Finances News Hebdo : Comment la BMCI accompagne-t-elle l’accélération du financement des énergies renouvelables au Maroc et quels types de projets privilégiez-vous ?

Ilham Harket : La BMCI s’est fixée comme ambition d’être une banque de référence de la place en termes de financement vert en accompagnant le tissu économique marocain dans son développement durable, et spécifiquement sur le volet de la transition énergétique. Cette ambition a bien été affichée lors de notre Sustainable Finance Forum tenu le 28 janvier dernier à Casablanca. Un évènement qui a eu un grand succès grâce à la conjugaison de plusieurs ingrédients : un contenu qui permet à la BMCI de se démarquer par sa démarche ESG intégrée dans son activité au quotidien, une ambition forte et claire d’être une banque de référence en la matière, un fort appui du Groupe BNP Paribas avec une expertise avérée dans l’engagement et la finance durable au niveau international. Et bien entendu, par la contribution active de représentants de haut niveau du Royaume tels que des ministres, des dirigeants, des experts et des porteurs de success stories en développement durable. Notre stratégie est axée sur une volonté d’apporter des solutions innovantes en tant que partenaires financiers de nos clients pour les accompagner dans leur transition juste et durable, toujours en visant de meilleures performances. Ainsi, nous sommes la première banque à avoir lancé, en partenariat avec la BERD (Banque européenne pour la reconstruction et le développement), la ligne GEFF III (Green Economy Financing Facility). Il s’agit d’une offre pour financer les investissements durables des entreprises dans principalement les énergies renouvelables, l’efficacité énergétique et les bâtiments verts, entre autres. Nous nous inscrivons dans la dynamique de la transition énergétique du Maroc en proposant des lignes de crédit dédiées aux projets bas carbone, comme les énergies renouvelables ou la transition vers l’efficacité énergétique.

F.N.H. : Comment intégrez-vous les critères ESG (Environnementaux, sociaux et de gouvernance) dans l’octroi de financements liés à la transition énergétique ?

I. H. : L’intégration des critères ESG est un pilier central de notre politique de financement. En tant que banque, BMCI intègre les enjeux ESG dans la gestion de risques et du portefeuille, dans le respect de politiques sectorielles et d’un ESG Assessment, et intègre l’objectif de l’alignement à la neutralité carbone dans la stratégie durable. En ce qui concerne les offres de financement liées à la transition énergétique et les critères ESG associés, nous sommes la première banque à signer une convention avec Ecovadis, une agence de notation ESG, partenaire du Groupe BNP Paribas. L’objectif de cette convention est de permettre à nos clients de bénéficier d’un rating ESG des experts de Ecovadis servant de base d’un financement à impact. En effet, les clients peuvent bonifier leur taux sur la base d’une évolution du rating convenu au début du crédit. Nous sommes également la première banque de la place à avoir lancé le financement à impact : Sustainability Linked Loan. Il s’agit d’un financement personnalisé qui permet de bonifier le taux d’intérêt par l’atteinte d’objectifs ESG coconstruits par nos experts ESG avec le client, un moyen innovant de financer des projets tout en améliorant leur rentabilité et leur impact sur l’environnement et/ou la société.

F.N.H. : La règlementation bancaire évolue rapidement pour encourager la finance verte. Comment la BMCI anticipe-t-elle ces nouvelles exigences et adapte-t-elle ses offres ?

I. H. : A la BMCI, nous suivons de près l’évolution règlementaire en matière de finance verte et nous nous y adaptons proactivement. Nous procédons en continu au renforcement des compétences de nos équipes en finance durable. Nous collaborons étroitement avec les régulateurs, la Banque centrale et notre maison-mère BNP Paribas pour assurer une mise en conformité efficace. Nous avons mis en place une gouvernance dédiée à la finance durable qui couvre notamment la conformité à ces deux directives BAM. Ces directives sont structurantes pour la place puisqu’elles permettent une harmonisation à terme des pratiques ESG des banques vis-à-vis des clients, dont la maturité sur ces sujets est disparate. Aussi, notre appartenance à un groupe tel que BNP Paribas nous permet de profiter de son expertise et de ses pratiques avancées en termes de respect de la réglementation de la finance verte. Plusieurs démarches du Groupe sont d’ores et déjà déployées au niveau local, que ce soit sur le volet de gestion des risques ESG ou sur le volet de proposition d’offres de financements à impact à nos clients. Nous comptons continuer de bénéficier de cet appui considérable pour avancer dans la conformité aux nouvelles directives aux standards internationaux. Sur un plan purement local, nous nous sommes fixés une ambition forte d’accompagner le tissu économique marocain avec des offres pour un développement durable.

F.N.H. : Bank Al-Maghrib a récemment publié la directive n°2/W/2025, imposant aux banques un cadre strict de collecte et de reporting sur les risques climatiques des grands emprunteurs. Comment la BMCI s’y adapte-t-elle et quels impacts anticipez-vous sur votre stratégie de financement de la transition énergétique ?

I. H. : La directive n°2/W/2025 marque une avancée majeure dans l’intégration des risques climatiques dans le secteur bancaire, affirmant l'engagement dans la lutte contre les défis climatiques. Pour s’y conformer, la BMCI a lancé une gouvernance interne pour mettre en place un dispositif de collecte et d’analyse des données environnementales de ses clients grands emprunteurs afin d’évaluer leur exposition aux risques physiques et de transition. En parallèle, nous travaillons avec nos clients pour les sensibiliser et les accompagner dans leur propre transformation, en leur proposant des solutions adaptées et des financements conditionnés à des engagements ESG clairs. Cette évolution réglementaire va permettre une meilleure identification des projets alignés avec les objectifs ESG du Maroc et de la BMCI et de renforcer notre engagement en faveur d’un avenir plus durable. A travers ces actions, BMCI ne se limite pas à une simple mise en conformité, mais cherche à jouer un rôle moteur dans la transition vers une économie plus durable, en adoptant une approche proactive qui allie exigence réglementaire et opportunités de financement responsables.

F.N.H. : Avec des investissements estimés à 100 milliards de dollars entre 2025 et 2030, dont une partie dédiée aux infrastructures énergétiques, comment la BMCI positionnet-elle son offre pour accompagner ces financements ?

I. H. : Consciente des enjeux stratégiques liés au développement des énergies renouvelables, à la décarbonation et à la modernisation des infrastructures, BMCI se positionne comme un acteur clé dans la transition énergétique au Maroc. Nous avons structuré une offre de financement et d’accompagnement adaptée aux besoins de nos clients, et nous mobilisons des ressources financières à travers des partenariats avec des bailleurs de fonds comme la BERD, afin de proposer des conditions de financement avantageuses pour les projets durables. Grâce à cette approche, la BMCI ambitionne de soutenir activement les acteurs engagés dans la transition énergétique au Maroc, en alignant ses financements avec les objectifs de décarbonation et de souveraineté énergétique du pays.