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Assurances : L’Afrique pèse seulement 1,4% du marché mondial

Assurances : L’Afrique pèse seulement 1,4% du marché mondial

 

Sur les 5.000 Mds de dollars du marché mondial des assurances, l’Afrique ne génère que 67 Mds de dollars.

Le profil des assureurs africains, l’atomisation des acteurs, le manque d’intégration des marchés financiers sont autant de freins à l’émergence d’acteurs régionaux.

 

En raison des importants fonds collectés, les compagnies d’assurances constituent des acteurs-clefs des marchés financiers. Le placement des fonds collectés se matérialise par l’achat de titres émis par les entreprises, créatrices de valeur et génératrices d’emplois, en quête de financement. C’est dire la centralité du secteur des assurances pour le développement économique, social, voire environnemental.

Force est de constater que sur le continent africain, le secteur des assurances ne joue pas encore pleinement ce rôle, notamment à cause de sa taille qui reste relativement modeste.

Il faut savoir en effet qu’à l’échelle mondiale, le marché des assurances pèse près de 5.000 Mds de dollars, avec une large représentativité des pays développés, notamment ceux issus de l’Europe de l’Ouest, de l’Amérique du Nord et de l’Asie. L’Afrique qui abrite pourtant 16% de la population mondiale, ne représente que 1,4% du marché mondial des assurances, soit 67 Mds de dollars.

Ce faible poids du continent en matière assurancielle est lié à une kyrielle de facteurs, dont la prédominance des faibles revenus et la petite taille de l’économie africaine (2,8% du PIB mondial). Les principales caractéristiques du marché africain des assurances, ses faiblesses ainsi que le potentiel de progression de celui-ci, ont été décortiqués par Hassan Boubrik, président de l’Autorité de contrôle des assurances et de la prévoyance sociale (ACAPS), lors de la quatrième édition du Meeting portant sur l’information financière, placée sous le thème : «Intégration économique et convergence des marchés financiers en Afrique».

 

Un marché dominé par l’Afrique du Sud

«L’Afrique du Sud s’accapare près de 72% du marché des assurances à l’échelle continentale, ce qui représente un peu plus de 48 Mds de dollars», révèle Hassan Boubrik, qui n’a pas manqué de rappeler que le Maroc s’en sort plutôt bien. Le Royaume arrive en deuxième position après l’Afrique du Sud avec une part de 6%, soit 4 Mds de dollars. Le Kenya et l’Egypte pèsent respectivement 2 et 1,6 Mds de dollars.

La taille du marché marocain des assurances est supérieure à celle d’autres pays qui ont une économie plus importante que celle du Royaume (Egypte, Nigéria, Algérie). C’est dire le dynamisme du secteur et la bonne performance des acteurs marocains.

L’analyse faite par le patron de l’ACAPS est riche d’enseignements dans la mesure où celle-ci a mis en exergue les subtilités du marché africain. En effet, l’Afrique du Sud qui ne s’accapare que 1,5% du PIB africain, est surreprésentée à l’échelle continentale en matière d’assurance. «Ce pays qui a un revenu par habitant élevé par rapport au Maroc, a une grande tradition de l’assurance par laquelle passe la plus grosse partie de la prévoyance», précise Boubrik.

Par ailleurs, le taux de pénétration des assurances (primes émises sur/PIB) dont la moyenne tourne autour de 3% pour le continent (contre 10% pour les pays industrialisés) témoigne de la grande marge de progression et du potentiel de croissance du secteur, qui recèle plusieurs opportunités (progression démographique, augmentation de la classe moyenne, hausse des besoins en infrastructures, etc.).

 A noter que le potentiel de croissance de l’assurance vie en Afrique en lien avec le développement de la bancarisation et des produits d’épargne, est d’autant plus important que l’assurance vie ne représente que 35% de la structure du marché contre 54% à l’échelle mondiale. L’autre tendance de bon augure pour l’activité est l’autonomie et la montée en compétence des régulateurs africains. ■

 

Un marché atomisé

Au-delà des risques macroéconomiques qui pèsent sur certaines économies africaines et susceptibles d’impacter le secteur des assurances au niveau continental à moyen terme, à travers la remise en cause de certains grands projets d’investissement, le profil des assureurs et la pléthore des acteurs constituent une source de fragilités pour le patron de l’ACAPS.

«Le marché de la Conférence interafricaine des marchés d'assurance (CIMA), composé de 14 pays d’Afrique francophone et qui pèse 1,8 Md de dollars, abrite près de 180 acteurs», souligne Boubrik, qui note que le marché marocain, qui fait le double de celui de la CIMA, ne compte qu’une vingtaine de compagnies d’assurances.

La surabondance des compagnies d’assurances constitue un frein à l’amélioration du volume d’activité, avec des conséquences sur les investissements et le développement des plateformes informatiques.

«Il y aura certainement beaucoup de casses à l’avenir. Ce qui va se matérialiser soit par des consolidations et/ou des liquidations beaucoup plus complexes à mettre en œuvre», avertit le président de l’ACAPS. Ce dernier prône l’encouragement de l’émergence d’acteurs de moyenne ou grande taille, à l’instar du Groupe sud-africain Sanlam (plus de 17 Mds de dollars de chiffres d’affaires en 2017), qui a racheté la compagnie d’assurances Saham, ou du groupe Sunu. «Il faut favoriser l’émergence d’acteurs régionaux par l’intégration des marchés financiers et la convergence de la réglementation», recommande le président de l’ACAPS.

 

par M. Diao

 

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