Nous étions sur une dynamique positive à la fin de l’année 2022. Et ce, malgré la conjoncture économique toujours délicate, avec notamment une inflation qui nous colle aux basques, rognant substantiellement le pouvoir d’achat des citoyens. Mais au travers de cette morosité économique ambiante, se disséminait un léger parfum d’optimisme, né de deux principaux éléments : l’arrivée de la pluie, qui ravit les agriculteurs et permet tout au moins d’espérer une campagne agricole moyenne, et la formidable épopée des Lions de l’Atlas lors du Mondial 2022, qui a réuni tout un peuple autour de la bannière Maroc.
Nous espérions tous surfer sur cette dynamique positive encore quelques semaines, s’en imprégner pour démarrer 2023 sous de bons auspices et en faire source de motivation afin de pouvoir faire face au mieux aux différents défis structurels auxquels le Maroc qui se modernise est confronté. Nous croyions que quelle que soit la situation, quels que soient les remparts qui se dressent devant nous, quelles que soient les difficultés, nous serions désormais capables, à force de détermination et de volonté, de les surmonter. Car nous croyions surtout que le formidable état d’esprit dont ont fait preuve les Lions de l’Atlas lors du Mondial était annonciateur d’un changement radical d’attitude.
Pas seulement dans la manière de pratiquer le foot ou le sport. Mais également dans notre rapport à la chose économique, sociale, politique… Car cet état d’esprit est indiscutablement l’électrochoc dont le Maroc a besoin dans le cadre du processus de modernisation de son économie. Oui, nous y croyions. Mais nos hommes politiques ont franchement du génie. Ils ont vite fait de saper notre enthousiasme. De nous faire revenir brutalement à la réalité. D’enrayer cette dynamique positive, alors même que nous ressentons encore l’arrière-goût savoureux du parcours du Onze national au Qatar.
En effet, la vive polémique relative au concours d’accès à la profession d’avocat et au centre de laquelle on retrouve le ministre de la Justice, Abdellatif Ouahbi, nous rappelle, dans la forme et dans le fond, que le Maroc n’est malheureusement pas prêt de sortir de ses travers. Et que le clivage entre les politiques et les citoyens reste assez profond, entretenu cependant par ceux qui sont aux affaires. Car de par leur comportement et leurs propos, ils cultivent cette méfiance et cette distance vis-à-vis de la collectivité. Et, conséquemment, il y a rupture de confiance. Gouvernants et gouvernés peuvent-ils alors cheminer ensemble quand les seconds ne font pas confiance aux premiers ? That is the question.
Par F.Z Ouriaghli