La COP28, qui s'est déroulée à Dubaï, a pris fin le 13 décembre 2023 sur une note historique avec l'adoption d'un accord sans précédent.
Par K. A.
Les lumières de la COP28 se sont éteintes sur un accord historique qui évoque pour la première fois la nécessité de sortir progressivement des énergies fossiles. Un pas en avant vers un avenir plus vert, salué par des applaudissements et des discours optimistes. Cependant, derrière les célébrations, persiste une lueur d'incertitude. Cet accord, tant vanté, ouvre-t-il réellement la voie à une transition énergétique mondiale, ou ne reste-t-il qu'un compromis entre des intérêts contradictoires ? Le président de la COP28, Sultan Al Jaber, a qualifié l'accord d'«historique», soulignant l'importance de passer des paroles aux actes.
«Nous sommes ce que nous faisons, pas ce que nous disons», a-t-il déclaré devant l'assemblée plénière, mettant ainsi l'accent sur la nécessité d'une mise en œuvre effective. L'accord a été obtenu suite à des négociations intenses, avec des points de désaccord notamment entre les pays exportateurs de pétrole, regroupés au sein de l'OPEP, et d'autres nations en faveur d'une sortie immédiate des énergies fossiles. Le terme «Transitioning away» (sortie progressive) a été adopté dans le texte final, marquant un compromis entre les partisans de la «sortie» immédiate et ceux de la «diminution» progressive.
Plus de 100 pays ont fait pression pour inclure explicitement dans l'accord la notion d'une élimination «progressive» du pétrole, du gaz et du charbon. Cependant, l'OPEP, qui représente près de 80% des réserves mondiales connues de pétrole, a opposé une forte résistance à toute mention des énergies fossiles dans l'accord. L'accord appelle les pays à sortir progressivement des combustibles fossiles «d'une manière juste, ordonnée et équitable», visant à atteindre l'objectif de zéro émission nette d'ici 2050, conformément aux recommandations scientifiques. Cette formulation laisse une certaine latitude aux États pour déterminer leurs propres actions. Si l'accord a été salué comme une étape cruciale par de nombreux pays, des critiques subsistent, notamment de la part des petits États insulaires.
Une représentante de ces États a jugé le texte final «trop peu ambitieux» et a souligné la nécessité d'un changement radical pour faire face aux défis climatiques actuels. Outre la sortie progressive des énergies fossiles, l'accord entérine d'autres avancées significatives. Il fixe l'objectif ambitieux de tripler la capacité mondiale des énergies renouvelables d'ici à 2030 et de doubler le rythme d'amélioration de l'efficacité énergétique. Cependant, des préoccupations subsistent quant aux moyens financiers nécessaires pour atteindre ces objectifs. Le fonds pertes et dommages, destiné à indemniser les pays en développement affectés par le changement climatique, a également été mentionné dans l'accord.
Bien que salué comme une victoire après des décennies de blocage, les contributions financières actuelles ont été critiquées comme étant dérisoires par rapport aux besoins réels. Parmi les points d'inquiétude, figurent la reconnaissance du rôle du gaz comme une «énergie de transition» et l'inclusion du nucléaire dans la lutte contre le changement climatique. Les technologies controversées telles que le stockage et la captation du carbone suscitent également des préoccupations parmi les ONG environnementales.
L'enjeu crucial est maintenant de traduire cet accord historique en politiques nationales et en actions concrètes. L'histoire récente, marquée par l'Accord de Paris en 2015, a montré que la mise en œuvre au niveau national reste un défi majeur. Les regards sont maintenant tournés vers les prochaines étapes, avec l'espoir que la COP28 marque véritablement un tournant dans la lutte mondiale contre le changement climatique.