S’affranchir du débat idéologique

La réforme de l'éducation : Voici notre avis - Éditos Financiers Maroc

Par Fatima Ouriaghli, Directrice de la publication


 

«Elaborer une réforme dans un cadre contractuel national contraignant, par le biais de l’adoption d’une loi-cadre qui définit une vision à long terme et met un terme au cercle vicieux de la réforme de la réforme sans fin». C’était cela les orientations du discours du Trône de 2015.

Mais ce n’est que ce mardi 16 juillet, soit quatre ans après, que le projet de loi-cadre relatif au système d’éducation, de formation et de recherche, a été adopté par la Commission de l'enseignement, de la culture et de la communication à la Chambre des représentants, obtenant 25 voix favorables, alors que deux députés ont voté contre et trois se sont abstenus.

Un ouf de soulagement et, surtout, une victoire pour le ministre de tutelle, Said Amzazi, qui s’est empressé de qualifier l'approbation de ce projet de loi-cadre de «moment historique».

Généralisation d'un enseignement intégré pour tous les enfants sans discrimination, enseignement primaire obligatoire, discrimination positive pour les enfants dans les milieux ruraux et périurbains, lutte contre l’abandon scolaire, éradication de l'analphabétisme, enseignement des matières scientifiques en langues étrangères…, sont autant de leviers autour desquels est construit ce projet de loi-cadre afin d’ériger un système éducatif plus qualitatif et plus performant.

Certes, la réforme du système éducatif fait l’unanimité, au regard notamment des nombreux dysfonctionnements constatés depuis maintenant plusieurs années.

Sauf que dans ce projet de loi-cadre, il y a une grosse pomme de discorde : il s’agit de l’enseignement des matières scientifiques en langues étrangères, particulièrement en français. Ce sujet a suscité et suscite encore des débats passionnés, au point de créer de profondes fractures au sein de la classe politique, et même au sein du Parti de la justice et du développement (PJD).

Les opposants à cette réforme ont très rapidement fait valoir l’argument identitaire, décriant cette «francisation» des matières scientifiques… au détriment de l’arabe. L’on se rappelle d’ailleurs qu’en opposant farouche, l’ancien chef de gouvernement, Abdelilah Benkirane, avait même intimé, en avril dernier, à son successeur et «camarade de parti», Saad Eddine El Otmani, à démissionner. Car, pour lui, c’est un affront que d’utiliser «la langue du colonisateur» pour enseigner les matières scientifiques.

Pour autant, la réforme du système éducatif ne doit pas être prisonnière du débat idéologique. Elle doit, au contraire, être appréhendée sous le prisme du modèle d’école et du capital humain que nous voulons pour le Maroc de demain. Le tout guidé par l’intérêt supérieur de la Nation.

 

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