Le visage est le lieu le plus humain de l’homme. L’anthropologue David Le Breton le compare à une «scène» où la vie intérieure de la personne se donne à voir, avec ses ambiguïtés, ses abîmes, et où la singularité s’inscrit en pleine lumière. En somme, notre visage constitue notre marque identitaire.
Dans son essai intitulé «Des visages», il restitue au visage son ambivalence. Il montre la difficulté qu’éprouve tout homme à «se reconnaître dans une seule figure» à laquelle il pourrait attacher son identité.
Il met en évidence «la confrontation de soi à son image», à ces projections du visage qui sont les perceptions que les autres en ont.
Le visage n’acquiert sa capacité expressive que dans le rapport à l’autre, avec qui s’échangent des significations et avec qui s’établit le recours au symbolique et à l’imaginaire.
Lorsque cette relation n’existe pas, ou ne se constitue pas, le façonnage du visage ne peut parvenir à s’accomplir.
David Le Breton le répète avec instance : «le visage n’est jamais une nature mais une composition».
Le maquillage le transforme en une scène, le voile le soustrait à la convoitise tout en excitant le désir, le masque le métamorphose dans le rituel ou délivre du servage du moi dans la fête.
Par R.K.H