Aux origines du gaming au Maroc : l’envers du décor technique

Aux origines du gaming au Maroc : l’envers du décor technique

Après avoir exploré l’histoire du gaming et la montée en puissance de l’e-sport dans nos précédents articles, ce troisième chapitre s’intéresse à un aspect souvent oublié : les enjeux techniques du secteur.

 

Par K. A.

Entre les passionnés de jeux vidéo et leurs rêves de setups ultra-performants, il y a parfois un océan de pixels… et une connexion Internet qui rame. Au Maroc, les équipements de gaming haut de gamme restent un luxe dont peu peuvent se vanter. Si l'aspiration à ces équipements de qualité est forte, les joueurs doivent néanmoins faire face à des défis bien réels. Cette quête de performance se reflète dans les tendances mondiales, où les GPU et CPU dominent le marché du matériel de jeu. En 2024, ces composants ont atteint des tailles de marché impressionnantes, avec 73 milliards de dollars américains pour les GPU et 34 milliards pour les CPU, selon Statista.

«Derb Ghallef, c’est le premier réflexe quand tu veux acheter une carte graphique ou un clavier mécanique. On y trouve de tout, du neuf comme de l’occasion, souvent à des prix plus abordables que dans les magasins spécialisés», raconte Othmane, un passionné de hardware. Malgré sa popularité, Derb Ghallef n’est pas le seul acteur à répondre à la demande des gamers. Des revendeurs comme SetupGame, UltraPC, NextLevel et Versus Arena ont su s’imposer.

Ces revendeurs spécialisés, en plus de leur offre variée, se distinguent par un service plus structuré, des conseils techniques personnalisés et un service après-vente souvent plus fiable. Ce secteur commence à évoluer vers une approche plus formelle et experte, bien qu'il ne puisse encore rivaliser avec la diversité de produits disponibles à Derb Ghallef. Ces acteurs sont essentiels dans la transformation du marché local. Ils proposent des configurations ultra-performantes, équipées des composants les plus récents et recherchés.

Des coûts qui pèsent !

Cependant, la réalité du marché reste complexe. Bien que l’approvisionnement en matériels ait largement progressé grâce à ces différents acteurs, le prix des composants demeure un frein à considérer. En effet, l'importation de matériel de qualité est souvent synonyme de coûts élevés, d'autant plus qu'il faut tenir compte des taxes d’importation et des frais de transport. Par conséquent, les gamers doivent faire face à des choix difficiles : investir dans du matériel coûteux ou adapter leur configuration en fonction de leur budget.

Un setup gaming, aujourd'hui, reste un investissement conséquent. Un joueur occasionnel peut s’équiper pour environ 8.000 à 9.000 dirhams, avec une configuration basique comprenant un processeur Ryzen 5, 16 Go de RAM et une RTX 4060. En revanche, pour ceux aspirant à une expérience plus fluide et professionnelle, notamment les streamers ou joueurs compétitifs, la facture peut rapidement grimper entre 13.000 et 16.000 dirhams.

«Si vous pensez que tout ce qu’il faut pour devenir un gamer pro, c’est une carte graphique dernier cri, détrompez-vous. La vraie bataille, c’est celle de la connexion Internet. Une fibre qui tarde à se déployer et une 4G qui ne suit pas, et voilà qu’un setup à 15.000 dirhams peut être totalement gâché par un simple lag», explique Anouar, technicien informatique. Mais même avec les meilleurs équipements, une expérience de jeu optimale reste dépendante d’un facteur souvent ignoré : la connectivité. En dépit des efforts réalisés pour étendre la couverture fibre optique dans les grandes villes, le Maroc demeure inégalement connecté. Les zones périphériques et rurales continuent de dépendre de l'ADSL ou de la 4G, bien loin des débits requis pour des sessions de gaming compétitives.

«Les coupures de connexion et la latence sont un vrai problème. Quand tu joues à un jeu comme Valorant ou Call of Duty Warzone, chaque milliseconde compte», explique Mehdi, joueur semi-professionnel. D’après les derniers chiffres de l'ANRT, 919.000 foyers étaient connectés à la fibre optique à la fin du T1 2024, avec une progression annuelle moyenne de 57% entre 2020 et 2023. Face à cette situation, certains gamers tentent de contourner les difficultés en investissant dans des solutions comme des routeurs 4G plus performants ou en optant pour des abonnements fibre plus coûteux. «Un bon abonnement fibre, c’est minimum 500 dirhams par mois, et tout le monde ne peut pas se le permettre», souligne Anouar.

Face à ces limitations, une nouvelle génération de gamers marocains émerge, plus résiliente et déterminée que jamais. Plutôt que de se laisser freiner par des coûts élevés ou une connexion capricieuse, ils apprennent à tirer parti de l’existant et à transformer leurs setups pour offrir des performances proches de la perfection. 

 

 

 

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