Par Abdelhak Najib, journaliste-écrivain
J’ai appris avec une profonde douleur le départ de mon cher ami Fahd Yata. Là où il est en ce moment et pour l’éternité, il est et sera bien, cet homme que je connais depuis plus de 35 ans, un être humain toujours égal à lui-même, à la fois bon, disponible, rigolard, à l’humour grinçant et sarcastique, souvent jovial, toujours souriant, le verbe facile, le sens de la répartie cinglant, une très belle maîtrise de ses sujets, journaliste de très belle facture, homme de pensée et de principes également.
Fahd Yata, le fondateur de la Nouvelle Tribune est un homme des médias à l’ancienne. Du savoir, de la culture, beaucoup de bagout, une vision cosmopolite du monde, avec des états de service qui en disent long sur l’engagement du bonhomme dans son métier, au sein de la société, avec une vision politique claire et limpide et des idées revendiquées et assumées.
Fahd Yata incarne le journaliste marocain dans ce qu’il a de plus profond et de plus complexe aussi. Le mot mordant, la formule aisée, la maîtrise du verbe et de la langue, le tout couplé à une belle aisance à toutes épreuves. Homme de convictions, il est également un acteur de la société convaincu de son apport au sein d’une communauté d’idées qu’est la famille du journalisme marocain, avec toutes ses ramifications et toutes ses contradictions aussi. On garde de lui son franc-parler, sa joie de vivre, son sérieux sans se prendre au sérieux, son look très à part, sa bonhomie, son sens de la société, son respect pour son métier et pour ses confrères. Il aura mené une belle carrière traversant les époques et les mutations d’un Maroc qu’il a toujours mis au-dessus de tout, pointant du doigt ce qui ne va pas et applaudissant ce qui va, ce qui change et ce qui évolue.
Homme d’exigence et de rigueur, il est aussi un homme d’une grande culture, avec qui l’on pouvait partager des heures de discussion autour de différents sujets, et l’on se rendait compte qu’il se documentait en continu en se ressourçant et en se remettant en question.
J’ai eu avec Fahd Yata une belle amitié fondée sur l’estime et le respect mutuels. Nous avons travaillé sur les mêmes thématiques ici et à l’étranger, nous avons couvert les mêmes grands événements, nous avons voyagé ensemble dans des délégations, et nous avons toujours eu beaucoup de plaisir à passer du temps ensemble à refaire le monde.
Fahd Yata est un rêveur, un idéaliste aussi. Un grand monsieur qui restera dans mon cœur comme un frère d’armes et de combat pour la dignité humaine.