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Credit Bureau : Plus de Data, plus d’inclusion financière

Credit Bureau : Plus de Data, plus d’inclusion financière

 

L’Etat serait bien inspiré de ratifier rapidement la réforme des Credit Bureau.

Dans les pays où un maillage de la data a été possible grâce aux lois mises en place, le Credit Bureau a été un catalyseur du crédit et de l’inclusion financière.

 

Par A.E

 

Depuis le discours royal du 11 octobre qui a «exhorté» les banques à fournir des efforts supplémentaires pour financer les jeunes diplômés, les autoentrepreneurs, les TPME, et plus généralement tous ceux qui éprouvent des difficultés à accéder au crédit, les établissements de crédit sont sur le pied de guerre.  En interne, les banques se mobilisent pour élaborer, dans des délais assez courts, leur feuille de route.

L’Etat n’est pas en reste, et a déjà apporté une réponse à l’appel royal en annonçant le lancement, dès le 1er janvier 2020, d’un «Fonds d’appui au financement de l’entrepreneuriat» doté de 6 milliards de DH sur 3 ans, cofinancé à parts égales par les banques et le Budget général de l’Etat.

L’Etat doit également faire passer prochainement une série de textes législatifs à même de faciliter l’accès au crédit, comme celui sur les sûretés mobilières, qui va élargir le spectre des garanties aux biens mobiliers.

Mais pour que le dispositif soit complet, l’Etat serait aussi bien inspiré de ratifier, dans les plus brefs délais, la réforme des Credit Bureau.

 

Une loi qui tarde à voir le jour

Le Maroc compte à ce jour deux Credit Bureau : Creditinfo et Quantik. Les deux entités se sont vues confier par la Banque centrale la gestion de sa centrale des risques. La consultation du Crédit Bureau avant tout octroi de crédit est devenue obligatoire pour les établissements de crédit.

Conçus sur la base des informations transmises par les banques tous les mois, les rapports de solvabilité (produits phares d’un Crédit Bureau) permettent de combler l’asymétrie d’information entre prêteur et emprunteur.

Problème : les Credit Bureau au Maroc se limitent, pour le moment, à l’information financière émanant des établissements de crédit de la place, dans le cadre strict de la convention de Bank Al-Maghrib.

La collecte de données issues de sources alternatives d’informations (opérateurs téléphoniques, régies d’eau et d’électricité, etc.) n’est pas encore autorisée. Un projet de loi, insufflé par Bank Al-Maghrib pour réglementer le cadre de cet échange de données, attend toujours d’être adopté.

 

La data, nerf de la guerre

L’élargissement aux données alternatives permettrait aux au Credit Bureau de concevoir des produits encore plus précis pour les institutions bancaires, et partant, d’être un catalyseur du crédit et de l’inclusion financière, surtout pour les populations qui ne disposent pas d’historiques, comme c’est le cas des populations non bancarisées.

«Pour les TPE et autoentrepreneurs, seul un accès plus large à la data nous permettra de donner de la visibilité sur leur comportement futur», explique Yacine Faqir, Directeur général de Quantik.

Dans les pays où un maillage de la data a été possible grâce aux lois mises en place, et où les opérateurs jouent pleinement le rôle du partage de la data, «le Credit Bureau a été un catalyseur du crédit et de l’inclusion financière», souligne notre interlocuteur. 

Même son de cloche du côté de Creditinfo : «Les solutions de Big data seront de plus en plus sollicitées pour recueillir et analyser des données autres que financières, de type qualitatives ou comportementales», estime Sidi Mohamed Abouchikhi, Directeur général de Creditinfo Maroc.

La disponibilité de ce type d’information, couplée à des outils numériques de pointe et des algorithmes, donnera la possibilité aux établissements de financement de s’ouvrir, avec moins d’appréhension, sur une nouvelle clientèle.

 

Un point faible du Doing Business

Pour se convaincre de l’importance du rôle joué par les Credit Bureau dans la facilitation de l’accès au financement, il faut regarder de plus près le dernier rapport Doing Business de la Banque mondiale.

Si le Maroc a fait des progrès importants dans certains domaines (protection des minoritaires, simplification des procédures administratives, etc.), il reste à la traîne en matière d’obtention de prêts. Sur ce critère précisément, le Maroc n’occupe que la 119ème place mondiale, avec un score de 45.

Parmi les indicateurs qui entrent dans le calcul de ce score, figure la couverture des Credit Bureau. Cet indicateur rend compte du nombre d'individus et d'entreprises enregistrés par un registre centralisé privé d'information sur le crédit. Celui-ci dispose de renseignements sur leurs antécédents de crédit au cours des 5 dernières années. Au Maroc, ce taux de couverture est de 31%, alors qu’il est de 66% dans les pays de l’OCDE.

La réforme attendue des Credit Bureau serait justement susceptible d’améliorer sensiblement le positionnement du Maroc dans le classement Doing Business sur cette question. Charge au gouvernement de hâter le pas.

«Avec le discours sans équivoque du Roi, nous sommes confiants que le gouvernement ratifiera bientôt la loi relative au Credit Bureau», espère le patron de Quantik Maroc. ◆

 

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