Professeur Amal Bourquia, néphrologie, adulte & pédiatrique, transplantation, experte en éthique et communication médicales, digital health & health consulting, écrivaine, conférencière, présidente de l'association REINS et de la société marocaine de santé & environnement , associationreins@gmail.com, www.amalbourquia.com
La violence à l’égard des femmes est l’une des violations des droits de l’homme les plus fréquentes. Les situations de violences sont très diverses et complexes et affectent la santé physique, psychique et social et ne concernent pas seulement les milieux judiciaires et sociaux, mais aussi le corps médical. C’est un problème de santé publique mondial qui a des répercussions importantes sur la santé et le bien-être des femmes. Elle met en danger la vie des femmes, leur santé physique et psychologique et le bien-être de leurs enfants et a des conséquences sur la société dans son ensemble.
Tous les médecins sont susceptibles d’être confrontés à des personnes ayant vécu des violences actuelles et/ou passées. Ils sont souvent la première personne à qui se confient les victimes. Cette première étape est essentielle pour la suite de la prise en charge aussi les médecins doivent être préparé et avoir des connaissance de la problématique et éviter des situations qui peuvent être mal vécue: Que dire? Quels examens faire? Comment rédiger un certificat?...
La complexité des situations nécessite une approche intégrée et multidisciplinaire avec un réseau médico-psycho-socio-juridique.
Rôle du médecin praticien
Il est souvent la première personne à qui se confient les victimes. Il a un rôle important à jouer une bonne formation peut l’aider a accueillir, écouter, soulager, soigner et informer les patientes sur leurs droits et les moyens de les faire appliquer.
L’accueil de ces patientes nécessite un cadre accueillant, sécurisant et garantissant la confidentialité et l’entretien est soumis aux règles du secret professionnel, en particulier vis-à-vis du conjoint et/ou de la police. L’anamnèse circonstanciée des faits peut nécessiter plusieurs entretiens, selon l’état médical et psychologique de la victime, prendre le temps est essentiel pour évaluer la dangerosité et le degré d’urgence. Si la victime ne se sent pas entendue, reconnue, elle risque de se replier dans son silence et sa souffrance.
Le praticien devra soulager, soigner et traiter les maux physiques et psychologiques.et procèdera à l’établissement d’un document médico-légale en objectivant les impacts des violences, c’est-à-dire établir un constat médico-légal des plaintes, des symptômes et des lésions traumatiques, ainsi que de l’état psychologique en lien avec les violences subies, faire des prélèvements ou des photos. Il faut prendre le temps d’évaluer les risques immédiats d’une nouvelle agression et/ou d’un homicide, de suicide, de décompensation médicale et/ou psychiatrique. Lorsque la situation est jugée dangereuse, il faut la traiter comme une urgence et prendre les mesures qui s’imposent en fonction du risque encouru.
Les agressions sexuelles en général, et le viol en particulier, sont particulièrement destructeurs et délétères et constituent une atteinte sévère à l’intégrité physique et psychique des victimes, à leur identité, à leur sécurité. Ce sont des situations bouleversantes et exigeantes en terme de disponibilité et de savoir-faire. La prise en charge des victimes de viol est une urgence pour différentes raisons psychologiques, médicales, médico-prophylactiques et médico-légales.
L’accueil est primordial, il doit être respectueux et sans ambiguïté quant à la responsabilité des actes violents et prendre au sérieux les risques de décompensation psychologique. Une prise en charge psychologique spécialisée doit être organise le plus tôt possible et évaluer le risque de décompensation psychiatrique ou de suicide. C’est une urgence médico-prophylactique, les viols peuvent avoir de lourdes conséquences médicales sur les victimes nécessitant des mesures prophylactiques urgentes (maladies sexuellement transmissibles..).
Il est aussi une urgence médico-légale c’est un crime, sanctionné par le Code pénal et constitue une atteinte aux droits fondamentaux de l’individu. Ce sont les victimes plaignantes, qui doivent apporter les preuves objectives de leurs allégations, il faut donc tout mettre en œuvre pour rechercher ces éléments de preuves le plus rapidement possible, car le temps risque d’effacer ou de modifier certaines lésions et de détruire du matériel relevant.
La violence peut entraîner de graves conséquences physiques, psychologiques ou sociales, voire la mort. Les conséquences de la violence sexuelle peuvent inclure la stérilité et les maladies sexuellement transmissibles, les traumatismes, la dépression, l’anxiété et les crises de panique. Les violences représentent une atteinte à l’intégrité physique et psychologique des individus, à leurs droits fondamentaux, à leur sécurité et à l’ordre public et sont pour la plupart sanctionnées par la loi.
Les principes éthiques face à la violence rendent essentiels que les soignants qualifient clairement les violences et prendre position face aux violences infligées et de qualifier clairement les violences et qu’elles sont inacceptables, dire qu’elles sont graves et ont un impact sur la santé globale des victimes. Ce positionnement est essentiel pour que les victimes se sentent légitimées dans leur ressenti.
Les violences sont multiples et les contextes dans lesquels elles surviennent complexes. Elles sont souvent dangereuses et difficiles à appréhender nécessitant une approche multidisciplinaire en collaboration avec un réseau médico-psycho-socio-juridique. Au sein de ce réseau, le médecin praticien a un rôle privilégié pour accueillir et écouter les victimes, reconnaître les violences, prodiguer des soins, faire les constatations médicolégales nécessaires, informer les patientes sur leurs droits et les moyens de les faire appliquer et prévenir les risques immédiats.
"Donner ce que vous aimeriez recevoir dans cette situation de détresse"