Alors que le contexte social et politique marocain connaît des tensions accrues, le parti de l'Istiqlal (PI) a soumis au Chef de gouvernement ses propositions pour une loi de finances rectificative. Au menu : amélioration des revenus, protection du pouvoir d’achat, soutien de l’emploi… Bref, une batterie de mesures visant à raccommoder une société qui navigue en eaux troubles. Détails.
Le mémorandum adressé à El Othmani contient une série de mesures à caractère social qui, selon le parti, sont “nécessaires et urgentes pour pouvoir faire face à la cherté de la vie, améliorer le pouvoir d’achat des citoyens et soutenir l’emploi des jeunes”.
Pour le parti dirigé par Nizar Baraka, la lenteur manifestée par le gouvernement dans la prise en considération des besoins et des attentes légitimes des citoyennes et des citoyennes a pesé considérablement sur la paix sociale. Cette situation se suffit à elle-même pour créer un climat de défiance et de crainte pour l’avenir servant de base à diverses formes de manifestations à l’instar du phénomène du boycott qui sévit depuis plusieurs semaines, déplorent les istiqlaliens.
Améliorer les revenus
Selon le document, le parti propose d’instaurer une hausse des salaires en deux étapes avec une augmentation de 200 DH pour les fonctionnaires à partir du 1er juillet 2018. Le montant et les délais de mise en œuvre au cours de l’année 2019 de la 2ème augmentation devront être fixés dans le cadre du dialogue social.
Aussi, d’augmenter le plafond des revenus annuels exonérés d’impôts de 30.000 à 36.000 DH. Sur le plan fiscal, il prévoit une déduction fiscale des frais de scolarité plafonnée à 6000 dirhams par an et par enfant scolarisé dans le secteur privé. Autre disposition pour améliorer les revenus : la mise en application, à partir du 1er juillet 2018, du mécanisme d’indexation du SMIG à l’inflation dans le secteur privé.
Protection du pouvoir d’achat du citoyen
Le pouvoir d’achat de l’écrasante majorité des familles marocaines est en forte détérioration. Sur ce point, le message du parti de la balance au gouvernement était on ne peut plus clair. “Vous n’êtes pas sans savoir que les familles marocaines sont de moins en moins capables de faire face à leurs dépenses essentielles. Cette dégradation s’est accélérée durant les derniers mois sans espoir ni signal de la part de votre gouvernement indiquant un horizon prochain d'amélioration ou annonçant la fin de la détérioration du pouvoir d’achat”
Pour alléger l’impact de la hausse des cours internationaux sur le pouvoir d’achat des citoyens, l’istiqlal entend mettre en œuvre un système flexible de calcul des taxes intérieures de consommation sur l’importation des hydrocarbures en lien avec le niveau des cours internationaux (une forme de TIPP flottante). Mettre en place des mécanismes prévisionnels pour être en mesure de faire face à l’impact de l’évolution des cours internationaux sur le pouvoir d’achat des citoyens.
Soutien l'emploi
L’emploi est l’autre problématique que l’Istiqlal veut résoudre à travers sa Loi de finances rectificative. En cela, ils suggèrent l’élargissement des exonérations d’impôts et de charges sociales pour les nouveaux recrutements dont les salaires sont plafonnés à 10.000 DH bruts octroyées aux entreprises créées entre le 1er janvier 2015 et le 31 décembre 2019 à toutes les PME, coopératives et associations. L’allocation des budgets nécessaires à la mise en œuvre de la réforme des Centres Régionaux d’Investissement et à la mise en place des nouvelles agences régionales pour la promotion de l’emploi. Et enfin, l’octroi des budgets nécessaires pour exécuter la nouvelle mesure relative à la rémunération des stages octroyés aux diplômés dans les administrations, les établissements publics et les collectivités territoriales.
Les deux groupes parlementaires du Parti de l’Istiqlal, rappellent El Othmani que la lenteur dans la mise en œuvre de mesures volontaristes urgente pour soutenir l’emploi par son gouvernement, a eu pour conséquence “la perte de milliers d’opportunités d’emplois causée par la détérioration de la confiance des opérateurs économiques.”
Equilibres budgétaires
Dans le but de préserver les grands équilibres budgétaires, le PI invite le gouvernement à y investir les nouvelles marges budgétaires issues des prévisions actualisées concernant les récoltes agricoles, “prévisions revues à la hausse de près de 25% par rapport aux hypothèses de la loi de finances” peut-on lire sur le document. Ce qui aura un impact positif sur la croissance et la consommation des ménages. Et également celles issues, de l’actualisation des hypothèses qui ont servi de base à l’élaboration de la loi de finances 2018 et notamment des cours du pétrole qui dépassent de plus de 10 dollars US en moyenne les 60 dollars US par baril retenus par le gouvernement dans la loi de finances actuelle. Pour eux, cette actualisation assurera des recettes supplémentaires, notamment en ce qui concerne la TVA à l’importation et les droits de douanes relatifs aux hydrocarbures.
Au final, en tant que force d’opposition, le PI espère que le contenu de ce mémorandum fera l’objet, de la part de du gouvernement, de l’attention, de l’étude et de la mise en œuvre urgentes qu’il mérite. “Cela permettra d’agir concrètement afin d’alléger le fardeau des familles marocaines face à la cherté de la vie et d’apporter des réponses aux attentes légitimes des citoyennes et des citoyens et notamment des catégories sociales démunies et des classes moyennes qui sont les plus touchées par la conjoncture socio-économique actuelle.” ont-il conclu.