Depuis sa cambrousse, Tibari Kantour compose des «toiles, papiers, céramiques et gravures» pleins de consonances et d’harmonies. Des œuvres qui ne se rangent dans aucune catégorie convenue, épurées, mais fécondes d’ineffables sensations.
Tibari Kantour, un fidèle au papier : matière à laquelle cet artiste pluridisciplinaire, porte une tendresse infinie d’autant qu’il l’enfante…de toutes pièces. Du papier fait main à partir de matériaux trouvés au gré des flâneries. «La matière première est récoltée, triée, cuite puis battue », explique Kantour. Le papier confectionné ne se présente pas comme simple support de l’œuvre : il constitue une œuvre en soi.
L’artiste a cependant une inclination ardente pour la gravure. Il y cherche le relief et la transparence de la couleur. Techniquement, Kantour s’évertue dans un traitement particulier de la gravure : «mes plaques à imprimer sont fondues au chalumeau avant d’être gravées. L’encrage est particulièrement important pendant l’impression».
Jubilation distillée par cette alliance entre la sobriété et la somptuosité qui constitue la marque de fabrique de l’artiste. La sobriété est élue comme substance constitutive de son œuvre. L’environnement rustique, loin des miasmes vénéneux de la ville tentaculaire, dans lequel il est immergé, déteint jusque sur le papier fabriqué artisanalement.
L’univers qu’offre à voir l’œuvre de Kantour est d’une pureté captivante. L’ocre, une couleur minérale, y domine, un zeste d’orangé l’illumine. Par moments, quelques signes furtifs (motifs ? tatouages ?) ininterprétables, résolument sibyllins, viennent se glisser parmi l’ensemble. Une œuvre extrêmement dépouillée, qui puise dans sa sobriété la magie qu’elle procure, les sensations qu’elle transporte et l’aimantation qu’elle dégage.
Par R.K.H