Aéronautique : à pleine altitude malgré les vents contraires

Aéronautique : à pleine altitude malgré les vents contraires

L’industrie aéronautique poursuit son ascension avec une constance remarquable. À fin avril 2025, les exportations du secteur ont atteint 9,5 milliards de dirhams, en hausse de 14% par rapport à la même période de l’année précédente, selon les dernières données de l’Offi ce des changes. Ce résultat confi rme la dynamique enclenchée ces dernières années, avec une performance record de 26,45 milliards de dirhams en 2024.

Avec près de 150 entreprises opérationnelles et plus de 20.000 emplois directs, l’aéronautique s’affirme aujourd’hui comme l’un des piliers industriels du Royaume. La contribution du secteur au PIB industriel est estimée à environ 2,5%, un poids symbolique mais en croissance constante. Le tissu productif s’est étoffé et diversifié, notamment autour de deux segments majeurs : l’assemblage de sous-ensembles aéronautiques, qui représente la part la plus importante des exportations, et les systèmes électriques embarqués (EWIS), qui poursuivent leur montée en gamme.

Si la progression repose sur des fondamentaux solides (infrastructure, position géographique, stabilité politique et climat d’affaires favorable), elle est aussi le fruit d’une stratégie industrielle volontariste. Le Plan d’accélération industrielle 2021-2025 a mis l’accent sur l’intégration locale, avec un objectif affiché d’atteindre 50% de contenu produit sur place. Fin avril 2025, ce taux se situe entre 40 et 43%, une performance qui traduit à la fois les efforts de structuration de la filière et le besoin de franchir un nouveau palier.

Au cœur de cette stratégie, l’écosystème aéronautique, concentré dans les zones industrielles de Nouaceur, Casablanca, Kénitra ou encore Tanger, s’est organisé pour répondre aux standards internationaux. Des leaders mondiaux comme Safran, Boeing, Spirit AeroSystems ou encore Collins Aerospace ont renforcé leur présence dans le pays, en misant sur l’efficacité opérationnelle, la proximité logistique avec l’Europe, et une main-d’œuvre locale de plus en plus qualifiée. Les centres de formation spécialisés, à l’image de l’Institut des métiers de l’aéronautique ou de l’Académie internationale Mohammed VI de l’aviation civile, jouent un rôle clé dans ce dispositif. Mais les défis restent nombreux.

Le contexte mondial demeure incertain, et la montée en puissance de pays asiatiques dans les chaînes de soustraitance impose une compétitivité sans faille. La pression sur les coûts, la nécessité de renforcer la réactivité industrielle et les exigences croissantes en matière de durabilité obligent le secteur à investir massivement dans l’innovation, la digitalisation et l’écoconception. Les préoccupations environnementales deviennent centrales, notamment pour rester aligné avec les priorités des grands donneurs d’ordres qui intègrent désormais des critères «verts» dans leurs cahiers des charges. Par ailleurs, l’ouverture africaine constitue une autre dimension stratégique.

Le Maroc, fort de son expérience et de ses infrastructures, ambitionne de devenir un hub régional au service du développement aéronautique continental. Le Marrakech Air Show, organisé en mai 2024, a été l’occasion de renforcer cette ambition à travers des partenariats sud-sud et des projets de coopération industrielle et logistique. À court terme, le cap est clair : il s’agit de consolider les acquis, d’accroître la part de la valeur ajoutée produite localement, et d’augmenter significativement le nombre d’emplois industriels liés à la filière.

À moyen terme, la montée en compétences, l’élargissement des segments d’activité vers la maintenance (MRO), les moteurs ou encore les services d’ingénierie, devraient permettre au Maroc de franchir une nouvelle étape dans son développement aéronautique. À condition de poursuivre ses efforts d’intégration, de formation et d’innovation, le Royaume pourrait, dans les prochaines années, s’imposer comme l’un des centres de gravité de l’aéronautique en Méditerranée et en Afrique. Le cap des 30 milliards de dirhams à l’export semble désormais à portée d’altitude.

 

 

 

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