Aux origines du gaming au Maroc : petite arène, grandes ambitions

Aux origines du gaming au Maroc : petite arène, grandes ambitions

Le gaming au Maroc, longtemps marqué par la débrouillardise et une passion brute, se transforme aujourd’hui en un véritable secteur organisé. Deuxième partie de notre série «Aux origines du gaming au Maroc», cet article montre comment le pays passe d’une communauté de passionnés à une industrie dynamique, portée par l’e-sport, les streamers et des initiatives locales.

 

Par K. A.

Autrefois limité aux cybercafés, le gaming compétitif au Maroc a évolué pour devenir une discipline reconnue et mieux structurée. Ce changement s’est accéléré en 2019 avec la création de la Fédération royale marocaine des jeux électroniques (FRMJE), qui encadre et développe l’e-sport dans le pays. Ces dernières années, le Maroc a aussi fait ses premiers pas sur la scène internationale en participant à des compétitions prestigieuses telles que la FIFAe Nations Series et la FIFAe World Cup.

En parallèle, le pays a accueilli des événements de renom comme le Casablanca World Fighters et le Championnat africain d’eSports (AEC24). Avant, tout se faisait de manière informelle. Les joueurs organisaient leurs propres tournois avec très peu de moyens. Aujourd’hui, les choses sont beaucoup plus claires. La fédération donne un cadre, ce qui attire des sponsors et motive les joueurs. 

«Sans la FRMJE, nous n’aurions jamais pu être éligibles pour la FIFA eNations Cup et bien d’autres tournois, comme ceux de l’IESF. En seulement quatre mois, la fédération a réussi à obtenir sa première qualification pour la Coupe du monde FIFA. Nous sommes le seul pays d’Afrique à avoir accompli cet exploit», déclare Saad Bassy, coach de l’équipe nationale. Cependant, bien que la reconnaissance progresse, l’e-sport au Maroc reste confronté à des défis significatifs.

Selon un rapport de la Fédération internationale de l’esport, les infrastructures dans la région MENA sont encore insuffisantes pour soutenir les joueurs de haut niveau. Ce constat se reflète dans les propos de Soufiane RG, joueur professionnel spécialisé dans la FIFA :  «Le potentiel est énorme ici, mais les joueurs ont besoin de soutien à long terme, notamment financier, surtout pour s’entraîner dans de bonnes conditions.»

Les streamers, fers de lance du secteur

Tandis que l’e-sport gagne en popularité, les streamers marocains participent largement à renforcer et structurer la communauté gaming. Des plateformes comme Twitch, YouTube Gaming et TikTok permettent à ces créateurs de contenu de toucher un public jeune et engagé. En 2023, ils ont généré près de 2,5 millions d’heures de visionnage cumulées sur Twitch, un chiffre en hausse de 20% par rapport à 2022.

«Être streamer, ce n’est pas simple»,  confie Chakir Abdelhak, alias Stark, expert en gaming et ancien joueur au sein de «The Black Lotus», une équipe iconique de la scène League of Legends. Les progrès sont indéniables, mais les failles persistent : des connexions Internet parfois instables freinent encore les ambitions des joueurs compétitifs. De plus, les sponsors hésitent encore à s’engager pleinement dans une industrie qui est toujours en développement. 

Aujourd’hui membre de la team Versus Arena, Chakir explique qu’«entre les problèmes de connexion et le coût élevé du matériel, on doit faire face à beaucoup de difficultés. Mais malgré ça, on continue, parce que c’est notre passion».  Grâce à leurs propres efforts, certains streamers ont réussi à élargir leur audience audelà des frontières nationales. Ils attirent des spectateurs en Europe et au Moyen-Orient, grâce à des contenus multilingues.  «Il faut le reconnaître, certains streamers travaillent dur pour unir la communauté. Ce sont eux qui poussent le gaming à sortir de l’ombre à l’étranger», ajoute Chakir.

Des initiatives pour structurer l’industrie

Outre les performances des joueurs et des streamers, des initiatives publiques et privées visent à structurer l’industrie du gaming. En 2022, le projet Rabat Gaming City a été annoncé comme une future plateforme dédiée aux jeux vidéo et à l’e-sport, avec l’ambition d’attirer des investisseurs et de créer des emplois dans le secteur. D’autres projets, comme le programme «Video Game Creator», lancé en partenariat avec Isart Digital, offrent aux jeunes des opportunités de formation dans le domaine du développement de jeux vidéo.

Ces initiatives témoignent d’une volonté de transformer le Maroc en un acteur clé, non seulement en tant que consommateur, mais aussi comme créateur de contenu vidéoludique. Pour Chakir, «le Maroc a tout pour réussir. Nous avons les talents, une culture gaming riche et un marché en pleine expansion. Avec une vision claire et un soutien concret, l’industrie peut vraiment décoller».

 

 

 

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