Le conseil de gouvernement qui s’est tenu ce matin à Rabat a été l’occasion pour le Chef du gouvernement, Saad Eddine El Othmani, de s’exprimer sur les deux sujets brûlants de ce début d’année 2018 : la fin de la gratuité de l’enseignement, et la colère des habitants de Jerada, après la mort de Houcine et Jedouane, des frères âgés de 23 et 30 ans, dans une mine ancienne de charbon, le 22 décembre dernier.
El Othmani a tenu d’abord à démentir que son gouvernement projette de mettre fin à la gratuité de l’enseignement. «Cette affirmation est fausse», a-t-il affirmé devant les ministres.
Selon lui, le projet de Loi-cadre relatif à la réforme du système de l'éducation proposé devant le Conseil de gouvernement, ne remet nullement en cause le principe de la gratuité de l’enseignement.
Les dispositions envisagées dans le texte concernent seulement les frais d’inscription, appliquées pour les familles les plus aisées, a-t-il précisé. «La gratuité sera maintenue pour les familles vulnérables et les classes moyennes».
Le Chef de gouvernement justifie cette mesure par la nécessité d’assurer une plus grande égalité des chances entre les citoyens dans l’accès à l’enseignement.
El Othmani a aussi souligné que cette réforme avait trop tardée, et qu’elle est le fruit d’un large consensus entre les différents acteurs concernés, notamment le Conseil supérieur de l’enseignement, les syndicats, les partis politiques et la société civile, qui ont participé à l’élaboration de la vision 2030 présentée devant le Roi.
Jerada : «Nous allons poursuivre le retrait des licences minières à ceux qui ne respectent pas la loi»
Toujours en Conseil de gouvernement, El Othmani a exprimé ses «profonds regrets» suite au décès des deux mineurs à Jerada. Il assure être «très touché» par ce tragique évènement.
«Notre gouvernement a maintenu un contact continu avec les autorités locales et régionales. Nous avons tenu plusieurs réunions. Notre démarche au sein de l’Exécutif consiste à rester à l’écoute et répondre aux besoins légitimes des citoyens, dans la mesure du possible, que ce soit à Jerada, où ailleurs au Maroc».
El Othmani n’a pas manqué de relever les difficultés que rencontre le secteur minier au Maroc. Le gouvernement, a-t-il ajouté, est conscient de la problématique que créé l’octroi des licences, en particulier en cas de non respect des engagements et des cahiers des charges par les opérateurs concernées, ou le non respect du droit du travail.
«C’est la raison pour laquelle 1.400 autorisations d’exploitations ont été retirées à l’échelle du pays». En contrepartie de ces retraits, ajoute-t-il, le gouvernement est prêt à délivrer des autorisations aux opérateurs respectueux de la réglementation et du droit des ouvriers, sachant qu’à Jerada, des promesses avaient été faites concernant l’octroi de nouvelles autorisations, où la création de coopératives d’explorations.
Le Chef du gouvernement a par ailleurs reconnu qu’il existe des régions sinistrées au Maroc, que ce soit pour des raisons historiques ou autres. Ces régions ne profitent pas assez des fruits de la croissance économique du pays. «Elles ont besoin de plus d’attention, et c’est ce que nous allons faire à Jerada», a dit El Othmani, par la «concrétisation de promesses de développement antérieures, et la mise en place de nouveaux programmes de développement».