Le management de Marsa Maroc prend petit à petit ses marques au sein de son nouvel environnement financier fait d'analystes, d'investisseurs et de journalistes. Le succès de l'introduction en Bourse de l'opérateur portuaire place la barre automatiquement plus haut à chaque échéance. Mais le management évite les comportements pièges qui entretiennent le cours de Bourse à court terme, mais rendent la parole moins crédible à long terme. Le secteur est cyclique et le niveau d'activité ne dépend que rarement de la bonne volonté des dirigeants. Autant rester prudent et ne pas promettre la lune aux investisseurs, qui sont d’ailleurs déjà satisfaits de leur placement.
Mohamed Abdeljalil, président du Directoire de Marsa Maroc, et son équipe nous ont habitués à des discours modérés et des prévisions prudentes à chaque conférence de presse. Cette fois-ci encore, à l'occasion de la présentation des résultats du premier semestre, le management est resté fidèle à sa stratégie.
Des résultats en baisse
L'année démarre timidement pour la société portuaire avec un chiffre d'affaires consolidé de 1,27 Md de dirhams, en baisse de 0,2% par rapport à la même période en 2016. La société a souffert d'un recul du trafic du vrac solide et divers de 3%, contrebalancé par une progression du trafic conteneurisé de 3%. Heureusement, les prix ont évolué dans le bon sens sur l'ensemble des segments. Le résultat d'exploitation a atteint 373 MDH, en baisse de 13%. La société explique cette baisse par la prise en compte de charges de structure et de dotations aux amortissements en rapport avec la mise en service, en septembre 2016, du terminal à conteneurs 3 au port de Casablanca.
Le RNPG, lui, s'établit à 259 MDH et baisse de 9,5%, du fait du recul du résultat d'exploitation. «Fondamentalement, il n'y a pas de dégradation d'indicateurs qui ne soit pas expliquée par des investissements», a annoncé le patron de Marsa Maroc, faisant référence aux charges d'amortissement qui ont plombé le résultat d'exploitation. Il se dit d'ailleurs satisfait de la capacité du titre à résister en Bourse malgré cette baisse des indicateurs : «C'est intéressant de voir qu'il (le titre, ndlr) résiste malgré la baisse de certains indicateurs financiers. Les fondamentaux de l'entreprise sont les mêmes et resteront les mêmes d'ici la fin de l'année. Maintenant, les gens qui font le marché font des arbitrages. Je ne sais pas comment va évoluer le marché de la dette ni celui des actions». Et de conclure, sur un ton tout juste moqueur : «Je remercie le marché, même si je ne sais pas qui c'est».
Toujours en course au Ghana
Le 21 octobre 2016, Mohamed Abdeljalil annonçait que Marsa Maroc fait partie des 4 entreprises présélectionnées pour équiper un projet portuaire au Ghana, après avoir répondu à un appel d'offres public. La société était donc attendue sur ce sujet et sur le contrôle fiscal subi dernièrement. Sur le Ghana, le patron de la société portuaire a annoncé qu'il n'y avait rien de nouveau à ce sujet. «Nous attendons toujours, ce sont des projets à maturité longue. Pour un certain nombre de raisons propres au Ghana, ils ont été obligés de ralentir le processus, mais nous savons que Marsa Maroc est correctement positionnée sur ce projet», a-t-il annoncé. Par ailleurs, sur Kénitra et Nador, Marsa Maroc peut clairement se positionner sur ces projets, mais il est encore tôt, estime Abdeljalil. «Concernant Kénitra, nous ne savons même pas quand commenceront les constructions», précise-t-il.
Dividende : pas d'indication
Dans le Projet de Loi de Finances pour l'exercice 2017, le ministère des Finances avait donné des indications sur une remontée de dividendes plus élevée que prévue par Marsa Maroc. Résultat : le cours de Bourse avait nettement augmenté après la publication du Projet de Loi de Finances. Cette année, de l'avis de Mohamed Abdeljalil, le ministère des Finances ne commettra pas la même erreur.
«Cette année, le ministère des Finances a vraisemblablement décidé de ne pas détailler les dividendes qui remontent des entreprises publiques. Ce sera présenté en paquet. Donc, nous ne savons pas et ce n'est pas plus mal, car ce n'est pas logique que le dividende soit dévoilé avant le Conseil», déclare le patron de Marsa Maroc. Rappelons tout de même que le PLF 2018 sera présenté le 21 octobre au Parlement. ■
Le contrôle fiscal : «Nous ne disposons pas encore de chiffres»
Marsa Maroc avait signalé au marché qu'une opération de vérification de la comptabilité portant sur la TVA, l'IS, l'IR avait été menée et achevée par le Fisc le 7 septembre dernier. Elle concernait les exercices de 2013 à 2015. «Les résultats de cette vérification ne sont pas encore notifiés à la société. Une première réunion a été tenue pour connaître les chefs de redressement. On nous a promis un chiffre dans 2 semaines pour démarrer ensuite les négociations». Mais le management s'est dit confiant à ce sujet. «Avant, on se faisait peur. Aujourd'hui, la démarche du Fisc a changé et les montants notifiés sont souvent proches de la réalité. Pour l'instant, le montant n'est pas encore connu, ni chez eux (ndlr: le Fisc), ni chez nous», conclut Mohamed Abdeljalil.
A. Hlimi