ARBITRAGES DIFFICILES

ARBITRAGES DIFFICILES

Dans toutes les démocraties, c’est pareil : les gouvernements sont appelés à faire des arbitrages budgétaires difficiles, pour ne pas dire très délicats. Il faut convenir que depuis trois ans, aucun dirigeant n’a eu droit à une gouvernance paisible. Entre la crise sanitaire liée à la Covid-19, la guerre en Ukraine et ses conséquences économiques et politiques à l’échelle mondiale et la flambée des prix des produits alimentaires et énergétiques, tous les pays qui s’étaient imposés une certaine orthodoxie financière se sont assis dessus.

Le Maroc n’a pas dérogé à la règle et personne n’aimerait vraiment être à la place du gouvernement actuel. On a vu l’apparition subite d’un Etat social, au chevet des entreprises et des citoyens, qui a bousculé sa devise qu’il porte si fièrement en bandoulière : «la nécessaire préservation des équilibres macroéconomiques». La crise a tout chamboulé. L’Etat a fait preuve de largesse, laissant filer le déficit budgétaire.

Maintenant, il faut faire revenir tout cela à des niveaux normatifs en réajustant les fondamentaux économiques. Le projet de Loi de Finances 2023 devrait justement aider l’exécutif à inscrire les finances publiques dans cette trajectoire. Conséquence  : forcément, il réduit les dépenses fiscales par ci, cherche des niches fiscales par là, tout en se voulant moins distributif. Ce qui, conséquemment, crée des levées de boucliers. Et c’est peu de dire que les mécontents sont nombreux.

La fronde à laquelle on assiste actuellement est d’ailleurs inédite : toutes les professions libérales sont vent debout contre les dispositions fiscales contenues dans le PLF 2023 les concernant, notamment la retenue à la source. D’ailleurs, pour mieux se faire entendre et peser lors d’éventuelles négociations, ils ont constitué un collectif. L’union fait la force, n’est-ce pas ? Mais serait-ce suffisant pour faire plier le gouvernement ? C’est à voir.

Encore faut-il ne pas oublier que l’Exécutif fait face non seulement à des impératifs budgétaires, mais il ne dispose pas non plus de marges de manœuvre importantes, eu égard à la délicatesse de la conjoncture économique actuelle. Mais tant que le dialogue est ouvert, les compromis sont possibles. Et sur ce point, avouons que l’exécutif est bien à l’écoute des doléances des professionnels. Mais entend-il ? Là, c’est une autre affaire ! 

 

Par F.Z Ouriaghli

 

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