On ose espérer que même si nos femmes ministres sont en arrière-plan dans les photos officielles, elles sauront occuper les premières places dans l’action gouvernementale.
Dans la composition de son nouveau gouvernement, Saad Eddine El Otmani n’a, a priori, pas fait de la parité, consacrée par la Constitution, une priorité.
Ce n'est, en effet, qu'en prêtant un peu plus attention à la photo du nouvel Exécutif, prise dans la foulée de sa nomination le 9 octobre dernier par le Roi Mohammed VI au palais royal de Rabat, qu'on parvient en effet à distinguer… quatre femmes, sur un total de 24 membres.
Il s’agit de Nezha Bouchareb, ministre de l'Aménagement du territoire national, de l'Urbanisme, de l'Habitat et de la Politique de la ville, Nadia Fettah Alaoui, ministre du Tourisme, de l'Artisanat, du Transport aérien et de l'Économie sociale, Jamila El Moussali, ministre de la Solidarité, du Développement social, de l'Égalité et de la Famille, et Nezha El Ouafi, ministre déléguée auprès du ministre des Affaires étrangères, de la Coopération africaine et des Marocains résidant à l'Étranger, chargée des Marocains résidant à l’Étranger.
Seulement quatre ministres : la proportion de femmes dans le gouvernement El Otmani II est, pour beaucoup d’observateurs, famélique.
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«Nous avons assisté dernièrement à la nomination de femmes à la tête de certaines institutions constitutionnelles comme la Haute autorité de la communication audiovisuelle (HACA), l’Office de la formation professionnelle et de la promotion du travail (OFPPT) et le Conseil national des droits de l’homme (CNDH) et même à des compositions paritaires. Nous aurions souhaité que cette dynamique soit appliquée au gouvernement», nous déclare Oumayma Achour, présidente de l’Association Jossour – Forum des femmes marocaines, une ONG qui veille au renforcement de la présence féminine sur la scène nationale, et ce à tous les niveaux.
De son côté, Abdallah Eid, membre du bureau exécutif du Forum de la modernité et de la démocratie, une ONG qui, comme son nom l’indique, œuvre pour la promotion et la diffusion des valeurs démocratiques au Maroc, affirme que «la représentation faible des femmes au gouvernement est à l’image de leur présence réduite dans la scène politique en général». Il cite à titre d’exemple l’absence de femmes à la tête des partis politiques et des présidences de régions.
Il y a bien longtemps que la gent féminine n’a plus été aussi sous-représentée au gouvernement. En janvier 2012, une seule femme, en l’occurrence Bassima Hakkaoui, avait eu voix au chapitre dans le gouvernement Abdelilah Benkirane I pour y détenir le ministère de la Solidarité, de la Femme, de la Famille et du Développement social.
Le deuxième gouvernement de Benkirane (10 octobre 2013 - 5 avril 2017) comprenait, lui, six femmes, et le premier gouvernement de El Otmani (5 avril 2017 - 9 octobre 2019) pouvait même se prévaloir de huit femmes.
Pour la société civile, un effort doit être fait à l’avenir. «Nous sommes convaincus que notre pays et nos partis politiques regorgent de compétences féminines capables de gérer des ministères clés tels que l'économie, le social, l’industrie, les finances, l’emploi, la jeunesse, la culture, les secteurs des services…», poursuit Omayma Achour.
On ose, ceci dit, espérer que même si nos femmes ministres sont en arrière-plan dans les photos officielles, elles sauront occuper les premières places dans l’action gouvernementale.
Par O.L