Campagne 2025/2026 : des débuts encourageants, mais fragiles

Campagne 2025/2026 : des débuts encourageants, mais fragiles

Le taux de remplissage des barrages est de 38,50% et la nappe phréatique est moins impactée. Le secteur de l’élevage bénéficie de l’enrichissement des parcours et d’un retour à l’équilibre du marché.

 

Par C. Jaidani

Le monde rural a traversé des années particulièrement éprouvantes, marquées par une sécheresse persistante qui a duré six saisons consécutives. La situation était, à bien des égards, critique. Toutefois, les pluies bienfaitrices enregistrées en mars et avril derniers ont apporté un soulagement inespéré, limitant les pertes agricoles et permettant une récolte estimée à quelque 44 millions de quintaux.

Certes, la campagne reste globalement moyenne, mais elle dépasse nettement les projections initiales formulées en début d’année. Si les moissons se poursuivent encore dans certaines régions du Royaume, notamment pour les cultures à semis tardif, l’attention se tourne désormais vers la prochaine saison agricole. Les premiers indicateurs, bien qu’un peu meilleurs que ceux de l’an passé, ne sont pas particulièrement rassurants.

Sur le plan hydrique, les données disponibles au 30 juin 2025 montrent un léger mieux. Les barrages cumulent un volume global de 6,45 milliards de m³, soit un taux de remplissage de 38,5%, contre 30,6% à la même période en 2024. Cette amélioration reste toutefois inégale selon les bassins hydrauliques. Le nord du pays s’en sort relativement bien, mais les régions du centre et du sud continuent d’afficher des déficits marqués, malgré une légère amélioration.

A titre d’exemple, le barrage Al Wahda, le plus grand du Royaume situé dans la province de Taounate, présente un taux de remplissage de 55,4%, similaire à celui de l’an dernier. En revanche, la situation est préoccupante pour Al Massira et Bin El Ouidane, respectivement deuxième et troisième en capacité de stockage. Le premier, qui alimente les régions de Doukkala et d’Al Haouz, n’est rempli qu’à hauteur de 4,6%. Le second, essentiel pour le périmètre de Tadla, n’atteint que 15,7%. Autant dire que les perspectives d’approvisionnement en eau pour ces zones agricoles demeurent très incertaines.

«La situation des avoirs en eau des barrages s’est légèrement améliorée, mais elle demeure vulnérable pour certains bassins. Les responsables doivent veiller à mieux rationaliser l’utilisation des ressources hydriques. Le plus important, c’est que les pluies du printemps ont alimenté la nappe phréatique fortement impactée par la sécheresse de ces dernières années. Cela profitera amplement pour les petites et moyennes exploitations qui se basent sur l’irrigation à partir du pompage de l’eau des puits», affirme Abdelmounaim Guennouni, ingénieur agronome.

La pluie a permis également l’enrichissement des parcours naturels, faisant baisser les prix de l’aliment de bétail. «Cela bénéficiera au secteur de l’élevage, particulièrement dans les zones à caractère pastoral. Le niveau de pâturage existant actuellement permettra de mieux entretenir le cheptel au moins jusqu’au mois de septembre, en recourant de moins en moins à l’alimentation de bétail», explique Guennouni.

Mohamed Maskini, marchand de bétail dans la région de la Chaouia, affirme de son côté que «le marché du bétail commence à retrouver une certaine stabilité. Bien qu’une dynamique soit en train de s’installer, on est encore loin du rythme habituel, perturbé par l’annonce de l’annulation du sacrifice. Les prix des viandes rouges ont connu une baisse passagère avant de repartir à la hausse. Actuellement, la tendance reste orientée à la baisse, certes lentement, mais de manière continue».

Pour sa part, le gouvernement a pris une série de mesures pour la reconstitution du cheptel national, précédées par une nouvelle opération de recensement. L’idée est de mieux identifier le nombre d’éleveurs, l’effectif des ovins, leur sexe, l’âge et l’origine afin de mieux cibler la population éligible aux différentes formes de soutien. Un accompagnement technique et sanitaire est prévu ainsi que des subventions accordées aux ovins femelles pour éviter qu’elles soient sacrifiées. 

 

 

 

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