Transition énergétique : Benali branche le Maroc sur le réel

Transition énergétique : Benali branche le Maroc sur le réel

On aurait pu croire à un PowerPoint comme les autres. Des slides, des chiffres, des sigles et des acronymes qu’on ne retient jamais. Mais ce jeudi 24 juillet 2025, dans le cadre des Nuits de la Finance organisées par Finances News Hebdo à Rabat, Leila Benali, ministre de la Transition énergétique et du Développement durable, n’est pas venue faire de la figuration, encore moins de l’écologie de salon.

Elle a déroulé une vision concise et cohérente. Car en matière de feuille de route climatique, le Maroc ne veut plus se contenter de faire acte de présence dans les COPs, ces grands rendez-vous mondiaux où l’on débat souvent plus qu’on n’agit. Il veut proposer, exister et influencer. Et pour cela, il s’est donné un plan.

Ou plutôt sept. Sept piliers stratégiques pour transformer le modèle énergétique, industriel et écologique du pays. Du classique, me direz-vous ? Pas tout à fait. Car si l'on connaît déjà les grands axes (énergies renouvelables, développement durable, économie circulaire…), ce que Leila Benali a présenté jeudi, c’est une feuille de route à la fois ambitieuse et ancrée dans le réel, capable de faire du vert une couleur rentable.

La stratégie nationale de développement durable, qualifiée de «mère de toutes les stratégies», a été revisitée et actualisée. L’économie circulaire, elle, tente de rattraper trois décennies de retard. Quant aux énergies renouvelables, elles avancent à marche forcée. L’objectif des 52% de capacité installée sera atteint bien avant 2030. Mais ce n’est pas cela le vrai sujet, nous dit-elle. Le vrai défi ?

Faire en sorte que les ampoules de nos salons s’allument grâce à une électricité propre et bon marché. En résumé : faire du soleil, du vent et même du gaz des atouts pour notre porte-monnaie. Car oui, le gaz a fait son grand retour dans le discours politique. Après la fermeture brutale, fin octobre 2021, du gazoduc Gaz Maghreb Europe qui fournissait, via le Maroc, du gaz à l’Espagne, le Royaume a dû inventer, en urgence, une diplomatie du gaz à flux inversé.

Résultat : dès juin 2022, un méthanier accostait, les centrales redémarraient et Rabat s’inscrivait au tableau d’honneur de la résilience énergétique mondiale. A ce jeu-là, seuls le Maroc et l’Ukraine ont réussi l’exploit. Mais au-delà de l’énergie, ce sont les messages politiques qui percent dans le discours de la ministre. L’Afrique, dit-elle, subit une double peine : elle est peu émettrice de CO2 mais doit quand même se transformer.

Et en plus, sans budget. Les financements climat ? Trop peu et trop lents. Résultat: à la prochaine COP, le Maroc veut proposer un nouveau cadre pour sa contribution déterminée nationale, moins technocratique, plus humain et surtout plus crédible. Et puis, il y a cette petite musique discrète : le multilatéralisme est en panne, la solidarité climatique à bout de souffle et les nations du Sud sont de plus en plus seules face aux urgences.

Dès lors, il faut oser et réécrire les règles du jeu. Et c’est peut-être cela la vraie feuille de route du Maroc : ne plus attendre le consensus mondial pour tracer son chemin. Même si ce chemin passe parfois par une ligne à haute tension.

 

Par FZ.Ouriaghli

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