◆ Après une année budgétaire atypique, le gouvernement s’apprête à élaborer son projet de Loi de Finances 2021 dans un contexte toujours incertain.
◆ Rationalisation des dépenses, réforme du secteur des EEP et généralisation de la couverture sociale sont les priorités du gouvernement.
Par Y. Seddik
Pour l’État, il n’est plus question de dérapage sur ses ressources financières réduites comme une peau de chagrin à cause de la crise. La rigueur budgétaire et la rationalisation des dépenses seront de mise pour baliser le terrain à une reprise économique espérée sans à-coups. Le chef du gouvernement le préconise d’ailleurs dans une lettre de cadrage relative à l’élaboration du Budget 2021 adressée récemment aux différents départements ministériels.
Ces derniers sont appelés, dans l'élaboration de leurs propositions au titre du PLF 2021, à rationaliser les dépenses au vu des répercussions de la crise actuelle sur l'économie nationale. Pour les dépenses des fonctionnaires, les ministères sont invités à réduire au strict minimum la création de postes budgétaires et à procéder au redéploiement des ressources humaines pour couvrir les besoins effectifs aux niveaux spatial et sectoriel, indique la lettre.
De même, le chef du gouvernement a recommandé une gestion optimale des dépenses de fonctionnement, à travers notamment l'incitation à l'utilisation des énergies renouvelables et des technologies d'efficacité énergétique ainsi que la réduction des dépenses dédiées aux études… Il s'agira aussi de la rationalisation des dépenses liées aux télécommunications, au transport et aux déplacements, à la location et à l'aménagement des sièges administratifs ainsi que celles de réception, de location et achats de voitures.
Du côté des dépenses d'investissement, la primature exhorte les départements ministériels à donner la priorité aux projets en cours de réalisation, spécifiquement ceux qui font l'objet de conventions nationales et internationales signées devant le Roi, et de recourir aux mécanismes innovants de financement, dont les partenariats public-privé (PPP).
En somme, l’on comprend que pour assurer l'équilibre financier de ce budget, l’État devra se serrer la ceinture. L’enjeu sera de mobiliser les ressources nécessaires pour la réalisation des projets de réforme annoncés récemment par le Souverain, tout en honorant les engagements budgétaires.
Généralisation de la couverture sociale : 1ère priorité du PLF 2021
Toujours dans la note de cadrage, El Otmani indique que «le gouvernement veillera à la mise en œuvre rapide de la généralisation de la couverture sociale à tous les Marocains, qui est un chantier annoncé par SM le Roi Mohammed VI dans le discours du Trône. Ce chantier permettra de généraliser l'Assurance maladie obligatoire (AMO) et des allocations familiales, avant de l'étendre aux autres couvertures sociales que sont la retraite et l'indemnité pour perte d'emploi», précisant que ce processus s'étalera sur les cinq prochaines années à partir de 2021.
On y apprend qu’un dialogue sera ouvert avec les professionnels concernés et les partenaires économiques et sociaux pour parachever l'élaboration d'un plan comprenant le calendrier, le cadre juridique et les options de financement afin d'atteindre une généralisation effective de la couverture sociale dans les délais.
Parmi les préalables de cette réforme, on note la réhabilitation des établissements hospitaliers, l'organisation des processus de traitement, la réforme des régimes et programmes sociaux existants et l'amélioration de la gouvernance de ces derniers notamment via l'activation du registre social unifié.
EEP : le «grand ménage»
Par ailleurs, la note fait ressortir qu'en application aux orientations royales, le gouvernement veillera à accélérer le lancement d'une réforme profonde du secteur public et à traiter les dysfonctionnements structurels des établissements et entreprises publics (EEP) pour une «meilleure complémentarité et harmonisation de leurs missions et une efficacité économique et sociale».
Rappelons que Benchaâboun avait indiqué que plus de 70 entités relevant du secteur EEP, qui «traînent depuis plus d'une décennie faute de volontarisme, notamment des tutelles techniques» seront liquidées. Dans ce contexte, une agence nationale sera créée pour assurer la gestion stratégique des contributions de l'État et évaluer les performances des établissements publics.