AU-DELÀ DE L’ÉMOTION

AU-DELÀ DE L’ÉMOTION

Souvent, l’émotion nous égare, pervertit notre jugement et biaise l’analyse objective. Et les drames et l’horreur suscitent toujours compassion envers toutes les victimes. Emotion et compassion : ce sont justement les sentiments qui ont étreint l’opinion à la vue des images de ce qui s’est produit vendredi dernier dans la zone frontalière entre Nador et Melilia.

Des centaines de migrants clandestins (près de 2.000 selon les estimations) venant d’Afrique subsaharienne ont tenté un assaut groupé contre la clôture métallique à Nador et au niveau d’un point de passage étroit, équipé de portiques et tourniquets.

Bilan terrible de ce coup de force : 23 Subsahariens clandestins ont trouvé la mort a priori lors de la bousculade mortelle qui s’en est suivie, et un élément de la force publique et 18 assaillants sont sous surveillance médicale. Les premières images qui ont circulé sur les réseaux sociaux ont logiquement suscité de vives émotions : des migrants entassés par terre, certains déjà morts, d’autres gravement blessés, des traces de sang qui maculaient le sol, des forces de l’ordre marocaines matraques au poing…

Des images suggestives qui ont vite poussé certaines intelligences à prendre des raccourcis pour rendre responsable la force publique marocaine de ce carnage. Ce qui s’est passé ce jour-là à Nador est fort regrettable. Comme dit plus haut, autant on ne peut que nourrir de la compassion envers les victimes, autant il faut se garder, sous le coup de l’émotion, de tirer des conclusions hâtives. Une enquête va avoir lieu. Et les responsabilités seront établies.

Les autorités marocaines ont-elles fait «un usage excessif de la force» face à des migrants hyper motivés, armés de gourdins et autres objets potentiellement létaux  ? Tous ces décès sont-ils le fait de la bousculade ? Toutes ces images qui circulent actuellement ontelles vraiment un lien direct avec ce qui s’est passé à Nador ? On le saura bientôt, quand bien même le Maroc, à travers sa diplomatie, a déjà tenu une séance d’information avec le corps diplomatique africain accrédité. Bien évidemment, aujourd’hui, c’est le Royaume qui est regardé en chien de faïence.

Pourtant, analyser cet événement uniquement sous le prisme d’une tragédie qui s’est déroulée sur le territoire national serait bien réducteur. Car l’assaut contre l’enclave occupée de Melilia n’est finalement que la conséquence de la politique migratoire de l’Union européenne. Qui érige murs, barbelés et barrières afin de barrer la route à cette jeunesse africaine en déshérence et en souffrance, qui aspire simplement à une vie meilleure. 

 

 

Par F.Z Ouriaghli

 

 

 

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