Sur 39 membres, le gouvernement El Othmani ne compte que 8 femmes.
Féminiser la scène politique passe par faire évoluer les mentalités.
«L’Etat œuvre à la réalisation de la parité entre les hommes et les femmes. Il est créé, à cet effet, une Autorité pour la parité et la lutte contre toutes formes de discrimination» : c’est ce que dit la Constitution marocaine.
La représentativité des femmes dans la sphère politique reste néanmoins très faible au Maroc, comme en témoigne notamment la composition de l’actuel gouvernement.
Malgré la parité consacrée par la Constitution, le gouvernement El Othmani, de 39 membres, ne compte que 8 femmes, soit un ratio de 20% (voir encadré).
Les femmes investissent certes de plus en plus l’espace politique, devenu le chantre des revendications de leurs droits et libertés, aux côtés notamment des actions menées par les mouvements féministes dans ce domaine. Mais leur intégration politique reste encore très insuffisante et traduit de manière flagrante que, jusqu’à présent, les termes consacrant la parité dans la Constitution peinent à être restitués de manière factuelle.
Et ce débat s’invitera dans le champ public pour longtemps encore. Car la scène politique restera largement dominée par les hommes et la parité confinée à une clause de style tant que les mentalités n’auront pas évolué. Et comment changer les mentalités quand les responsables politiques véhiculent, dans ce Maroc moderne, certaines idées rétrogrades ? L’on se souvient, à ce titre, des propos polémiques de l’ancien chef de gouvernement, Abdelilah Benkirane, qui a comparé la femme à «un lustre qui illumine le foyer».
Ces propos symbolisent, à eux seuls, l’ampleur du combat à mener pour édifier une société plus égalitaire, plus respectueuse des droits et libertés des femmes et qui sera un rempart contre le machisme ambiant.
Il faudra donc faire preuve de patience pour voir le microcosme politique se féminiser davantage. Peut-être alors qu’on épargnera aux citoyens désabusés cette image pathétique de la chose politique, comme notamment la bataille d’égo et de testostérone qui se joue au sommet de l’Etat. Car, comme vous l’avez sans doute remarqué, les femmes sont restées à l’écart des polémiques et de la guéguerre entre ministres de la coalition gouvernementale. Elles font leur job discrètement, pendant que les hommes bandent les muscles. ■
Les 8 femmes du gouvernement
Bassima El Hakkaoui : Ministre de la Famille, de la Solidarité, de l’Egalité et du Développement social
Mbarka Bouaida : Secrétaire d’Etat chargée de la Pêche maritime
Jamila El Moussali : Secrétaire d’Etat chargée de l’Artisanat et de l’Economie sociale
Mounia Boucetta : Secrétaire d’Etat auprès du ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale
Fatna Lkhiyel : Secrétaire d’Etat chargée de l’Habitat
Rkia Derham : Secrétaire d’Etat chargée du Commerce extérieur
Lamia Boutaleb : Secrétaire d’Etat chargée du Tourisme
Nezha El Ouafi : Secrétaire d’Etat chargée du Développement durable