La flambée des prix des produits énergétiques a eu des conséquences considérables pour la plupart des entreprises industrielles.
Par M. Diao
Après l’accalmie de la crise liée au Coronavirus à l’échelle mondiale, les prix des produits de base et ceux des produits énergétiques ont enregistré une tendance haussière, liée entre autres au raffermissement de la demande mondiale et aux contraintes diverses sur l’offre. L’invasion de l’Ukraine par la Russie, avec son lot d’incertitudes, a contribué sensiblement à la flambée des prix des produits énergétiques et alimentaires, qui ont effleuré des niveaux historiques sur le marché mondial.
D’ailleurs, il ressort de la note de conjoncture de la Direction des études et des prévisions financières (DEPF), qu’après avoir atteint un pic de 1.188 dollars la tonne le 8 mars 2022, les prix du butane se sont affichés à 943 dollars le 18 mars. Dans le même ordre d’idées, des tendances haussières au niveau des cours de la tonne de charbon ont été observées au cours des derniers mois. Cette matière première énergétique a battu son record historique avec un prix de 465 dollars la tonne en mars 2022.
Pour l’heure, les prix de la tonne, toujours élevés, sont au-dessus de la barre symbolique des 300 dollars. A titre illustratif, le mois dernier, le prix du baril de Brent de la mer du Nord a frôlé 140 dollars (139,13 dollars), proche de son record absolu de 147,50 dollars observé en juillet 2008. Ce bref rappel conforte sans aucun doute la surchauffe des prix des produits énergétiques. Ce qui, à l’évidence, n’est pas sans conséquence pour le Maroc.
Un pays qui affiche un taux de dépendance énergétique qui se situe autour de 90%. Le niveau record des prix actuels du gasoil à la pompe (plus de 15 DH dans certaines stations-service de Casablanca) contribue à la contraction du pouvoir d’achat du consommateur moyen, propriétaire d’un véhicule. Le prix exorbitant du gasoil donne aussi du fil à retordre aux professionnels du secteur du transport. Et ce, en dépit du coup de pouce financier de l’Etat.
Les experts de la DEPF font remarquer que pour l’année en cours, globalement, les cours du pétrole devraient rester relativement élevés. Ils renseignent également sur le fait que le marché pétrolier pourrait connaître des fluctuations, en raison des évolutions liées au contexte géopolitique et sécuritaire mondial, à la pandémie et aux chaînes d’approvisionnement. Des entreprises pénalisées doublement La flambée des prix énergétiques a eu des conséquences considérables pour la plupart des entreprises industrielles. Celles-ci ont assisté au cours des deniers mois à l’explosion des coûts de plusieurs intrants (bois, aluminium, acides, huiles, etc.).
De plus, il n’est pas rare de relever une hausse de 30% de la facture énergétique pour des entreprises industrielles évoluant par exemple dans le secteur agro-industriel. Les entreprises industrielles doivent ainsi faire face à une double hausse : celle de la facture énergétique et celle des cours de plusieurs intrants. Une situation peu propice à l’élargissement de leurs marges. Le BGE et la balance commerciale trinquent Nombreux sont les économistes qui s’accordent pour alerter sur la hausse des charges liées à la Caisse de compensation, alimentée par le BGE. Et ce, en raison de la flambée des prix des produits de base (sucre et farine) et celle des produits énergiques sur le marché international (butane).
Au regard de l’évolution des choses et de la projection de plusieurs organisations spécialisées en prospective, tout porte à croire que le montant budgétisé dans la Loi de Finances 2022 pour la Caisse de compensation (16 Mds de DH) sera largement dépassé cette année. D’ailleurs, selon les derniers chiffres officiels, les charges de la compensation ont augmenté de 2,4 Mds de DH à fin février 2022. Par ailleurs, il importe de souligner la hausse notable des importations (+39,5%) plus importante que celle des exportations (+23%) à fin janvier.
Une telle configuration a été à l’origine d’un creusement du déficit commercial de 75,2%. L’appréciation des importations a concerné l’ensemble des groupes de produits, plus particulièrement les produits énergétiques (+67%). Au final, la flambée des produits énergétiques sur fond de la guerre en Ukraine est un énième motif pour le Maroc de réduire promptement son taux de dépendance énergétique, qui reste très élevé.