives pour relancer le secteur.
Par C. Jaidani
Le secteur de l’immobilier n’arrive toujours pas à retrouver ses couleurs. L’activité est marquée depuis plusieurs années par un essoufflement qui touche tous les segments. La pandémie n’a fait qu’aggraver la situation. Les opérateurs ont espéré une certaine relance après la fin des restrictions sanitaires, surtout que le gouvernement a établi certaines incitations fiscales comme la réduction de 50% des droits d’enregistrement pour l’achat d’un bien résidentiel dont le prix ne dépasse pas 4 millions de DH, et l’exonération totale de ces mêmes droits pour l’achat d’un logement social. La reprise fut timide.
Les opérateurs de l’activité espéraient un nouveau cycle de croissance. Mais la guerre en Ukraine a tout chamboulé, faisant flamber les prix des matériaux de construction, les portant à des niveaux historiques. Du coup, l’effet de cette forte inflation s’est fait sentir immédiatement sur les indicateurs du secteur. A fin novembre 2022, on note 50% de baisse sur les dépôts d’autorisation de construire, 50% de moins sur les mises en chantier, 50% de régression des demandes de crédits bancaires pour les projets immobiliers et 30% sur les ventes.
Les ventes de ciment sont en baisse, elles aussi, de 9,24%. Lors d’une rencontre tenue dernièrement avec la presse, la Fédération nationale des promoteurs immobiliers (FNPI) n’a pas caché son pessimisme, arguant le manque de visibilité, particulièrement avec l’existence de nombreuses incertitudes. Les mesures déclinées par le gouvernement dans le cadre du PLF 2023 sont jugées très peu attractives, notamment pour les logements de type social et de la classe moyenne.
«Il faut s’attendre à une année 2023 très compliquée pour le secteur, que ce soit au niveau de l’offre ou de la demande. La baisse du pouvoir d’achat des Marocains et une économie en récession auront un impact défavorable sur le secteur. D’autant plus que la plupart des promoteurs sont lourdement endettés et se retrouvent avec un stock important à écouler. Le marché devrait rester en berne. Les promoteurs n’ont d’autres choix que de revoir à la baisse leur programme d’investissement. Les mises en chantier et les livraisons devraient s’inscrire dans un trend baissier», souligne Mohamed Alaoui, expert en immobilier. Le marché est toujours demandeur, et ce pour plusieurs raisons, dont notamment la démographie, surtout dans les grandes métropoles. Mais le problème réside dans la persistance de l’inadéquation entre l’offre et la demande.
«Le gouvernement doit trouver un compromis avec les promoteurs et d’autres professionnels du secteur immobilier pour relancer l’activité. Il est opportun d’investir de nouvelles pistes comme l’établissement d’une fourchette de produits proposant différentes superficies. Des offres qui se déclinent en fonction des régions afin de pallier la problématique de la rareté du foncier», explique Alaoui. En effet, de nombreux promoteurs suivent de très près les tendances du marché. Ils essaient d’adapter leurs offres en fonction des besoins du marché. Les petites superficies ont le vent en poupe. Les logements de type studio ou deux pièces sont très sollicités, car ils sont faciles à financer et sont très recherchés pour les primo-accédants. «Cette tendance semble prendre de l’élan, surtout dans les villes à forte concentration démographique comme Casablanca et Rabat. Les promoteurs pour leur part assurent un retour sur un investissement rapide et une bonne rotation des projets», conclut Alaoui.