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Le Festival d’Essaouira, une parenthèse enchantée

Actualité Culturelle - Festival d’Essaouira : Entretien avec Neila Tazi

Neila Tazi, productrice du Festival, présidente de la Fédération des industries culturelles et créatives, parlementaire CGEM, membre de la Commission de l'éducation, de la culture et des affaires sociales


 

Comme à son accoutumée, le Festival Gnaoua et Musiques du monde réunira, du 20 au 23 juin, les plus grands maâlems du Maroc et les meilleurs musiciens de la scène internationale.

 

Propos recueillis par Lilia Habboul

 

Festival d’Essaouira - Finances News Hebdo : Quelle sera la particularité de cette édition ?

Neila Tazi : Je dirai que chaque édition a quelque chose d’inédit puisque les fusions que nous programmons, sont uniques à ce festival. Cette 22ème édition est une invitation au voyage à travers des univers et des cultures authentiques. Cette année, Essaouira vibrera aux rythmes des sonorités cubaine, touareg, tamoule, mais aussi du jazz, du flamenco, du reggae… et bien sûr du meilleur de la tagnaouite qui sera au cœur des fusions entre les musiciens invités et les plus grands maâlems prêts à nous offrir des moments magiques et audacieux. Hassan Boussou, Hamid El Kasri, Omar Hayat, Mustapha Baqbou, Majid Bekkas, Hassan Hakmoun pour ne citer qu’eux seront rejoints par les percussions de la Havane du maestro Osain del Monte, la voix aérienne de l'Indienne Susheela Raman, par la gardienne du temple flamenco Maria Delmar Del Moreno. Après l’édition mémorable avec les Wailers en 2004, le reggae fait son grand retour au festival avec le légendaire groupe Third World, nommé 10 fois aux Grammys Awards.

Cette édition sera ponctuée par trois lilas thématiques réunissant les meilleurs maâlems de chaque région. Il y aura une lila rbatia, une souiria, et une autre chamalia. Cette lila chamalia sera en hommage au pianiste américain Randy Weston, décédé cette année, et qui a été le précurseur des fusions jazz-gnaoua, avec son complice d’une vie le maâlem Abdelallah El Gourd de Tanger. C’est un hommage à l’un des derniers géants d’une génération, Randy, qui a fait ses premiers pas à Brooklyn avec l’immense Thelonious Monk et qui a passé sa vie en quête de ses racines africaines.

Cette édition coïncide aussi avec un événement majeur que l'on attend et que l'on espère voir se réaliser ! Dans quelques mois, en décembre 2019, l’Unesco devra statuer sur la demande d’inscription de l’art des Gnaoua à la liste du patrimoine oral et immatériel de l’humanité. C’est une étape importante car cette reconnaissance marquera le début d’une nouvelle ère pour l’art gnaoui, qui est un courant musical très apprécié au-delà de nos frontières et dont le travail de mémoire et de préservation est nécessaire, au-delà de ce qui a pu se faire jusqu’à ce jour.

 

Festival d’Essaouira - F.N.H. : Parallèlement, vous organisez le Forum d’Essaouira des droits de l’Homme. Quel est l'objectif de ce forum ? Et pourquoi ce choix de thématique ?

N. T. : Dès sa première édition, le Festival Gnaoua et Musiques du monde s’est voulu un espace inclusif, démocratique, fédérateur et populaire. Tout au long de ses 21 ans d'existence, le Festival n'a cessé de donner la preuve que la musique est un langage universel favorisant la communion et le rapprochement entre les cultures, au-delà de leurs différences et fortes de leurs spécificités.

Ce forum est né au lendemain de l’adoption de notre nouvelle Constitution en 2011. S’ouvrait alors une nouvelle page de notre vie politique, sociale et institutionnelle et nous avons voulu créer ce forum au sein du festival, en partenariat avec le Conseil national des droits de l’Homme, pour en faire un espace de débat franc et direct, un lieu de dialogue où peuvent débattre des personnalités d’horizons et de sensibilités différentes, qui habituellement ne se croisent pas. En 7 éditions, plus de 150 intervenants de 25 pays différents ont pris part à ce forum qui gagne en notoriété. Personnalités politiques, acteurs culturels, journalistes, intellectuels, acteurs associatifs, entrepreneurs, sont invités à se prononcer sur des sujets qui nous concernent tous. Et le plus intéressant est que le forum est libre d’accès.

Nous abordons chaque année une thématique d'actualité. Celle de cette année est «la force de la culture contre la culture de la violence» parce que le contexte mondial est de plus en plus violent, et que la violence a tendance à être banalisée par les réseaux sociaux. Et l’actualité, parce que la culture a un rôle essentiel à jouer pour juguler cette violence. Des débats passionnants s’annoncent déjà et nous avons d’ailleurs élargi le cercle des partenaires puisque le forum se fera en partenariat avec le CNDH toujours, mais également avec TV5 Monde et l'Université Mohammed V de Rabat. ◆

 

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