Défaillances d’entreprises : comment la conjoncture asphyxie les petites structures

Défaillances d’entreprises : comment la conjoncture asphyxie les petites structures

Etouffées par les coûts élevés, les retards de paiement et une concurrence écrasante, particulièrement dans les secteurs du commerce et du BTP, les TPME voient leur avenir menacé malgré les mesures gouvernementales, souvent insuffisantes pour endiguer la vague de faillites.

 

Par C. Jaidani

Les entreprises continuent de payer les conséquences de la mauvaise conjoncture et d’une sécheresse qui sévit depuis six ans. Nombreuses sont celles qui ont mis la clef sous le paillasson. Au cours du premier semestre 2024, les défaillances ont atteint 7.659, en hausse de 14% par rapport à la même période de l’année dernière. Les prévisions tablent sur un cumul de 16.100 cas pour 2024, soit une progression de 13%. Cette tendance devrait également se poursuivre en 2025, dépassant la moyenne mondiale. Représentant une majorité écrasante de ces défaillances, les TPME demeurent les entités économiques les plus exposées à ce risque. C’est la même configuration sectorielle des faillites d’entreprise qui s’affiche. Près de 65% d’entre elles opèrent dans le commerce, le BTP et l’immobilier.

Au total, 33% des TPME concernées s’activent dans le commerce. Les grandes surfaces, le commerce online et la livraison à domicile ont impacté drastiquement les petits commerces. Ces derniers n’ont pu résister aux grandes structures qui arrivent à réaliser des économies d’échelle grâce à leurs chaînes logistiques perfectionnées et au volume important de produits écoulés sur le marché. Sous l’effet de la hausse du coût des intrants et de la concurrence, les petites entreprises de BTP et de l’immobilier ont été aussi fortement impactées, totalisant 20% des défaillances d’entreprises. Pour Inforisk, «les TPME, surtout les plus jeunes, sont les plus exposées du fait qu’elles ne sont pas assez immunisées pour faire face aux différents aléas. Le rallongement des délais de paiement engendre plus de 40% des faillites».

Les différents leviers mis par le gouvernement pour protéger et soutenir les entreprises, profitent essentiellement aux grandes et moyennes entreprises. Parmi ces leviers, figure la loi 69/21 qui avait pour finalité d’améliorer le recouvrement et d’assurer un bon approvisionnement des entreprises auprès des fournisseurs. Elle permet également de faciliter l’accès à la commande publique. Face à cette situation, la confédération marocaine des TPE et PME est montée au créneau pour dénoncer le manque de réactivité de la part du gouvernement pour «présenter des solutions concrètes».

«La situation des TPME s’est encore dégradée. La croissance de leurs défaillances devrait aggraver le taux de chômage qui atteint déjà 13%. Ne pouvant pas faire face à leurs engagements, nombreuses d’entre elles qui existent encore, ont basculé vers l’informel. Le gouvernement a fixé 12 milliards de DH pour soutenir les TPEPME, mais aucun programme spécifique pour les accompagner n’est mis en place. D’où le risque de voir ces fonds orientés vers les grandes et moyennes entreprises», déplore Abdellah Fergui, président de la Confédération marocaine des TPE et PME. Et d’ajouter que «les TPME ne devraient pas profiter suffisamment des 340 milliards de DH d’investissements publics fixés par le PLF 2025, conformément aux dispositions de la loi 68/21.

Ce texte ne protège pas assez ces entreprises et les auto-entrepreneurs. Toutes nos doléances n’ont pas été prises en considération, dont les difficultés liées à l’accès au financement. Le taux directeur demeure élevé pour les TPME et le retard de paiement est le plus grand handicap. Il est primordial de lancer des dispositifs pour résoudre les litiges entre les donneurs d’ordre et les sous-traitants, sans passer par la justice. Cela permettrait d’éviter des relations conflictuelles entre les deux parties. Les TPME sont victimes le plus souvent de certaines clauses abusives imposées».

 

 

 

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