Barrages: pourquoi il faut donner la priorité aux régions sud du Royaume

Barrages: pourquoi il faut donner la priorité aux régions sud du Royaume

Des zones à fort potentiel agricole comme le Souss ou le Haouz accusent un déficit hydrique chronique.

◆ Le projet de transfert d’eau du Nord vers le Sud du pays doit être remis sur les rails.

 

Par C. Jaidani

 

Depuis l’indépendance, le Maroc a adopté une politique de construction des barrages qui lui a permis d’avoir une capacité de stockage en eau importante culminant à plus de 16 milliards de m3. Cette politique a assuré au Royaume une certaine résilience face à la sécheresse, en alimentant les périmètres irrigués et la nappe phréatique.

Poursuivant dans cette orientation, le gouvernement a annoncé un vaste programme de construction de nouveaux barrages. Ainsi, 20 nouveaux ouvrages sont programmés d’ici 2027 afin de porter la capacité totale de stockage en eau à 21 milliards de m3. 5 barrages seront lancés en 2021. Il s’agit de Tighzit dans la province de Béni Mellal, Oued Lakhdar à Azilal, Tamri à Agadir Idaoutanane, Alkhankro à Figuig et Imfout à Settat.

L’objectif de ces projets est essentiellement la lutte contre les crues, la mobilisation de l’eau pour l’agriculture et les besoins domestiques ou d’autres activités. Mais, depuis un certain temps, des voix s’élèvent demandant que les ouvrages soient installés dans les régions les plus vulnérables au stress hydrique, notamment le sud du pays. Les deux dernières années de sécheresse ont fortement impacté des zones agricoles comme le Souss, Chichaoua, Haouz ou Abda, nécessitant une rationalisation rigoureuse des ressources hydriques.

«Les exploitants agricoles de Souss ont subi de plein fouet les restrictions liées à l’utilisation de l’eau de l’irrigation. Le rendement des récoltes aurait pu être meilleur. Il est utile de trouver de nouvelles solutions comme la construction de nouveaux barrages ou l’acheminement de l’eau du Nord du pays excédentaire vers le Dud qui accuse un déficit hydrique chronique», affirme Lahcen Adardour, président de la l‘Association des producteurs et exportateurs des fruits et légumes (Apefel).

En effet, dans la région du Souss, qui assure 65% de la production nationale en fruits et légumes et 80% des exportations, la capacité totale de stockage de ses barrages s‘élève à 730 millions de m3, soit 4,5% seulement des capacités totales des barrages du Royaume. Il existe une «injustice» hydrique entre les régions qu’il faut réparer. Outre la construction de nouveaux barrages, le projet de transfert du surplus d’eau des bassins de Sebou et du Loukkos pour l’acheminer vers les régions agricoles du Sud doit être remis sur les rails. Il permettra de mobiliser pas moins de 2 milliards de m3 et donnera une forte impulsion à l’agriculture et d’autres activités comme le tourisme.

Les producteurs marocains vont ainsi améliorer la qualité des récoltes et les augmenter à travers la productivité et aussi en étendant les périmètres irrigués. Pour les exportateurs marocains, ils seront plus compétitifs comparativement aux concurrents étrangers.

L’apport en eau permettra également d’améliorer l’autosuffisance du Maroc dans certains produits stratégiques comme le blé, les oléagineux, les légumineuses et le lait. Il faut rappeler que le Nord du Maroc est doté d’un immense potentiel hydrique, aidé en cela par la présence de deux chaînes montagneuses (Rif et Moyen-Atlas), sans oublier la position géographique de cette zone qui favorise la pluviométrie. 

 

Projet de dessalement de l’eau de mer insuffisant
Le projet de création d’une station de dessalement de l’eau de mer à Agadir, d’une capacité de production de 270.000 m3/jour, ne peut, à elle seule, combler le déficit hydrique. Son apport se limitera à moins de 100 millions de m3. Le coût de production est nettement élevé comparativement aux dépenses allouées à la mobilisation des ressources hydriques conventionnelles.

 

 

 

 

 

 

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