Les dissensions apparues au sein du Parti de la Justice et de développement, suite à la mise à l’écart en avril dernier de Abdelilah Benkirane de sa fonction de Chef de gouvernement désigné, se sont ravivées avec la crise que connaît actuellement Al Hoceïma et sa région. Au sein du parti de la lampe, ce qui n’était que des fissures est devenu une plaie béante.
En effet, l’opposition larvée entre les nombreux partisans du secrétaire général du parti et ceux que l’ont peut désigner comme adeptes du compromis (les Othmanistes), a pris une nouvelle tournure, depuis les violences qui ont opposé lundi dernier à Al-Hoceïma, forces de l’ordre et manifestants.
Dans cet affrontement au sein du parti, les députés du PJD sont en première ligne. Ces derniers ont exprimé, par la voix de plusieurs parlementaires, leur soutien à ce qu’ils considèrent comme des manifestations pacifiques de citoyens réclamant des droits économiques et sociaux légitimes. Ils dénoncent dans le même temps, l’approche sécuritaire menée par le gouvernement, et les interventions jugées brutales des forces de l’ordre à l’encontre des manifestants. Une prise de position d’autant plus retentissante que ce gouvernement est dirigé par l’un des leurs, en l’occurrence Saad Eddine El Othmani.
L’unité et la discipline de parti dont se gaussait il y a encore peu le PJD est donc mise à rude épreuve. Hier au Parlement, Az El Arab Hlimi, député de la formation islamiste, a interpellé le ministre de l’Intérieur, Abdelouafi Laftite, à propos de l’emploi du gaz lacrymogène contre les manifestants d’Al Hoceima, le jour de l’Aïd.
Selon le quotidien Al Massae, qui cite des sources partisanes, les députés de la Lampe envisageraient même de quitter le gouvernement et de se positionner dans l’opposition, ce qui provoquerait, à coup sûr, une nouvelle crise politique majeure. Une réunion du secrétariat générale du parti est prévue aujourd’hui jeudi pour aborder cette question brûlante. A la manœuvre, Abdelilah Benkirane, qui présidera cette réunion.
El Othmani tente de reprendre la main
Etait-ce une coïncidence si, hier en fin de journée, le chef de gouvernement a tenu un discours après des semaines de silence ? Dans une déclaration à la presse, au sortir d’une réunion interministérielle regroupant les départements concernés par le programme «Al-Hoceima, Manarat Al moutawassit», El Othmani a exprimé son regret et sa tristesse suite aux événements douloureux, survenus lundi dernier à Al Hoceima et qui ont fait plusieurs blessés parmi les manifestants et les forces de l'ordre.
El Othmani a également ajouté que le gouvernement est mobilisé pour concrétiser les décisions prises dimanche par le Roi Mohammed VI en Conseil des ministres, et mener à bien le suivi de leur exécution.
Il a, de même, indiqué avoir demandé aux membres du gouvernement d'élaborer un rapport détaillé sur l'état d'avancement de ces projets et sur les contraintes rencontrées. Il les a également appelés à assoir une communication active et de proximité avec l'ensemble des acteurs concernés par ces projets aux niveaux local et régional, et à impliquer les instances élues et la société civile dans le suivi et l'évaluation des projets en question.
Bref, le Chef de gouvernement tente de reprendre la main sur un dossier qui l’a, semble-t-il, dépassé. Il tente également, par ces déclarations, de donner des gages de confiance à l’égard des militants de son parti. Peine perdue ? La réalité, est qu’El Othmani, malgré toute la bonne volonté du monde, est aujourd’hui à peine audible, et son gouvernement est plus que jamais sous pression.
A.E