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«L’affiliation des banques participatives à Maroclear ne pose aucun problème».

entretien Fathia Bennis Maroclear

 

Fathia Bennis, PDG de Maroclear, évoque les enjeux de la finance verte et celle participative, et le rôle joué par le dépositaire central pour réussir l’implémentation des nouveaux instruments financiers. Entretien.

 

Finances News Hebdo : Maroclear organise avec la Bourse de Casablanca et Finances News le 3ème meeting de l’information financière sous le thème de la finance participative et de la finance verte. Qu’est-ce qui a motivé le choix de ces deux thématiques ?

 

Fathia Bennis : Le choix des thématiques est toujours lié à des sujets d’actualité qui ont des impacts significatifs sur notre Place. Pour le rappeler, la première édition a été consacrée à la Big Data et la deuxième à la dématérialisation.

Cette année n’échappe pas à la règle. La Place de Casablanca a enregistré les premières émissions de green bonds et les premiers agréments de banques participatives ont été délivrés récemment. Nous sommes convaincus que ces nouveaux instruments constituent une source de développement stratégique pour notre marché et qu’ils méritent donc de faire l’objet d’une réflexion et d’un large débat entre l’ensemble des intervenants concernés.

Parallèlement aux nouveaux instruments précités, deux changements majeurs impacteront notre place, à savoir la flexibilité du Dirham et les nouvelles orientations en matière de règlementation des changes. Là aussi, ce sont des sujets d’actualité qui doivent faire l’objet d’un état des lieux et d’une introspection des perspectives.

 

F.N.H. : Comment s’organise et se prépare le dépositaire central pour faire face à l’émergence prochaine d’un marché de capitaux participatifs ?

 

F. B. : Nous avons accompagné favorablement les banques qui voulaient obtenir leurs agréments de banques participatives. Elles étaient en effet soucieuses des impacts que l’obtention des agréments en question pouvait avoir sur leurs activités de dépositaire et, par conséquent, sur leurs relations opérationnelles avec le dépositaire central. Les questions liées à la séparation des activités entre banque classique et banque participative n’étaient pas forcément claires au début.

Au final, l’affiliation des banques participatives à Maroclear ne pose aucun problème et les questions de séparation de leurs activités avec les activités de dépositaire existantes sont parfaitement maîtrisées.

L’autre question qui méritait d’être anticipée est liée à la nature des instruments participatifs qui seront émis sur le marché. Malgré leur spécificité, nous restons sur des types d’instruments classiques du genre action, obligation ou fonds, qui sont parfaitement gérables.

En tout état de cause, Maroclear dispose des fonctionnalités qui lui permettent d’accompagner favorablement le développement du marché de la finance participative.

 

F.N.H. : Maroclear est très impliqué dans les actions en faveur du développement durable. Comment voyez-vous le développement de la finance verte sur le marché marocain ?

 

F. B. : L’implication de Maroclear en faveur de l’environnement a toujours été très forte. Comme vous le savez, la dématérialisation est inscrite dans notre ADN et son impact écologique n’est pas négligeable. En plus des sociétés cotées en Bourse, nous avons pris l’initiative d’élargir la détention et la circulation électronique des titres aux sociétés non cotées, pour qu’un plus grand nombre d’entreprises puisse profiter des nombreux avantages de la dématérialisation.

Pour témoigner de notre engagement sociétal et environnemental, Maroclear s’est mis au niveau des meilleures pratiques en la matière. Cela nous a permis de faire partie de la liste relativement restreinte des institutions qui ont obtenu (et reconduit récemment) le label RSE de la CGEM, où le facteur respect et engagement envers l’environnement est déterminant.

 

F.N.H. : D'après-vous, la finance verte est-elle un luxe ou une réelle nécessité ?

 

F. B. : Pour ce qui est du développement de la finance verte sur le marché marocain, je voudrais d’abord commencer par être catégorique : il ne s’agit absolument pas d’un luxe.

Les crises qui frappent le monde ne sont pas simplement économiques et financières, elles sont aussi écologiques. Les inconvénients de l'approche classique du développement économique, qui met les revenus avant la protection de l'environnement sont particulièrement visibles. A titre d’exemple, le processus de développement de la Chine a été un succès extraordinaire.

Pourtant, il a également impliqué des niveaux mortels de pollution de l'air, ainsi qu’une contamination et une raréfaction importantes des ressources en terre et en eau.

Aussi, nous observons une meilleure prise en compte des risques écologiques dans les systèmes financiers. Avec 81 milliards de dollars émis en 2016, les obligations vertes sont devenues un phénomène mondial (le double des émissions de 2015). Mais cela est jugé encore insuffisant.

Pour faire face aux défis environnementaux auxquels le monde est confronté, il y aura besoin, selon les experts, d'un marché d'un billion de dollars par an d'ici 2020. Pendant ce temps, alors que l’Afrique est la plus vulnérable au changement climatique, elle ne reçoit que 4% des financements liés au climat. Dans la compétition mondiale qui s’engage aujourd’hui pour l’économie verte, le Maroc possède un potentiel important qui lui permet d’être parmi les leaders sur le continent africain dans plusieurs domaines : énergie, traitement de l’eau ou des déchets, efficacité énergétique, etc.

Avec un engagement fort de l’Etat et du privé dans l’optique d’une vision de développement à moyen et long terme, il est indéniable donc que le marché de la finance verte est appelé à se développer énormément au Maroc. ■

 

Propos recueillis par A.E

 

 

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