Le retour de l’inflation pénalise les placements peu rémunérateurs ou sans risque.
Certains placements permettent néanmoins de protéger votre épargne.
Par Y. Seddik
En pleine crise sanitaire, les Marocains ont accumulé des montagnes de cash. La multiplication des périodes de confinement et des mesures de restriction ont limité les possibilités de consommer. Résultat des courses : le patrimoine financier des ménages, qui mêle les dépôts bancaires, l'épargne retraite et les avoirs en Bourse a culminé à 876 milliards de DH, constitué dans sa grande proportion de dépôts bancaires (779 milliards de DH à fin février 2022), suivi des placements en assurance vie et des actifs sous forme de valeurs mobilières.
Il faut dire que les ménages marocains ont historiquement privilégié la détention des avoirs financiers liquides, de moindre risque et donc peu rémunérateurs. Les taux de rémunération des dépôts à terme à 6 mois ont enregistré, à fin février 2022, une hausse de 10 points de base pour s’établir à 2,12%, tandis que ceux à 12 mois ont diminué de 26 points de base pour atteindre 2,36%. Pour les comptes d’épargne, leur taux minimum de rémunération a été fixé à 1,05% pour le premier semestre 2022, soit une hausse de 2 points de base par rapport au semestre précédent. Des niveaux de taux ne permettant pas de neutraliser l’effet de l’inflation qui accélère de mois en mois (+3,6% étant le dernier taux d’inflation répertorié).
En effet, l'augmentation du prix des biens et des services a fait son grand retour au milieu de l'année 2021, avant de s’accélérer suite aux tensions entre la Russie et l’Ukraine. Non seulement l’inflation s'est véritablement installée dans le paysage macro-économique, mais elle tend en plus à s'intensifier et pose problème. Bank Al-Maghrib prévoit une inflation de 4,7% en 2022. De quoi ronger les économies des épargnants placées à faible taux.
Les placements recommandés
L’érosion de la valeur monétaire due à la hausse générale des prix fait qu’un placement dont le rendement est inférieur au taux de l’inflation ne rapporte plus rien. Il coûte même de l’argent, car le taux de rendement réel (taux de rendement du placement minoré du taux d’inflation) est négatif.
Pour protéger son épargne et espérer un gain supérieur à l’inflation, une prise de risque en capital s’avère incontournable. À ce titre, plusieurs placements peuvent être indiqués. Le premier vers lequel se tournent le plus souvent les épargnants est l'or. Valeur refuge par excellence, utilisée comme rempart historique contre l'inflation pour son côté tangible et son indépendance de toute monnaie, son cours tend à s'apprécier aussi vite, voire bien plus vite que l'augmentation des prix.
Pour ceux qui préfèrent miser sur l'or à travers des actifs financiers, il existe des fonds en or, à l’image de l’OPCVM Attijari Gold, qui permet de répliquer la performance du métal jaune en Dirham. Ce fonds affiche déjà une performance de 13% depuis le début d’année pour un encours de 40 MDH. Il profite notamment du regain de tensions à l'international et du retour de l’inflation. Notons que le fonds n'est pas éligible au PEA. Les particuliers sont imposés à hauteur de 20% sur les plus-values nettes réalisées avec retenue à la source.
Comme l’or, l’immobilier fait office de valeur refuge en tant qu’actif tangible dont la valorisation a tendance à augmenter en période inflationniste. L'immobilier locatif peut également être un placement judicieux en cas d'inflation, notamment via les OPCI. Toutefois, bien que permis par la loi, ce type d’investissement n’est pas encore ouvert au grand public. Tous les fonds agréés par l’AMMC sont des SPI-FRA, c’est-à-dire destinés aux investisseurs qualifiés.
Enfin, dégager des rendements avec une prise de risque plus marquée fait du marché des actions un terrain privilégié en période inflationniste. En revanche, cela s'adresse aux investisseurs aguerris, capables de lire les potentialités des entreprises à leur juste mesure, pour ne pas perdre leur investissement. Ainsi, pour profiter de la hausse des prix, l'investisseur en Bourse peut privilégier les valeurs à forte capacité d'augmentation de leurs prix (Pricing power), c'est-à-dire capables de répercuter l'inflation des coûts dans leurs prix de vente. Par contre, les valeurs défensives (consommation, BTP, banque…) qui ont du mal à ajuster leurs prix, et donc doivent supporter la hausse du coût de revient et la baisse de leur marge, pourront voir leurs cours pénalisés lors de périodes d'inflation.