Au-delà des frontières financières, cette révolution technologique trouve des applications innovantes dans divers domaines.
Dans l’univers complexe et interconnecté de la technologie, la blockchain, souvent associée aux cryptomonnaies, se révèle bien plus qu’une révolution financière. Avec un taux de croissance annuel composé de 56,3%, l’industrie de la blockchain vaudra 163,83 milliards de dollars d’ici 2029. Au Maroc, l’un des secteurs les plus impactés par l’adoption de la blockchain est sans conteste la logistique. Les chaînes d’approvisionnement, traditionnellement sujettes à des complexités et des retards, bénéficient de la transparence et de la sécurité offertes par la blockchain.
Des entreprises de premier plan, telles que Tanger Med Port Authority et la Banque Centrale Populaire (BCP), ont signé des accords visant à intégrer cette technologie pour permettre une traçabilité en temps réel, un partage d’informations sécurisé et une optimisation des processus, contribuant ainsi à la compétitivité du Royaume sur la scène internationale. «L’exemple de la logistique est édifiant, puisque plusieurs acteurs font partie de la chaîne de valeur du secteur. A titre illustratif, citons l’administration de la Douane pour l’importexport, les transporteurs, les exportateurs, les opérateurs portuaires, etc. L’utilisation de la blockchain, gage de sécurité et de transparence, permet ainsi de faciliter l’interaction entre ces différents acteurs, avec en prime un gain de temps substantiel, puisque le traitement des opérations peut se faire de façon parallèle», souligne Badr Bellaj, CTO de Mchain, et spécialiste de la blockchain. Grâce à l’intégration de la blockchain, le Maroc transcende les frontières traditionnelles du commerce.
Le Groupe OCP, leader mondial de phosphates, a réalisé une opération d’une valeur de près de 400 millions de dollars à travers l’expédition réussie de milliers de tonnes d’engrais vers l’Ethiopie. Ainsi, le groupe devient la première entreprise africaine à exécuter une transaction commerciale intra-africaine utilisant la technologie blockchain. Le domaine de la santé n’est pas en reste dans cette révolution numérique. D’après Statista, il est prévu que 55% des applications de santé auront adopté la blockchain pour un déploiement commercial d’ici 2025. Pour le ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et de l’Innovation, Abdellatif Miraoui, «la pénétration croissante des technologies digitales dans le secteur de la santé offre des perspectives positives en termes d’amélioration de l’efficacité des soins de santé, d’accessibilité aux services et de personnalisation des traitements».
Des applications variées, telles que la téléconsultation, la télémédecine, l’intelligence artificielle, l’Internet des objets et la blockchain se combinent pour révolutionner la prestation des soins de santé au Maroc. «Imaginez avoir un accès immédiat et sécurisé à votre dossier médical à tout moment, n’importe où. La blockchain peut stocker ces données de manière décentralisée, offrant un accès continu et sécurisé. En cas d’urgence médicale, les médecins peuvent obtenir rapidement des informations cruciales sans compromettre la sécurité des données», avait déclaré précédemment dans nos colonnes Sofiane Gadrim, directeur des nouvelles technologies (CTO) et co-fondateur d’Atela. Au cœur de l’évolution numérique mondiale, les institutions financières au Maroc embrassent la révolution de la blockchain pour transformer la manière dont elles effectuent les transactions et offrent des services à leurs clients. «Certains sont déjà à des stades opérationnels, tandis que d’autres sont encore à des stades expérimentaux. Cette variété d’utilisations témoigne de l’élan positif vers une adoption généralisée de la technologie blockchain dans le pays», selon Bellaj.
Deux des principales banques marocaines, Attijariwafa bank et Bank of Africa, ont annoncé des initiatives majeures qui marquent une avancée significative dans l’adoption de la blockchain. La première a marqué une avancée significative en rejoignant RippleNet, le réseau de paiements transfrontaliers basé sur la blockchain de Ripple. Cette initiative vise à accélérer la distribution mondiale des paiements. Grâce à RippleNet, la banque peut désormais faciliter des transferts transparents, sécurisés et instantanés avec plus de 200 banques et opérateurs de transfert à l’échelle mondiale. Cela permet à Attijariwafa bank d’élargir ses services de transferts internationaux, en particulier pour répondre aux besoins de la diaspora marocaine.
De son côté, la filiale de BOA, BMCE Capital, a lancé la révolutionnaire BK TradeChain. Cette plateforme basée sur la blockchain Ethereum facilite le traitement d’opérations de gré à gré sur le marché financier marocain, couvrant divers domaines tels que les opérations monétaires et les prêts/emprunts de titres. Grâce à des smart contracts intégrés, BK TradeChain permet un traitement plus rapide et efficace des opérations, améliorant l’expérience des clients finaux tout en garantissant un niveau de sécurité optimal. En 2022, le nombre de personnes qui détiennent des cryptomonnaies au Maroc a atteint 1,15 million, générant un PIB par habitant de 8.612 dollars. Lors de la réunion de la Banque centrale en juin dernier, le wali avait annoncé qu’un projet de loi sur les cryptomonnaies était en cours d’élaboration, permettant d’allier innovation, technologie et protection du consommateur.
«La réglementation des cryptomonnaies au Maroc pourrait avoir des effets positifs sur l’économie du pays, en créant une nouvelle industrie et en attirant des investissements», précise Bellaj. La blockchain se présente comme un pilier fondamental de l’innovation au Maroc. Des applications novatrices dans la logistique, la santé, le secteur portuaire et la finance redéfinissent la manière dont les entreprises opèrent et interagissent. Alors que des défis réglementaires persistent, l’élan positif vers une adoption généralisée de la blockchain témoigne d’une vision audacieuse pour l’avenir numérique du Maroc.