Réseaux sociaux : Être parent à l'ère des écrans

Réseaux sociaux : Être parent à l'ère des écrans

De la faible estime de soi au risque accru de suicide et de dépression, les effets négatifs des médias sociaux sont une nouvelle fois pointés du doigt. Dans cet article, la psychologue et psychothérapeute, Hafsa Abouelfaraj, parle des dangers potentiels des enfants utilisant les médias sociaux.

 

Par K.O

L’ utilisation des médias sociaux est l'une des activités les plus courantes des enfants et des adolescents d'aujourd'hui. Il s'agit de la première génération d'enfants à avoir grandi avec Internet et les médias sociaux comme une présence constante dans leur vie dès leur plus jeune âge. Pour cette raison, les parents, les éducateurs, les professionnels de la santé mentale et les chercheurs s'inquiètent de la façon dont ces plateformes affectent les taux de développement et le bien-être général à l'âge adulte. Ce sujet a pris plus d’ampleur ces dernières années notamment, lors de l'affaire des «Facebook Files», concernant les conséquences néfastes d'Instagram sur les mineurs.

L’une des révélations importantes a été la découverte que la société avait mené des recherches détaillées sur la façon dont Instagram affectait les adolescents, mais n'a pas partagé ses conclusions lorsqu'elles suggéraient que la plateforme était un endroit «toxique» pour de nombreux jeunes. S'intéressant à l'impact de ces plateformes selon l'âge des adolescents, une étude de l'Université britannique de Cambridge, réalisée récemment sur 84.000 personnes entre 10 et 80 ans au Royaume-Uni, indique que les réseaux sociaux peuvent avoir des conséquences délétères sur les adolescents lorsque ceux-ci les utilisent à certaines périodes charnières de leur vie. L'étude s'est concentrée plus spécifiquement sur 17.000 individus âgés de 16 à 21 ans. Chez ces derniers, elle montre un parallèle entre l'utilisation soit intensive, soit minime des réseaux sociaux, et une santé mentale dégradée.

 

Impact sur les enfants

«L'un des risques d'usage chez les enfants est d'en faire un usage trop important qui peut conduire à une addiction. D'autres conséquences sont possibles sur le métabolisme de l'enfant, notamment une diminution du temps du sommeil ou de l'activité physique. Des cas plus graves peuvent se développer, comme l'anorexie chez les adolescents qui ont le désir de ressembler à leur modèle croisé sur le Net», explique le Dr Hafsa Abouelfaraj.

D'autres conséquences ont été soulevées par plusieurs autres études, notamment l'isolement, l'anxiété sociale, la dépression qui peut conduire à des agissements suicidaires et à une modification des modes relationnels des enfants entre eux, et ce qu'ils donnent à voir de leur vie et de leur intimité. Une étude menée par l'Université de Sheffield en 2016 sur 4.000 enfants a montré que plus le temps que passent les enfants à discuter en ligne augmente, moins ils se sentent heureux de leur vie et de leur estime de soi, qui va baisser à cause des comparaisons. Ils ont conclu que l'excès de temps sur les réseaux sociaux réduit la satisfaction que les enfants ressentent avec tous les aspects de leur vie, à l'exception de leur amitié.

«L’inscription sur les réseaux sociaux comme Snapchat, TikTok, Instagram et autres est théoriquement interdite avant 13 ans. Néanmoins, une grande partie des préados savent contourner cette règle sans problème. Des statistiques ont révélé que 65% des 10-14 ans ont d'ailleurs un compte sur un réseau social et que 60% regardent régulièrement seuls des vidéos en ligne sur des plateformes comme YouTube», précise la psychologue.

 

Les solutions proposées

Pour pallier ce problème, «il faut discuter dès la petite enfance des notions comme le consentement, le droit à l'intimité, à l'image, parler à son enfant des usages parentaux, des réseaux sociaux. Commenter avec lui les contenus postés permet de les préparer à mieux les utiliser quelques années plus tard». «Le psychiatre Serge Tisseron, qui a imaginé les balises ou la règle des trois, six, neuf, douze pour servir de repères dans l'utilisation des écrans pour les enfants, conseille aussi de commencer dès six ans à discuter de l'âge où l'enfant aura son premier téléphone mobile et de fixer des règles familiales respectées par tous, notamment pendant les repas et pas la nuit».

Pour Dr Hafsa Abouelfaraj «il ne faut ne pas oublier d'investir des activités dans la vie réelle aux dépens de la vie virtuelle. Plus ils surfent en sécurité sur Internet et moins ils encourent le risque de devenir des victimes ou des auteurs de délits sur Internet … La règle d'or, c'est que si l'on aperçoit que son enfant a une conduite excessive, notamment s'il y a des signes de rupture du lien social, il ne faut pas hésiter à demander de l'aide auprès d'un spécialiste pour essayer de comprendre pourquoi l'enfant trouve refuge sur Internet et dans les réseaux sociaux».

 

 

 

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