Gérard Larcher, président du Sénat français, n’a pas débarqué à Rabat avec des formules creuses et l’escarcelle vide, mais avec une volonté affichée de consolider le nouveau chapitre des relations franco-marocaines. Sa visite, qui s’est étendue jusqu’au 26 février, n’était pas qu’une simple courtoisie institutionnelle. Elle était avant tout un signal politique fort. A l’heure où le monde se redéfinit à coups d’alliances stratégiques et de repositionnements géopolitiques, Paris semble vouloir réaffirmer son ancrage auprès de son plus fidèle allié en Afrique du Nord.
Le message est clair: le Maroc est et demeure un partenaire stratégique, y compris pour le développement d’un axe franco-marocain tourné vers l’Afrique. Si le président du Sénat français a pris le soin d’insister sur l’importance du partenariat interparlementaire, c’est bien sa visite à Laâyoune, au cœur du Sahara marocain, qui marque un tournant décisif. Ce déplacement n’est pas anodin. Il s’inscrit dans une logique de continuité après la visite récente de la ministre française de la Culture, Rachida Dati, qui avait déjà provoqué la colère d’Alger.
Ces deux initiatives fortes, impensables il y a encore quelques années, scellent la position française sur cette question sensible. En réitérant la nouvelle doctrine de la France, à savoir celle d’un Sahara marocain et non un territoire objet d’un conflit artificiel nourri par l’Algérie, Paris acte définitivement la fin de l’ambiguïté. Et ce n’est pas Alger, qui vit actuellement une crise diplomatique avec la France, qui dira le contraire.
Le pouvoir algérien voit d’un très mauvais œil cette convergence franco-marocaine. Et à force de jouer le jeu du double discours et de la surenchère nationaliste, Alger s’est isolée, laissant Paris et Rabat redessiner ensemble l’avenir du Maghreb. Mais au-delà des enjeux concernant le Sahara marocain, cette visite de Larcher a deux autres connotations : primo, elle est une reconnaissance du développement spectaculaire des provinces du Sud.
Infrastructures modernes, investissements massifs, dynamique économique florissante… : Laâyoune et Dakhla se positionnent désormais comme des hubs régionaux, et la France veut y être associée. Secundo, elle s’inscrit dans une dynamique de coopération globale renforcée. Car Larcher et son homologue marocain, Mohamed Ould Errachid, ne se sont pas contentés d’échanger des politesses. Leur rencontre a permis de réaffirmer l’importance de la diplomatie parlementaire, souvent reléguée au second plan derrière les grandes décisions exécutives.
L’intensification des échanges entre le Sénat français et la Chambre des conseillers pourrait ouvrir la voie à une collaboration plus étroite entre élus, permettant d’accompagner les évolutions politiques et économiques des deux pays. De plus, le Maroc, qui s’est affirmé comme un acteur clé en Afrique subsaharienne, devient un relais incontournable pour la France dans sa politique africaine.
La diplomatie parlementaire peut ainsi servir de levier pour renforcer les positions des deux pays sur le continent, notamment à travers des coopérations décentralisées entre collectivités locales françaises et marocaines. Bref, Paris a compris que dans un contexte international marqué par une recomposition des alliances, le Maroc se pose en partenaire stable, fiable et ambitieux. Un partenaire avec lequel elle peut cheminer. En toute confiance.
F.Z Ouriaghli