La lutte contre le changement climatique est devenue un enjeu crucial, et le Maroc s'est illustré sur la scène internationale par son engagement à répondre à cette menace mondiale.
Par K. A.
Entre la signature de mémorandums, les discussions avec des personnalités clés et l'adoption de nouvelles mesures de financement, le Maroc est à la croisée des chemins pour un avenir énergétiquement durable. Le 11 octobre, Marrakech a abrité la signature d'un mémorandum d'entente entre Leila Benali, ministre de la Transition énergétique et du Développement durable, et Nandita Parshad, Directrice générale des Infrastructures durables à la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD).
Cette initiative renforce le partenariat existant entre les deux entités et souligne l'ambition du Maroc en matière de technologies vertes et de développement des énergies renouvelables. Mais le Royaume ne se limite pas à des partenariats européens, il reconnaît également le potentiel de tout un continent.
Le potentiel de l'Afrique
Lors d'une conférence en marge des assemblées de la Banque mondiale (BM) et du FMI, Benali a mis en avant l'importance du financement pour l'initiative climatique en Afrique. Malgré les défis de développement et le poids de la dette, les pays africains ont consacré environ 260 milliards de dollars de leurs budgets à leurs engagements nationaux en matière de climat.
«D'après le Programme des Nations unies pour le développement, l'Afrique aurait besoin d'environ 3 trillions de dollars entre 2020 et 2030 pour respecter ses engagements. Ce montant représente 93% du PIB africain, montrant clairement que les ressources actuellement disponibles sont loin d'être suffisantes pour relever ce défi global», a précisé Benali. Face à cette réalité alarmante, il est d'autant plus surprenant de constater le contraste avec les prévisions de financement. En effet, selon la ministre, malgré la faible contribution de l'Afrique à la réduction du réchauffement climatique, le continent ne recevra probablement que 182 milliards de dollars d’ici 2035 pour financer les programmes d’adaptation aux changements climatiques, une enveloppe qui reste en deçà des besoins réels du continent.
La vision de Benali sur la finance durable
Benali a appelé à une meilleure gestion des ressources financières, de manière qu’elle soit plus globale et inclusive, notant que les outils de financement du passé ne fonctionnent plus pour répondre aux défis d’aujourd’hui. Pour ce qui est des crises climatiques, la ministre a mis l’accent sur le caractère intergénérationnel et transfrontalier de cette question, appelant à déployer un nouveau modèle d’action, notamment sur le plan financier, pour qu’il soit plus en phase avec les réalités actuelles. «Il faut investir dans la durée et avoir de la flexibilité dans la définition des mécanismes de financement», a soutenu Benali. Les crises sont des occasions pour rebâtir nos économies, a-t-elle dit, avant de mettre en relief l’expérience marocaine dans la riposte aux différentes crises que le pays a connues et sa forte capacité de résilience.
L'engagement de la Banque mondiale
Face à ces préoccupations, Ajay Banga, le président de la Banque mondiale a révélé que la BM consacre «près de 50% des financements et des subventions de la BM à l'Afrique», soulignant l'importance du continent dans les plans de développement de l’institution internationale. Banga a réitéré que son institution s'efforce d’accroitre ce chiffre pour dépasser les 50% des fonds et de les exploiter dans des opérations visant à atténuer les effets du climat et des émissions de carbone. Toutefois, il n'a pas mentionné la valeur des financements et des subventions fournis par la banque au niveau mondial ou au continent africain. Mais il a, par contre, insisté sur l'importance du secteur privé dans ce processus, compte tenu de sa capacité à utiliser le capital et la technologie pour réaliser un développement durable. Pour illustrer son soutien, la Banque mondiale a récemment approuvé un prêt de 350 millions de dollars destiné à épauler le Maroc dans sa lutte contre le changement climatique, renforçant ainsi la position du pays comme leader dans ce domaine.