Ils estiment qu’il n’a pas pris en considération le contexte particulier et difficile actuel. C’est le dernier PLF du mandat de ce gouvernement.
Par C. Jaidani
Le projet de Loi de Finances 2026 était particulièrement attendu. Dès sa publication, il a immédiatement suscité des réactions de l’ensemble des partis politiques, des associations professionnelles ainsi que de nombreux autres acteurs. Dans son intervention, le chef du gouvernement a souligné que le PLF 2026 s’inscrit dans la continuité de la stratégie conduite par l’Exécutif ces dernières années.
Il articule ses priorités autour de plusieurs axes majeurs : la consolidation de l’Etat social, la relance de l’investissement et de l’emploi, la poursuite des réformes structurelles ainsi que la préservation de la stabilité des finances publiques. Les formations de l’opposition ont été les premières à formuler de vives critiques à l’encontre du texte.
Le secrétariat général du Parti de la justice et du développement (PJD) a affirmé, à l’issue de la dernière réunion de la formation politique, que «le PLF n’est pas à la hauteur des défis auxquels est confronté le pays et n’a pas pris en considération le contexte actuel marqué par des incertitudes et des troubles sociaux».
Abdallah Bouanou, membre du secrétariat du parti et président de la Commission des finances à la Chambre des représentants, a indiqué que «ce PLF revêt une grande importance, puisqu’il sera exécuté pendant la dernière année du mandat de l’actuel gouvernement, marqué par différents enjeux tant sur le plan économique que social. Il ressort de ses différentes dispositions qu’il ne répond pas aux attentes des citoyens en ce qui concerne l’emploi ou la réduction des inégalités sociales et régionales».
Bouanou reconnaît toutefois «l’effort budgétaire conséquent consenti pour soutenir les secteurs de la santé et de l’enseignement», mais précise que «cette décision a été prise à la suite des instructions royales et non à l’initiative du gouvernement». Et de préciser que «l'objectif final sera les résultats atteints et non les effets d’annonce. Notre pays doit réduire les déficits et combler les retards constatés dans ces deux secteurs, qui influent sur le classement mondial de l’Indice de développement humain. L’urgence avec laquelle ces chantiers doivent être lancés ne doit pas omettre de veiller à la transparence et au respect de l’équité des marchés publics à attribuer».
Toujours dans l’opposition, le Parti du progrès et du socialisme (PPS) a lui aussi mis l’accent sur «le sprint final du gouvernement pour initier les différentes réformes et réaliser les chantiers structurants avant fin de son mandat».
Rachid Hamouni, membre du bureau politique du parti, a déclaré que «nous allons examiner le PLF 2026 pour apporter nos remarques, et éventuellement les amendements qui s’imposent. Le texte doit veiller à la réalisation des projets de nouvelle génération à caractère territorial pour soutenir les régions qui en ont besoin».
Nabila Mounib, secrétaire générale du parti socialiste unifié (PSU), relève pour sa part que «les indicateurs du Royaume ne sont pas satisfaisants tant aux niveaux économique que social. Les derniers chiffres du haut-commissariat au Plan (HCP) confirment ce constat. La pauvreté et l’analphabétisme atteignent des niveaux inquiétants. Le PLF 2026 ne comprend pas de dispositions pour relancer l’économie et créer des emplois».
La députée fait savoir que «de nombreuses familles démunies ne perçoivent pas la subvention de 500 DH. Ce programme de soutien social est à revoir pour qu’il soit équitable». Elle note par ailleurs que «le PLF 2026 ne comporte pas les réformes fiscales tant attendues, notamment l’élargissement de l’assiette et la réduction des exonérations». .
Certains partis de la majorité ont, eux aussi, critiqué le PLF 2026 à demi-mot. C’est l’exemple de l’Association des économistes istiqlaliens qui a estimé qu’il faut prendre avec beaucoup de précaution les hypothèses retenues par le PLF 2026, notamment le taux de croissance qui dépend de la pluviométrie. Les économistes préconisent de revoir le fonctionnement du Registre social unifié, qui exclut une partie de la population cible des programmes de subventions allouées.