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«Faute d’incitations, l’écoconstruction n’arrivera pas à se développer»

«Faute d’incitations, l’écoconstruction n’arrivera pas à se développer»

 

Rachid Khayatey Houssaini, président de l’Association marocaine de la construction durable et vice-président de la Fédération nationale des promoteurs immobiliers.

 

Propos recueillis par Charaf Jaidani

 

Finances News Hebdo : Quels sont les objectifs de votre association ?

Rachid Khayatey Houssaini : L’Association marocaine de la construction durable (AMCOD) a été créée en 2009. C’est une émanation du secteur privé et associatif, mais elle reste ouverte à tous les acteurs publics intéressés par ce domaine. Elle regroupe des opérateurs qui s’activent dans le secteur de la construction durable, notamment les promoteurs, les architectes…

Afin d’élargir son champ d’action, nous avons pensé créer un Conseil qui englobe d’autres acteurs, comme les bureaux d’études, les entreprises de matériaux de construction, celles qui s’activent dans les énergies renouvelables ou de l’efficacité énergétique, les chercheurs, les enseignants, les militants ou autres qui veulent promouvoir l’écoconstruction.

Nous avons mis en place un plan d’action comportant plusieurs programmes que nous allons dévoiler prochainement.

L’association a créé des groupes de travail pour se pencher sur différentes questions et se positionner comme une force de propositions en matière d’idées et de projets à soumettre au gouvernement et aux autorités.

 

F.N.H. : Outre votre étiquette de promoteur, vous êtes aussi un architecte. Quel rôle peut jouer ce dernier pour promouvoir la construction durable ?

R. K. H. : L’architecte est le maître-d’œuvre du projet. C’est à lui qu’incombe la responsabilité de choisir les plans, les matériaux de construction et les produits utilisés dans la finition. Il a à cet égard un rôle important pour promouvoir la construction durable.

L’urbanisme concentre une bonne partie des enjeux de la durabilité. Les architectes par leur approche globale et leur capacité à intégrer plusieurs paramètres en sont conscients. Penser durable et agir durable est implicitement contenu dans leur pratique. Ils sont capables de promouvoir des réflexions pour inciter tous les acteurs socioéconomiques à opter pour l’écoconstruction.

Notre secteur est un levier majeur pour concilier les aspirations des individus avec les contraintes collectives dans un cadre qui prend en considération l’intérêt des générations futures.

 

F.N.H. : La législation marocaine est-elle favorable à la l’écoconstruction ?

R. K. H. : L’administration marocaine est sensible à ce volet, mais dans la pratique il n’existe pas de dispositif ou d’incitations en faveur de ce secteur.

Pour lancer un projet selon les normes de durabilité, il y a automatiquement un surcoût par rapport à la méthode conventionnelle. Ce surcoût est supporté par l’opérateur qui doit l’imputer sur les prix de vente aux acquéreurs.

Il est inutile de vous rappeler que le prix est un élément déterminant dans le marché du bâtiment. Les architectes et certains promoteurs veulent promouvoir des productions durables mais encore faut-il qu’elles soient viables économiquement.

Le marché marocain est marqué par une inadéquation entre l’offre et la demande. Nos produits sont chers par rapport au pouvoir d’achat des citoyens. Les promoteurs qui veulent construire d’une façon durable, risquent d’écouler difficilement leurs produits ou de brader les marges. Faute d’incitations, l’écoconstruction n’arrivera pas à se développer.

 

F.N.H. : Pour inciter les acquéreurs à choisir des bâtiments écolos, l’Etat ne doit-il pas donner l’exemple et commencer par les bâtiments publics ?

R. K. H. : L’Etat peut se permettre cette option. Plusieurs bâtiments publics ont été construits selon les normes écologiques comme des aéroports, ou encore des cités universitaires. Mais je reviens toujours vers cette notion de viabilité économique. Dans les marchés publics, la notion de coût est également très importante dans les appels d’offres.

 

F.N.H. : En dépit de la contrainte coût, pensez-vous que le marché du bâtiment est demandeur de produits écologiques ?

R. K. H. : Le marché ne peut que l’être, pas uniquement pour la clientèle d’un certain standing, mais pour tous les segments. L’efficacité énergétique intéresse plus un acheteur de logement économique du fait de son pouvoir d’achat limité qu’un propriétaire d’un logement de luxe ou une grande entreprise.

Chacun pourra faire des économies importantes en matière de consommation d’énergie et bien entendu d’argent. L’écoconstruction n’est pas un effet de mode mais bien une réalité qui s’impose et qu’il faut soutenir. ◆

 

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